72 auteurs d’abus chez les frères de St-Jean
Une des annexes du volumineux rapport d’enquête sur les abus sein de la communauté des Frères de Saint-Jean, publié le 26 juin 2023, livre la statistique détaillée des auteurs d’abus et de la nature des actes commis qui vont de paroles déplacées au viol sur mineur. 8% des membres de la congrégation sont concernés.
Si l’on prend pour base le nombre de 871 frères ayant fait profession dans la Congrégation Saint-Jean depuis sa fondation en 1975, les 72 frères ayant commis des abus sexuels représentent 8,26% de toute la communauté. Sur 390 frères prêtres, 52 ont commis des abus sexuels, soit 13,33 %.
Sur les 72 auteurs d’abus sexuels, 40 ont abusé d’une seule personne, 14 de 2 personnes, 7 de 3 personnes, 11 de 4 personnes ou plus.
Parmi les victimes, les femmes et les religieuses en majorité
La répartition des 167 victimes de frères de Saint-Jean est la suivante : 30 religieuses, 69 femmes laïques, 14 jeunes filles âgées de 15 à 18 ans, 15 filles âgées de moins de 15 ans, 17 frères, 7 hommes laïcs, 5 jeunes hommes âgés de 15 à 18 ans et enfin 10 garçons de moins de 15 ans.
Parmi les 72 frères, 9 ont commis des abus sur des mineurs de moins de 15 ans, 12 sur des mineurs âgés de 15 à 18 ans et 51 sur des personnes majeures uniquement.
La nature des actes se répartit en quatre catégories: Paroles de sollicitation ou de harcèlement constituent une petite minorité des cas répertoriés. Les gestes déplacés (baisers, caresses sur le corps y compris les seins), les actes génitaux (attouchements génitaux, masturbations) et les viols (fellation, pénétration anale ou vaginale) se répartissent en nombres plus ou moins égaux.
Les justifications invoquées
Les informations sur les justifications sont très incomplètes. La part des justifications d’ordre érotico-mystique (17%) est légèrement inférieure à celle des justifications basées sur l’amitié (22%). Dans 9% des cas, d’autres justifications ont été rapportées. Dans 21% des cas, les actes n’ont pas été justifiés. Enfin, dans 30% des cas, les enquêteurs ne disposent d’aucune information à propos de justifications.
Les sanctions
Sur les 72 frères ayant commis des abus: 35 sont sortis de la Congrégation, 37 y sont resté et 3 sont décédés. 6 abuseurs ont été condamnés par un tribunal civil. 10 enquêtes sont encore en cours, et au moins 12 plaintes ont été classées sans suite.
18 auteurs ont été reconnus coupables lors d’une procédure canonique. 6 prêtres ont été renvoyés de l’état clérical. 12 ont reçu une peine temporaire. 7 frères ont demandé à quitter l’état clérical et la vie religieuse, cela a alors mis un terme à la procédure canonique. 7 procédures canoniques sont encore en cours. 4 frères ont été renvoyés de la Congrégation. 21 ont fait l’objet d’une sanction disciplinaire.
Le total est supérieur à 72, puisqu’un même frère peut être concerné par différents points.
37 frères encore membres de la congrégation sous sanctions
5 procédures canoniques sont en cours, aux termes desquelles certains de ces frères pourraient être renvoyés. Ces frères sont sous le coup de mesures conservatoires qui limitent leurs activités pour la durée de la procédure. 2 frères ont été renvoyés de l’état clérical et n’exercent plus aucun ministère.
10 frères ont été condamnés à une peine temporaire au terme d’une procédure canonique, comme la privation ou la limitation du droit de célébrer l’eucharistie, de confesser, d’avoir un ministère auprès des mineurs, de prêcher, de faire de l’accompagnement spirituel, d’enseigner, de publier, d’exercer une charge de gouvernement, etc. Pour une durée de 3 à 10 ans.
18 frères ont reçu une sanction disciplinaire, infligée par le prieur général ou par un évêque, sans qu’ait été intenté un procès pénal à leur encontre. La plupart de ces frères ont dû aussi entreprendre une thérapie. 2 frères ont été réprimandés par le prieur général pour des actes moins graves. (cath.ch/com/mp)