Afrique du Nord: Des intellectuels s’élèvent contre «l’horreur» des extrémistes musulmans

Tunis, 16 janvier 2015 (Apic) Un groupe de 67 intellectuels (universitaires, chercheurs, journalistes, etc) hommes et femmes d’Afrique du Nord appelle à «une réaction ferme et définitive» contre «l’horreur et l’innommable» des extrémistes musulmans, en Syrie, en Irak, en Tunisie, en Libye, et maintenant en France. ” Ces groupes islamistes commettent leurs actes «au nom de l’Islam, ou d’une certaine lecture de l’Islam», précisent-ils.

Dans une déclaration publiée par le quotidien tunisien «La Presse» du 13 janvier, les intellectuels, issus d’Algérie, de Tunisie et du Maroc, ont décidé d’agir, «non pas en huis clos comme c’est souvent le cas pour ce type de débat, mais publiquement», à travers un certain nombre de démarches, «de manière participative et concertée», à commencer par la publication de leur déclaration, ensuite par la formation d’un réseau et d’autres actions.

Dans leur texte, ils précisent s’exprimer «non pas contre l’Islam, mais contre certains médias publics, contre des programmes scolaires, des prêches de mosquées et des émissions TV, complices (…) de cette lecture radicale qui a pris le dessus (…) sur l’essence même et les valeurs humanistes que véhicule l’Islam».

Une mise à niveau de l’éducation, de la culture et de la religion

La déclaration qui a pris la forme d’une pétition, insiste sur la volonté des initiateurs, de construire un projet de société avec à la tête, un Etat moderne, dans lequel les libertés individuelles sont scrupuleusement respectées. Ils appellent à «une mise à niveau» de l’éducation, du champ culturel et du champ religieux.

Tout en réaffirmant et revendiquant leur appartenance «au monde islamique», ils soulignent que leur déclaration «ne s’érige pas contre l’Islam, mais contre une certaine lecture de l’Islam originelle et authentique». «C’est au nom de cette pureté première, que les libertés sont brimées, que les hommes sont assassinés», dénoncent-ils, tout en estimant qu’il est «temps de réagir».

Selon les intellectuels nord-africains, le monde est en train de vivre «une guerre déclenchée par des individus et des groupes» qui se réclament de l’Islam. En Syrie, en Irak, en Libye, en Tunisie, au Nigeria, en France, etc., cette guerre est la même. Elle est conduite au nom d’une «certaine lecture de l’Islam». «Elle nous interpelle tous, nous, laïcs issus du monde islamique. Il est de notre responsabilité d’agir et de nous opposer à tout ce qui l’alimente».

Ils en appellent à «des réformes», devenues «indispensables dans le monde musulman pour contrer cette guerre». «La citoyenneté, l’égalité, la liberté de conscience, l’État de droit et les droits humains sont des antidotes indispensables», estiment-ils.

Combattre toute forme de radicalisation

«Les troupes ennemies qui mènent cette guerre mondiale ne sont pas constituées de simples égarés mais de combattants fanatisés et déterminés», poursuivent-ils, ajoutant que ces combattants sont «nourris par des textes islamiques qui appellent à la violence». «Nous avons la responsabilité de combattre l’activation de ce corpus et de tous les processus qui y conduisent», indiquent-ils, tout en plaidant pour une criminalisation de tous les discours ou entreprises visant à encourager ou à promouvoir les radicalisations, la haine, et le racisme. Les programmes scolaires et les discours des médias publics, ainsi que les prêches des mosquées doivent être conformes aux idéaux universels de la liberté de conscience et des droits individuels, font-ils remarquer, tout en rappelant «qu’il n’existe pas de religion supérieure à une autre, l’humanité étant une et indivisible».

En conclusion, chacun des intellectuels hommes et femmes, signataires de la déclaration, s’engage «à militer pour la primauté du droit, des droits humains et de la citoyenneté». (apic/lp/ibc/bb)

16 janvier 2015 | 10:27
par Bernard Bovigny
Temps de lecture: env. 2 min.
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