Amazonie: les évêques dénoncent un projet de loi destructeur

Plus de 60 évêques œuvrant en Amazonie ont envoyé au Sénat brésilien une lettre recommandant le retrait d’un projet de loi menaçant d’aggraver encore la déforestation et la situation des peuples indigènes.

Un projet de loi sur la régularisation des exploitations illégales de terres publiques fait craindre une aggravation, au Brésil, de la déforestation et des conflits agraires, en particulier en Amazonie. Le projet de loi en question changerait les règles, permettant aux terres fédérales illégalement déboisées de devenir des propriétés privées. Fin avril 2021, plusieurs tribus indigènes ont manifesté dans la capitale Brasilia contre le texte.

L’Eglise au front pour l’Amazonie

Soixante évêques catholiques d’Amazonie se sont unis pour demander au gouvernement brésilien de revenir sur ce projet de loi, rapporte le 10 mai le média américain Catholic News Service (CNS). «L’accaparement des terres est responsable d’un tiers de la déforestation au Brésil, en plus de favoriser la violence», affirment les évêques dans leur lettre. Ils ajoutent que «l’approbation d’un tel projet profiterait aux grands envahisseurs de terres et aux spéculateurs.»

La discussion au Sénat brésilien, début mai, est intervenue quelques jours seulement après que le gouvernement fédéral brésilien a déclaré ses intentions de préserver l’Amazonie, lors du Sommet international sur le climat convoqué par les États-Unis. «Les yeux du monde observent la politique environnementale du Brésil. Nous courons le risque de faire passer une énième loi contre les soins et les projets de sauvegarde de l’environnement», ont averti les évêques. Ils ont noté que le Synode des évêques pour l’Amazonie, en automne 2019, a placé l’Eglise comme l’une des principales institutions de défense de l’Amazonie et de ses peuples.

Niveau de déforestation record

«L’Eglise en Amazonie, guidée par les principes de l’Évangile et inspirée par l’encyclique Laudato si’ du pape François, et dans la perspective de l’écologie intégrale, cherche à dialoguer avec la société pour la défense des intérêts des plus pauvres, la justice sociale et la préservation de l’environnement», ont rappelé les prélats brésiliens.

Au cours des deux dernières années, sous le mandat du président Jair Bolsonaro, la déforestation a atteint les niveaux les plus élevés depuis 12 ans. (cath.ch/rz)