Argentine: l'Eglise ouvre ses archives de la période de la dictature

La Conférence épiscopale Argentine (CEA) a annoncé le 18 mai 2017 qu’elle établit un protocole pour que les proches des personnes disparues durant la dictature puissent consulter les archives de l’Eglise catholique de cette époque.

De très nombreuse pétitions envoyées aux autorités de l’Eglise catholique ont décidé la Conférence épiscopale à rendre accessibles les archives couvrant les années de la dictature, de 1976 à 1983. Les revendications pour connaître le sort des personnes détenues et disparues durant ces années se sont multipliées. L’autre objectif de l’Eglise, plus politique, est de revendiquer la gestion de ces documents sensibles convoités par les militaires.

La décision a été prise après la numérisation de 3’000 lettres et documents conservés dans les locaux de la Conférence des évêques, à la Nonciature apostolique et au Secrétariat d’Etat à Santa Fé.

Des recherches sous conditions

«Avec cette décision, nous offrons aux victimes aux proches des personnes disparues, ou détenues, la possibilité d’accéder à des informations importantes», souligne l’épiscopat dans un communiqué de presse. Il ajoute que les autorités religieuses pourront également consulter ces archives dans le cadre de recherches sur des religieux et des prêtres.

Il est également précisé que la consultation sera soumise à l’accord des autorités religieuses en charge de la gestion de documents: les personnes souhaitant consulter des archives ne pourront procéder à des recherches que sur elles-mêmes ou sur leurs proches disparus. De quoi frustrer les organisations des droits humains, partagées entre le geste d’ouverture de l’Eglise et les limites que fixe cette dernière.

«L’Eglise n’a pas peur»

Alors que le rôle de l’Eglise pendant la dictature dans le pays fait toujours l’objet de controverses, Mgr Mario Aurelio Poli, Archevêque de Buenos Aires et vice-président de Conférence épiscopale argentine (CEA) a affirmé que  »l’Eglise (n’avait) pas peur de l’ouverture des archives liées à la dictature militaire». Il a également soutenu que la décision de mettre ces documents à la disposition des victimes et de leurs familles représentait «un service à la patrie pour la réconciliation des Argentins». (cath.ch/jcg/bh)

Vue du palais présidentiel avec une banderole à la mémoire des personnes disparues pendant la dictature.
19 mai 2017 | 16:29
par Bernard Hallet
Temps de lecture: env. 1 min.
Partagez!