Assemblée générale de l'ACSP à Baden Melchior Etlin et Markus Vögtlin | © Jacques Berset
Suisse

Association Catholique pour la Presse: la disparition du Giornale del Popolo, une «catastrophe»

L’Association Catholique Suisse pour la Presse (ACSP), siégeant en assemblée générale à Baden le 8 juin 2018, a vivement déploré la disparition du dernier quotidien catholique de Suisse, le Giornale del Popolo. Le tribunal de première instance de Lugano a en effet déclaré le 5 juin 2018 la faillite de la Nouvelle Société Editrice Giornale del Popolo S.A. Massagno.  

Le vice-président de l’ACSP, Christoph Fink, président de l’Association Catholique pour la Presse d’Olten, a qualifié la disparition du GdP de «véritable catastrophe». Il a expliqué que la cause première de la fin du quotidien tessinois édité par l’évêque de Lugano, 92 ans après sa première édition, était la faillite de Publicitas.

Exprimant sa solidarité avec le personnel du GdP laissé sur le carreau sans plan social, il a regretté que l’éditeur, en l’occurrence l’évêque de Lugano, n’ait pas trouvé de meilleures solutions pour ses employés désormais au chômage. Le président de l’ACSP, Markus Vögtlin, a souligné que la décision abrupte de fermer le journal avait été une surprise pour son association: «On ne savait pas que c’était aussi grave, et on ne sait pas encore si cela aura des conséquences négatives pour le site en ligne catt.ch, le site d’information catholique suisse en langue italienne».

Une situation de plus en plus fragile

La bonne douzaine de participants à l’assemblée générale de l’ACSP, dont le but premier est de «promouvoir le travail des médias catholiques en Suisse dans une ouverture œcuménique», a pris connaissance de la situation fragile de cette association née en 1917 et qui a fêté son centenaire l’an dernier. Ce Jubilé a été l’occasion de publier un ouvrage commémoratif de plus de 100 pages, intitulé «100 ans – Association Catholique Suisse pour la Presse – présentant une rétrospective et des perspectives pour le travail médiatique catholique.

La vieille-ville de Baden dominée par le clocher de l’église catholique Maria Himmelfahrt | © Jacques Berset

100 ans après la fondation de l’ACSP, à une époque où la presse écrite était quasiment sans concurrence sur le marché de l’information et de la propagation des messages politiques et idéologiques, la situation actuelle est bien différente. Les médias catholiques se font rares «et ne tournent pas tout seuls sous l’action de la grâce divine», relève Markus Vögtlin. La totalité des quotidiens catholiques ayant soit disparu, soit été fusionnés et intégrés dans des groupes de presse n’ayant plus d’identité catholique.

Ainsi, l’ACSP, qui assure la production des pages religieuses hebdomadaires de Christ und Welt (le chrétien et le monde), a encore perdu l’an dernier un autre journal qui publiait ce supplément du week-end mis à disposition des journaux de langue allemande. En effet, l’Oltner Tagblatt étant désormais intégré au groupe AZ Zeitungen AG ne publie plus Christ und Welt depuis l’automne dernier. Le supplément n’est plus désormais publié que par la Neue Luzerner Zeitung et ses éditions régionales (Zoug, Uri, Obwald, Nidwald).

A la recherche d’alternatives

L’ACSP comptait encore environ 2’300 membres en l’an 2000, mais peinait déjà à en recruter de nouveaux, sans pouvoir compenser le vieillissement de ses membres. Cette association, née dans une réalité socio-politique et religieuse très différente de celle d’aujourd’hui, doit impérativement se renouveler. «Nos membres sont très fidèles, mais chaque année, nous perdons une cinquantaine de membres. Nous ne sommes actuellement plus que 600. Le comité planche sur des alternatives…», note Melchior Etlin, administrateur de l’ACSP. Le comité réfléchit à un nouveau cahier des charges de son administrateur et aux solutions possibles (restructuration, nouvelles sources de financements, fundrising, recherche de nouveaux membres, sponsors, soutien d’Eglises cantonales, etc.)

Les finances disponibles fondent inexorablement

En effet, selon le comité, il ne reste plus actuellement que 40’000 francs de fonds propres. «Nous pouvons encore vivre sur la même lancée pendant 10 ans, mais ce n’est pas la solution, estiment de concert Christoph Fink et Markus Vögtlin, et le comité réfléchit au futur de l’association. Il note en particulier le besoin de formation continue pour les journalistes catholiques et organisera dans ce sens un séminaire cet automne.

L’association avait encore un capital propre de près de 76’000 francs à la fin 2017 (dont quelque 53’000 francs du Fonds spécial provenant de la dissolution de la coopérative Apic-Kipa, l’agence de presse bilingue désormais intégrée aux centres de presse catholiques de Lausanne et de Zurich), mais les factures pour le livre du centenaire sont arrivées en janvier 2018.

Volonté de trouver des solutions

Cet ouvrage, envoyé gratuitement aux membres et sympathisants, a coûté 46’000 francs, dont 26’500 francs ont été couverts par des sponsors, soit des entreprises privées, une fondation, la Conférence des évêques suisses, des Eglises cantonales, la Mission Intérieure, ou encore l’œuvre d’entraide Aide à l’Eglise en Détresse (AED/ACN). En tout, le montant investi pour le Jubilé des 100 ans de l’ACSP se monte à 70’000 francs.

Pour le président Vögtlin, la célébration du centenaire a été une grande réussite, «et malgré nos soucis pour l’avenir, nous avons la volonté de trouver des solutions et le comité travaille dans ce sens !» (cath.ch)

 

Assemblée générale de l'ACSP à Baden Melchior Etlin et Markus Vögtlin | © Jacques Berset
9 juin 2018 | 00:53
par Jacques Berset
Temps de lecture: env. 3 min.
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