Scènes de détresses lors des funérailles des victimes de l'attaque de Mar Mina, en Egypte | © dpa Aly Fahim/Keystone
International

Attaque antichrétienne en Egypte: le bilan monte à 10 morts

Des centaines d’hommes et de femmes en colère et en sanglots, avec des dizaines d’évêques, de prêtres et de religieux. Parfois des cris de douleurs qui interrompent la récitation des prières et la lecture de l’Evangile. Une scène déjà vue maintes fois en Egypte en 2017.

Le 29 décembre 2017 au soir, l’évêché copte-orthodoxe de Hélouan a enterré 8 de ses fidèles tués dans une fusillade à l’entrée de l’église Mar Mina (Saint Ménas), dans la banlieue du même nom, à environ 30 km au sud de la capitale égyptienne Le Caire.

L’attentat a été revendiqué par le groupe djihadiste Etat islamique (EI). Le matin du 29 décembre, deux hommes cagoulés ont ouvert le feu avec des armes automatiques à proximité de l’église. Les lieux étaient bondés de fidèles venus assister à la messe du vendredi.

Les terroristes ont commencé par attaquer un commerce, propriété de deux frères coptes. Après avoir abattu les propriétaires, les assaillants se sont dirigés vers l’entrée de l’église, où ils ont tué 6 autres fidèles, dont trois femmes. Deux agents de police chargés de sécuriser l’église les avaient repérés et ont essayé de les stopper, mais ils ont eux aussi été tués.

En tout, la fusillade a coûté la vie à deux commerçants, 6 fidèles et deux policiers. Cinq autres personnes ont été grièvement blessées. Deux engins explosifs ont pu être désamorcés devant l’église par des experts de la sécurité.

Secours des musulmans

Le Père Andraos Azmi, curé de l’église Mar Mina, confirme que les assaillants ont tué les agents de police chargés de sécuriser l’église. Il précise qu’une telle protection est habituelle pendant cette période de fêtes de fin d’année et de Noël. Les terroristes ont essayé ensuite de pénétrer à l’intérieur de l’église, «mais nous avons très vite fermé ses portes», explique le prêtre. Malgré cela, ils ont pu tuer quelques fidèles qui se trouvaient à l’entrée de l’édifice.

Un autre curé, le Père Antonio Daniel, a tenu à saluer le rôle de l’imam de la mosquée d’en face, qui a annoncé dans son micro que l’église était attaquée et qu’il fallait la sauver. Il a demandé à ses fidèles de sortir pour secourir leurs frères coptes. Tout le monde s’accorde à dire que sans l’intervention du Père Azmi et de l’imam, le bilan de l’attaque aurait été beaucoup plus lourd.

Encore de l’espoir dans le pays

«Les musulmans ne sont pas tous des terroristes. Les agents de la sécurité ont perdu leur vie en défendant l’église», a commenté John Abdel-Messih, un témoin copte de l’attaque. Il confirme que des musulmans ont en fait arrêté l’un des terroristes, et que plusieurs d’entre eux ont fait des dons de sang dans les hôpitaux qui ont soigné les blessés. «Il y a encore de l’espoir dans ce pays», conclut-il. (cath.ch/ll/rz)


2016-2017… Années sanglantes

Depuis les révolutions du Printemps arabe, en 2011, les coptes, chrétiens d’Egypte, ont été la cible d’attaques meurtrières de la part des groupes islamistes: Frères musulmans, salafistes, Etat islamique (Daech) et les membres de Wilayet Sinaï, branche égyptienne de Daech, implantée dans la Péninsule du Sinaï.

A part la fusillade de Mar Mina, d’autres actes antichrétiens se sont récemment déroulés en Egypte. Le 22 décembre, 5’000 manifestants musulmans se sont dirigés vers une petite église dans la banlieue de Gizeh, avec la volonté de détruire l’édifice. En criant des slogans antichrétiens, les émeutiers ont profané l’église avant que les forces de sécurité puissent les disperser.

Le 26 mai 2017, un bus transportant des pèlerins chrétiens en visite au monastère de l’Amba Samuel, dans le désert occidental, a été attaqué par des terroristes qui ont tué au moins 28 personnes, et blessé 22 autres.

Le jour du Dimanche des Rameaux, deux églises d’Alexandrie et de Tanta, dans le nord de l’Egypte, ont été la cible d’attentats à la bombe. 43 personnes y ont trouvé la mort.

En février 2017, des centaines de coptes ont du fuir les violences perpétrées par les combattants de Wilayet Sinaï, à Al-Arich, dans le nord du Sinaï. Les djihadistes y ont tué 7 chrétiens en l’espace de 3 semaines.

2016 a également été une année meurtrière. Des explosions dans l’église Boutrossiya, en plein cœur du Caire, et dans l’enceinte même du siège du Patriarcat copte-orthodoxe ont coûté la vie à 30 personnes.

Il faut aussi mentionner les nombreux enlèvements, actes de discrimination et de marginalisation, les violences et les mariages forcés de jeunes filles qui ont touché la communauté chrétienne du pays. LL

Scènes de détresses lors des funérailles des victimes de l'attaque de Mar Mina, en Egypte | © dpa Aly Fahim/Keystone
30 décembre 2017 | 09:44
par Raphaël Zbinden
Temps de lecture: env. 3 min.
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