Au Mexique, le pape visitera Ciudad Juárez, ancienne capitale mondiale du crime

La dernière étape du déplacement du pape François au Mexique, du 12 au 17 février 2016, devrait particulièrement attirer les regards. Au dernier jour de son séjour sur le sol mexicain, il se rendra à Ciudad Juárez, une ville située à l’extrême nord du pays, longtemps considérée comme la plus violente du monde sur fond de guerre fratricide entre cartels de drogue. Après la visite d’une prison qui fut la plus violente d’Amérique latine, le pape rencontrera le monde du travail et célébrera la messe le long de l’épais grillage qui sépare le Mexique des Etats-Unis.

L’image fera le tour du monde. Le pape François, qui aurait souhaité pouvoir entrer aux Etats-Unis en septembre dernier tel un migrant, depuis le Mexique, passera en papamobile le long du grillage de séparation avec les Etats-Unis. «Il saluera les gens qui sont de l’autre côté», a expliqué à la presse le ›porte-parole’ du Vatican, le 5 février. Puis, comme il l’a personnellement souhaité, il célébrera la messe depuis un autel situé à moins de 100 mètres de la frontière «pour ceux qui sont d’un côté comme de l’autre», a précisé le Père Federico Lombardi. 50’000 personnes sont attendues côté américain, et plusieurs centaines de milliers côté mexicain.

De fait, Ciudad Juárez, agglomération d’environ 1,3 million d’habitants, est séparée par le fleuve Río Bravo de la ville d’en face, El Paso. En 1848, le Mexique perdit la guerre contre les Etats-Unis et céda une partie de son territoire, ce qui déclencha le début des migrations dans cette région, pour atteindre le «rêve américain». Séparée d’El Paso, ville prospère et troisième agglomération la plus sûre des Etats-Unis, par un mur de grillage et de barbelés depuis 2011, Ciudad Juárez contraste fortement avec un environnement précaire et une grande délinquance.

La criminalité s’est en effet généralisée avec, en 2010, plus de 3’000 morts ce qui a donné à la ville le triste nom de «capitale mondiale du meurtre», notamment à cause des près de 400 homicides commis sur des femmes – principalement des ouvrières – entre 1993 et 2003. Lieu de passage entre l’Amérique du Sud et l’Amérique du Nord, Ciudad Juárez est une plaque tournante du trafic de drogue. Différents cartels se battent pour obtenir le monopole du trafic, et maintiennent un climat de terreur, une culture de la violence. La criminalité y a cependant énormément baissé ces dernières années.

Prisonniers et migration

Dans la matinée du 17 février, le pape François se rendra dans l’établissement pénitentiaire Cereso n°3, prison où la corruption fut reine, et dont les émeutes sanglantes avaient défrayé la chronique en 2009. Après ces événements, qui ont alerté les autorités internationales, de nouvelles mesures ont été prises et la sécurité renforcée.

La migration, sujet cher au pape, est également un aspect qui caractérise la ville. Sa proximité avec les Etats-Unis donne lieu à d’importants phénomènes migratoires de populations qui souhaitent fuir la violence et la misère, offrir une bonne éducation à leurs enfants, avoir un meilleur emploi. Le mur a bien sûr ralenti le phénomène migratoire.

Pour certains, la visite du pape à Ciudad Juárez est l’occasion de faire connaître au monde les changements opérés depuis quelques années dans la ville. Pour d’autres, la visite du chef de l’Eglise catholique constitue l’espoir que le problème des migrations, thème cher au pape François, soit mis en avant. Côté américain, les propos du pontife résonneront de façon toute particulière, alors que le pays est en pleine campagne pour l’élection présidentielle. (cath.ch-apic/ imedia/mg/mp)

Des migrants mexicains tentent de passer aux Etats-Unis
6 février 2016 | 09:20
par Maurice Page
Temps de lecture: env. 2 min.
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