Autriche: Le cardinal Schönborn et «l’affaire Groër»

«Le pape doit maintenant réagir»

Vienne, 30 mars 1998 (APIC) Le pape doit maintenant réagir dans l’»affaire Groër», a déclaré l’archevêque de Vienne, le cardinal Christoph Schönborn, dans une interview accordée au quotidien autrichien «Kleine Zeitung». Le successeur du cardinal Hans Hermann Groër sur le siège de Vienne estime que la récente «visitatio» de l’abbaye de Göttweig (2 au 7 mars) par le Père Marcel Rooney, abbé primat des bénédictins, est un «premier pas» dans la remise en ordre de la situation. La balle est maintenant dans le camp de Rome.

Le cardinal Groër, un religieux bénédictin de 78 ans rattaché à l’abbaye de Göttweig, est accusé d’abus sexuels commis il y a plusieurs décennies contre des garçons, aujourd’hui moines bénédictins de Göttweig, et des mineurs de l’internat catholique de Hollabrun. Commentant cette affaire désastreuse pour l’image de l’Eglise autrichienne, le cardinal Schönborn a déclaré que c’est à Rome de décider des prochaines mesures à prendre. Il a encore souligné que l’on doit vivre avec le fait qu’il y a des conflits humains et des drames dont on ne peut tout simplement «se débarrasser» et avec lesquels on doit vivre et souffrir.

L’archevêque de Vienne a prié le cardinal Groër de s’abstenir pour le moment de toutes activités épiscopales comme par exemple les confirmations. Dans une interview parue dans la dernière édition du magazine catholique de l’archevêché, «Dialog», le cardinal Schönborn a tenu à relever qu’à côté du drame personnel qui concerne le cardinal Groër, il s’agit aussi d’exprimer de la reconnaissance «pour toutes les bonnes choses qu’il a faites et cela reste».

A propos de cette pénible affaire qui secoue l’Eglise et l’ensemble de la société en Autriche, l’archevêque de Vienne reconnaît que jusqu’à maintenant, l’on n’a pas assez pensé à ceux qui souffrent des dommages causés dans leur vie par des défaillances humaines qui se sont produites dans l’Eglise. Et d’affirmer que le «chemin de la guérison» est d’autant plus important. Cela signifie pour lui: reconnaître ses manquements, nommer la faute, mais aussi savoir que le pardon guérit et rend possible un recommencement.

A deux mois de la visite du pape, le cardinal Groër doit sortir de son mutisme

Alors que dans un peu plus de deux mois (du 19 au 21 juin), le pape Jean Paul II effectuera sa troisième visite pastorale en Autriche, de toute part le cardinal Groër est vivement prié de sortir de son mutisme obstiné, qui est un véritable poids pour l’Eglise locale. L’institution a certes regagné une crédibilité mise à mal par ce scandale par la courageuse prise de position de quatre évêques le mois dernier.

Le président de la Conférence épiscopale, Mgr Johann Weber, évêque de Graz-Seckau, le cardinal Christoph Schönborn, l’archevêque de Salzbourg, Mgr Georg Eder, et Mgr Egon Kapellari, évêque de Gurk affirmaient en effet le 27 février que les accusations d’abus sexuels contre le cardinal Groër sont «pour l’essentiel fondées». Ils avaient demandé à leur confrère soit de déclarer publiquement et clairement qu’il n’est pas coupable ou bien alors demander ouvertement pardon. Ce qui dans ce cas, irait de pair avec une démission. Les quatre évêques déploraient alors que le cardinal Groër n’ait saisi aucune de ces deux possibilités, causant ainsi de graves dommages à l’Eglise autrichienne.

Le bien des jeunes concernés est plus important que la réputation d’un cardinal

Les responsables ecclésiaux autrichiens ont déclaré à cette occasion vouloir éviter d’encourir le soupçon que la réputation d’un cardinal serait à leurs yeux plus importante pour l’Eglise que le bien des jeunes gens concernés. Ils ont aussi lancé un avertissement sévère à un confrère qui contribue par son style et ses prises de position à polariser la situation dans l’Eglise autrichienne, Mgr Kurt Krenn, évêque de Sankt-Pölten.

Ils ont demandé à cet évêque étiqueté comme «ultra-conservateur» de ne pas refuser le dialogue au sein de son diocèse et avec le reste de l’épiscopat autrichien, où il semble très isolé. L’épiscopat autrichien, plus que jamais interpellé par l’»affaire Groër» – dont on attend un dénouement avant la visite du pape, notamment les conclusions de Rome à propos de la visitatio de l’abbaye de Göttweig – doivent encore gérer les relations avec des mouvements de base remuants.

Il leur faut notamment trouver des réponses adéquates et conformes à la doctrine de l’Eglise aux attentes de ceux qui ont signé en masse (quelque 500’000 signatures à travers tout le pays, soit pas loin de 10% de l’ensemble des catholiques autrichiens) le fameux «Kirchenvolksbegehren», une pétition du peuple de l’Eglise lancée en 1995 et demandant des réformes substantielles dans le mode de fonctionnement de l’Eglise. (apic/kap/be)

3 mai 2001 | 00:00
par webmaster@kath.ch
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