"Mon baptême n'est pas une conversion, c'est un chemin de foi que je suis". Edi Sermier lors de la conférence de presse du 11 avril 2017, à l'évêché de Sion. (Photo: B. Hallet)
Suisse

«Mon baptême n'est pas une conversion. Je suis sur un chemin de foi»

Edi Sermier, iranien d’origine, est l’une des 21 personnes, adultes et jeunes, du diocèse de Sion qui ont été baptisées à la veillée pascale du 15 avril 2017. La rencontre avec sa femme, déterminante dans son parcours de foi, l’a amené au baptême. Il a été baptisé à l’église Saint-Paul de Fribourg. Nous l’avons rencontré le Jeudi saint à Sion.

«J’ai toujours été croyant. Mon baptême n’est pas à mon sens une conversion, je suis sur un chemin de foi». Attablé dans un café de Sion, Edi Sermier, 28 ans se dit serein à deux jours de son baptême.

Ce sacrement est à ses yeux une étape importante dans sa vie peu ordinaire qui en compte déjà beaucoup. Edi est originaire du sud de l’Iran où il est né en 1989. Il a fui son pays en 2004 pour arriver en Suisse, au terme d’une année d’errance qui l’a fait passer par Paris. Il obtient l’asile. «Mon père m’a dit de partir, ma vie était en danger». Il a quitté son pays et sa famille sans passeport. En danger également, ses parents, des opposants politiques, ont dû se réfugier au Danemark quelques temps après.

«J’ai toujours cru en Dieu»

Il est musulman, chiite*, croyant mais, comme ses parents, il ne pratique pas. Il n’y a pas de baptême dans l’islam, on naît musulman. «J’ai toujours cru en Dieu». Il ne parvient à mettre des mots sur cette «présence» qu’il ressent en lui: «Vous savez, Dieu ne se trouve pas que dans des églises ou les mosquées, il est partout».

Il fait la connaissance de sa future femme en 2009. Une rencontre déterminante sur son chemin de foi. Elle est catholique. La spiritualité est un des éléments qui cimente le couple. «Nous avons beaucoup échangé sur la religion. Nous avons confronté nos points de vue. Elle m’a raconté l’histoire de Jésus». Il en connaissait l’existence à travers l’enseignement religieux reçu dans sa jeunesse. Le Coran parle de Marie et de Jésus. Elle lui fait visiter la cathédrale de Sion dans laquelle il n’a jamais mis les pieds. «Je me suis senti bien». Leurs promenades les emmènent parfois dans les églises où ils prient.

Ils se marient en 2011. Suit la naissance de leur fils. En 2012, on décèle une tumeur au cerveau de son épouse. «Pendant l’opération, je suis allé prier à la cathédrale. J’ai demandé à Dieu la guérison de ma femme». Et si cela ne se faisait pas, il lui demande d’être à ses côtés dans cette épreuve. «J’accepterai ce qui arrivera et j’irai de l’avant mais sois là, ne nous abandonne pas».

Suit un long combat contre la maladie et parfois avec le corps médical. Il démissionne de son emploi de commercial et prend le statut de proche aidant. Il se consacre entièrement aux soins de sa femme et à l’éducation de son fils. «Durant cette période, j’ai beaucoup prié pour elle». Il est souvent entré à la cathédrale de Sion pour prier devant le tabernacle. Il fait une pause dans le récit durant lequel il s’enflamme parfois, l’émotion à fleur de peau.

Edi Sermier, iranien d’origine et installé en Suisse en 2005, a été baptisé lors de la veillée pascale. (Photo: B. Hallet)

Le baptême pour connaître «le mieux»

En 2016, il annonce à sa femme son souhait de recevoir le sacrement du baptême, pour connaître «le mieux». «Fais comme tu sens. Dieu te connaît et il connaît ton cœur», lui répond-elle. «En priant régulièrement, je me suis senti de plus en plus proche de Dieu. J’avais le désir de connaître le ‘plus’ de la personne de Dieu». Edi s’est battu avec sa femme contre la maladie, il a pu l’aider à vivre plus longtemps. Elle est décédée en décembre 2016.

Y a-t-il eu du désespoir? «Jamais! Dieu m’a aidé depuis que j’ai quitté mon pays. Je sais que je la reverrai. Après tout ce chemin… En Dieu nous nous sommes trouvés, en Dieu nous nous sommes quittés».

Un ami le présente au Père Jean Python de la Fraternité Eucharistein. Il demande le baptême et entame son catéchuménat (le chemin vers le baptême) en janvier pour aller à la rencontre de Dieu. «J’ai été très touché par la fraternité et la solidarité dont on a fait preuve à mon égard». Son fils de six ans et demi a fait le parcours avec lui mais il n’est pas baptisé. Edi attendra que cela vienne de lui. Ils entrent parfois dans une église et prient.

Le baptême est un symbole de sa foi, mais ce n’est pas tout. Pour Edi, la foi se vit avant tout dans les actes. Selon lui, dire des belles paroles et ne pas le mettre en acte, ne vaut rien. (cath.ch/bh)


*L’islam compte deux courants principaux: le chiisme et le sunnisme.

Historiquement, la scission de ces deux courants remonte à la mort du prophète Mahomet, en 632. La question du successeur le plus légitime pour diriger la communauté des croyants s’est posée: les futurs chiites désignent Ali, gendre et fils spirituel de Mahomet, au nom des liens du sang ; les futurs sunnites désignent Abou Bakr, un homme ordinaire, compagnon de toujours de Mahomet, au nom du retour aux traditions tribales.

Depuis, les sunnites ont toujours été majoritaires. Ils représentent aujourd’hui environ 85 % des musulmans du monde. Les seuls pays à majorité chiite sont l’Iran, l’Irak, l’Azerbaïdjan et Bahreïn. D’importantes minorités existent au Pakistan, en Inde, au Yémen, en Afghanistan, en Arabie saoudite et au Liban. (Source: www.lemonde.fr)

«Mon baptême n'est pas une conversion, c'est un chemin de foi que je suis». Edi Sermier lors de la conférence de presse du 11 avril 2017, à l'évêché de Sion.
16 avril 2017 | 08:30
par Bernard Hallet
Temps de lecture: env. 4 min.
baptême (70), Fribourg (589), Pâques (191), Veillée pascale (5)
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