La catastrophe de Mariana au Brésil sur le site du Mouvement des victimes des barrages
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Brésil: L’Église se mobilise après la rupture d’un barrage minier

Belo Horizonte, 11.11.2015 (Cath.ch – Apic) L’Église du Brésil se mobilise après la rupture d’un barrage minier le 5 novembre 2015 à Mariana, une ville de l’état de Minas Gerais, dans le sud-est du pays. Le bilan encore provisoire fait état de 6 morts et 21 disparus. L’accident a marqué les esprits.

62 millions de mètres cubes de boue, l’équivalent de 25’000 piscines olympiques, se sont déversés, le jeudi 5 novembre à 16h20 sur le petit village de Bento Rodrigues, 600 habitants, après la rupture d’un barrage proche de la mine de Mariana. Maisons englouties jusqu’au toit par des vagues de boue rouge, voitures retournées comme de simples jouets, personnes errant à la recherche de proches… Les images diffusées en boucle par la télévision brésilienne ont provoqué la stupeur dans le pays. Le bilan provisoire fait état de 6 morts, 21 disparus, près de 200 blessés et 550 sans-abris.

D’après la compagnie Samaraco, détenue à parts égales par le géant minier brésilien Vale et l’Australienne BHP Billiton, ces boues ne sont pas toxiques. «S’il n’y a pas de présence avérée de mercure, ces rejets ne sont pas toxiques, a précisé Cleuber Moraes Brito, professeur de géologie à l’Université de Londrina (UEL), spécialiste de l’extraction minière. Donc à priori pas de risque de cancer pour les populations. En revanche, cette boue rouge a causé des dommages dans l’ensemble de l’écosystème de la région, et va impacter pour de nombreuses années les cours d’eau, la faune et la flore et, indirectement, les populations car les activités agricoles vont dans certains cas être impossibles».

Une chaîne de solidarité s’est organisée à travers le pays. Le Mouvement des personnes victimes des barrages (MAB), 2e mouvement social au Brésil après le Mouvement des paysans sans terre (MST), s’est réuni le 10 novembre en présence de Mgr Geraldo Lyrio Rocha, archevêque de Mariana. Pour Joceli Andrioli, de la Coordination nationale du MAB, il est indispensable que l’entreprise Samarco assume les conséquences de cette catastrophe et prenne toutes les mesures pour que les populations puissent être relogées au plus vite. Le responsable du MAB a également réclamé qu’un organe de dialogue regroupant les représentants de la population, du MAB, de l’État, de l’entreprise et de l’archevêché, soit mis en place.

«Le choix de l’Église est déjà fait»

Mgr Geraldo a pour sa part évoqué «le mélange de douleur et d’indignation »après avoir constaté le situation des villageois, affirmant qu’il n’avait «jamais rien vu de pareil». Il a martelé l’importance que les victimes n’acceptent aucun accord d’indemnisation de manière individuelle ou isolée. L’archevêque a assuré que le diocèse s’associait au MAB dans sa tâche de défendre les victimes de la catastrophe. «Le choix de l’Église est déjà fait. Dans la lutte entre David et Goliath, nous nous tenons au côté du petit. La position doit être claire et sans ambigüités: nous devons être au côté des victimes et non de celui qui a provoqué la tragédie !» Une série de manifestations a été programmée. Parmi elles, une Marche pour le Droit à la Vie et un débat public : «Mariana: une tragédie annoncée» est agendée au 12 novembre. Une messe sera également célébrée le même jour en souvenir aux victimes.

La CNBB mobilisée elle aussi

La Conférence nationale des évêques du Brésil (CNBB) a pour sa part mis la pression sur le gouvernement fédéral. «Nous manifestons notre préoccupation à propos de la tragédie de Mariana, a indiqué Mgr Paulo Mendes Peixoto, archevêque de Uberaba (Minas Gerais) et président de la CNBB-Région Est. Ce n’est pas la 1ère fois que de tels faits alarmants se produisent, détruisant des vies, en plus de détruire sans distinction la «maison commune» selon les termes du pape François dans son encyclique «Laudato si».

«Nous espérons que les autorités vont enquêter sur cette tragédie en conformité avec la loi, a martelé Mgr Peixoto. Pour désigner les responsables, secourir les victimes et trouver des solutions préventives pour que de tels drames ne puissent plus se produire.» (apic/jcg/mp)

La catastrophe de Mariana au Brésil sur le site du Mouvement des victimes des barrages
11 novembre 2015 | 17:09
par Maurice Page
Temps de lecture: env. 3 min.
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