Bruxelles: Jugement d’un prêtre pédophile, le cardinal Danneels cité comme témoin ?

Le cardinal belge entendu comme «employeur» de l’accusé

Bruxelles, 16 janvier 1998 (APIC) Le cardinal Godfried Danneels, archevêque de Malines-Bruxelles, pourrait être cité comme témoin dans l’affaire de l’abbé André Vanderlyn, accusé de pédophilie. Ancien curé de la paroisse Saint-Gilles à Bruxelles, l’abbé Vanderlyn a été arrêtéé en juin 1997 et accusé du viol d’une dizaine de mineurs âgés de 13 à 16 ans. La nouvelle a été donnée le 15 janvier par la présidente du tribunal, où le cardinal, qui était cité à comparaître comme «employeur» de l’accusé, était représenté par son avocat.

Le 18 décembre dernier, après avoir entendu le témoignage de Mgr Paul Lanneau, évêque auxiliaire du cardinal Danneels, Me de Kerchove, avocat de la partie civile, avait demandé et obtenu du tribunal de pouvoir citer l’archevêque et son auxiliaire comme «civilement responsables» des actes commis par le prêtre sur lequel ils avaient autorité.

La citation à comparaître ne requérant pas la présence des deux évêques, le cardinal Danneels et Mgr Lanneau s’étaient fait représenter par leurs avocats respectifs, Me Vanderveeren et Me de Béco. Ceux-ci n’ayant pu prendre connaissance du dossier que quelques jours à peine avant l’audience, ils ont demandé et obtenu un ajournement. Mais la présidente du tribunal a laissé entendre qu’elle aimerait beaucoup pouvoir entndre le cardinal comme «témoin», car il y a à son avis beaucoup de questions auxquelles seul le cardinal peut répondre.

Selon l’agence catholique CIP, à Bruxelles, un problème juridique devra toutefois être résolu, dit-on dans l’entourage des évêques: dans quelle mesure la même personne peut-être être citée, dans la même cause, à la fois comme témoin et comme accusé ? La prochaine audience est fixée au lundi 9 février.

Des doutes depuis longtemps sur l’abbé Vanderlyn

Pour rappel, Mgr Paul Lanneau avait à l’époque entendu l’abbé sur lequel planait de graves soupçons d’actes pédophiles. Une rencontre faite à la demande de l’archevêque de Malines-Bruxelles, le cardinal Godfried Danneels, informé des faits par Claude Lelièvre, le délégué général aux droits de l’enfant. A la question de l’évêque auxiliaire, à savoir si un acte blâmable s’était passé, l’abbé avait à cette occasion formellement nié s’être rendu coupable d’un acte répréhensible. Dans une lettre de réponse à Claude Lelièvre, datée du 15 octobre 1996, le cardinal Danneels confirmait alors que rien de répréhensible ne s’était passé entre le prêtre et un enfant. En conséquence de quoi l’archevêque demandait au délégué général de traiter l’affaire «avec circonspection», ajoutant que l’abbé jouissait d’une excellente réputation.

Arrêté le 20 juin dernier pour viol sur un garçon de 13 ans, l’abbé Vanderlyn a reconnu avoir abusé de plusieurs enfants qui se sont signalés depuis auprès des enquêteurs. Le cardinal Danneels a toujours démenti avoir exercé des pressions pour étouffer cette affaire. Pour l’archevêque de Malines-Bruxelles, «la justice doit faire son oeuvre et il ne peut y avoir de justice spéciale pour les prêtres». (apic/cip/kna/be)

10 avril 2001 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture: env. 2 min.
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