Cameroun: Logbadjeck transformée en «abattoir» du Commandement Opérationnel

Changement de stratégie des «escadrons de la mort» camerounais?

Martin Luther Mbita, correspondant au Cameroun de l’APIC

Douala, 2 avril 2001 (APIC) Village jadis paisible et vivant que de l’agriculture et la pêche, Logbadjeck est en tain de devenir une ville fantôme. Le «commandement opérationnel» du Cameroun, force de l’ordre qui s’est criminalisée, a transformé en abattoir la carrière militaire de cette localité, située à prés de 30 km de la ville d’Edéa, à 60 km de Douala, la capitale économique du Cameroun.

Selon l’enquête de l’ACAT Littoral, ce serait désormais là que les «escadrons de la mort» camerounais exécuteraient ses victimes, après le tollé soulevé par la découverte du charnier de Yupwé, à Douala.

La découverte du charnier de Yupwé à Douala, où le commandement opérationnel éliminait nuitamment ses «supposés malfrats», a indigné toute la communauté internationale et valu de sévères sanctions à deux reporters de la radio et de la télévision camerounaise, correspondants de la BBC au Cameroun. Le commandement opérationnel a changé de stratégies, selon l’ACAT du Littoral. Les personnes interpellées ne seraient plus exécutées au «Kosovo», prison de Douala mais à Logbadjeck.

Les petites localités, les plantations de la C.D.C (Cameroon Développement Corporation) étaient auparavant sollicitées pour la salle besogne. La population au réveil constatait la présence de cadavres longeant les routes des villages. Avant d’être sommée de les enterrer sans poser de questions. Les villages ont fini par réagir en interpellant les autorités administratives de la ville de Douala.

Cette opposition n’a pas empêché le commandement opérationnel de multiplier ses exactions et les supérieurs de la force criminelle ont jeté leur dévolu sur la vieille carrière militaire de Logbadjeck pour exécuter les victimes. C`est ici selon l’ACAT (Action Catholique pour l’Abolition de la Torture) branche du littoral, que les 9 jeunes garçons, disparus à bépanda, un quartier populaire de Douala, ont été exécutés. le rapport de l’ACAT va plus loin en affirmant que les adolescents auraient été incinérés à l’acide sulfurique.

Dénégations des gardiens de la carrière

La vieille carrière de logbadjeck est interdite au public. Les 5 militaires chargés de la garde des lieux ne laissent entrer personne, disant travailler à concasser des pierres pour les vendre à une Société la Razel qui s’occupe de l’entretient des routes du Cameroun. les responsables de Razel démentent traiter avec les militaires pour la livraison des pierres.

Interrogé sur la présence d’un charnier ou d’un lieu d’exécuter des personnes dans cette carrière, l’un d’eux d’un ton farouche répond «il n’y a rien de cela ici». Un autre plus courtois nous conseille de rentrer chez nous car ils auraient reçu des «instructions fermes».

Les habitants du village entendent des détonations d’armes à feu, alors que les militaires parlent de dynamite pour casser les pierres. Si les militaires concassaient réellement des pierres pour les revendre à une grosse entreprise comme la Razel, ils seraient nombreux. Or à Logbadjeck, ils ne sont que cinq. Devant la persistance des rumeurs, le chef du village Jacques Mpôndô Ndong s’est rendu chez le sous-préfet d’Edéa qui lui a rassuré qu’il n `y avait jamais eu d’exécutions dans cette vieille carrière.

Le flou persiste donc sur les activités réelles des militaires dans la vieille carrière que les hommes en tenue disent exploiter depuis 1999. Les habitants de Logbadjeck vivent dans la peur et l’angoisse de découvrir à leur tour un matin, des corps gisant le long des routes. Une angoisse que la commission d’enquêtes mise sur pied par le président du Cameroun Paul Biya en début du mois de mars, devrait peut-être dissiper. (apic/mbt/mjp)

2 avril 2001 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture: env. 2 min.
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