Cardinal Bagnasco: malgré la tragédie, «Gênes ne s’avoue pas vaincue»

Le cardinal Angelo Bagnasco, samedi 18 août 2018, lors des funérailles d’Etat pour 19 des 41 victimes tuées lors de l’effondrement du pont Morandi, a affirmé que malgré cette «profonde blessure», «Gênes ne s’avoue pas vaincue, elle continuera à lutter».

La tragédie du 14 août dernier a fait 41 victimes italiennes, françaises, albanaises et péruviennes. Présidées samedi 18 août 2018 par l’archevêque de Gênes, plusieurs évêques et de nombreux prêtres diocésains, les funérailles se sont déroulées dans le pavillon «Jean Nouvel» de la Foire de Gênes, en présence du président de la République, Sergio Mattarella, et des plus hautes autorités de l’Etat, notamment le Premier ministre Giuseppe Conte et les présidents du Sénat et de la Chambre.

La ville portuaire de Gênes était à l’arrêt ce samedi et l’émotion était partout palpable. Des milliers de Génois avaient tenu à prendre  part à la cérémonie nationale, aux côtés des familles et des autorités italiennes.

 Le «professionnalisme généreux» des pompiers

Le cardinal Angelo Bagnasco a relevé à cette occasion l’âme et le courage du peuple génois, suscitant des applaudissements nourris à la lecture des noms des victimes et quand il a salué le «professionnalisme généreux» des pompiers et tous ceux qui se sont donnés sans réserve pour porter secours aux victimes de l’effondrement.

Mentionnant les quelque 600 personnes évacuées de leur domicile en raison du danger d’effondrement du reste du pont, il a dit son espoir que celles-ci trouveront plus qu’un accueil temporaire. L’archevêque de Gênes a encouragé chacun à regarder vers le haut, «vers Dieu qui est source d’espérance et de confiance».

«Une plaie dans le cœur de Gênes»

«L’effondrement du pont  (…) a provoqué une plaie dans le cœur de Gênes». Dans son homélie, l’archevêque de Gênes s’est fait l’écho des nombreux signes de désarroi mais également des soutiens reçus en provenance du monde entier. Le pape François l’a appelé vendredi. «Un appel affectueux pour exprimer sa proximité», a-t-il souligné.

«Face à la tragédie, les paroles de soutien sont peu de chose, a-t-il poursuivi, la justice indispensable ne peut rien effacer, ni rien restituer». Et ainsi, «nous sommes là pour nous en remettre à la miséricorde et la consolation que seul Dieu peut donner».

«Une tragédie inacceptable»

«C’est une tragédie qui a touché tant de gens (…) une tragédie inacceptable», a lancé le président italien. Aussitôt après les funérailles, il a appelé à «une évaluation rigoureuse des responsabilités». Il a souligné que «ce sont des moments de douleur partagés par toute l’Italie».

Pendant ce temps, dans le vaste pavillon du Parc des expositions de la ville, la foule s’est  recueillie en silence devant les cercueils alignés et recouverts de fleurs blanches face à l’autel. Posés à même le bois, les photos de ces destins brisés, un maillot de football ou un ours en peluche.

L’imam et les footballeurs

Les joueurs de Gênes et de la Sampdoria avaient tenu à participer aux funérailles et ils sont arrivés ensemble au pavillon de la Foire de Gênes. Les matchs Sampdoria-Fiorentina et Milan-Gênes avaient été reportés pour cause de deuil. L’arrivée des équipes a été saluée par de longs applaudissements.

A la fin, c’est un imam qui adressé une prière pour deux des victimes, de confession musulmane. Lui aussi a eu des paroles émouvantes et, comme l’archevêque de la ville, l’imam a souligné que Gênes n’abandonnait pas: «Gênes, qui signifie en arabe ‘la belle’, saura se relever. Les communautés islamiques prient pour que la paix soit avec vous tous. Que le Seigneur protège l’Italie et les Italiens». Vingt familles ont par contre voulu célébrer l’enterrement de leurs proches en privé. Certaines ont refusé d’être un faire-valoir des autorités, responsables selon elles de la mort de leurs proches, rapporte samedi 18 août Vatican News. (cath.ch/vaticannews/ansa/be)

Le cardinal Angelo Bagnasco a présidé les funérailles d'Etat pour les victimes du pont Morandi | © archidiocèse de Gênes
18 août 2018 | 18:20
par Jacques Berset
Temps de lecture: env. 3 min.
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