Le cardinal Reinhard Marx a répondu aux questions des journalistes | © Keystone
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Cardinal Marx: «Je ne suis pas démotivé!»

«Je ne suis ni fatigué, ni démotivé, certainement pas!», a déclaré le cardinal Reinhard Marx lors d’une conférence de presse organisée, le 4 juin 2021, à l’archevêché de Munich. Il est revenu abondamment sur sa demande de démission, rendue publique le matin même. 

S’il assure que sa décision est réfléchie, il confie ne pas vouloir pour autant «abandonner l’idée de porter l’Évangile dans cette société». «Mon service pour l’Église et pour les gens n’est pas terminé», a-t-il renchérit, le sourire aux lèvres. 

L’archevêque de Munich-Freising a reconnu que sa démission s’expliquait par le «point mort» atteint selon lui par l’Église catholique en matière d’abus. Mais il affirme qu’il peut aussi s’agir d’un «point de départ» pour l’avenir. 

Le cardinal Marx a été interrogé par un journaliste allemand sur l’exemple qu’il donnait aux autres évêques d’Allemagne. Bien que non mentionné explicitement, le cas du cardinal Rainer Maria Woelki, archevêque de Cologne, était dans tous les esprits.

Une démarche personnelle

Les deux cardinaux-archevêques sont en effet confrontés à d’importantes affaires d’abus dans leur diocèse. En décembre dernier, le cardinal Woelki, mis sous pression par certains catholiques allemands, avait refusé de démissionner malgré des critiques sur sa gestion des abus.

Son confrère bavarois a écarté toute comparaison pendant la conférence, affirmant que sa démarche est «entièrement personnelle» et n’engageait pas les autres évêques d’Allemagne. Le cardinal allemand a récapitulé le déroulé des événements qui l’ont amené à prendre sa décision. Elle part, souligne-t-il, d’un constat d’»échec personnel et institutionnel» face aux abus. 

Un journaliste fait réfléchir Marx

«Ces derniers mois, j’ai envisagé à plusieurs reprises de renoncer à mon ministère, de m’examiner et d’essayer de prendre une décision juste, par la prière et la conversation spirituelle, par ‘discernement des esprits’. Les événements et les discussions des dernières semaines n’y jouent qu’un rôle mineur.

Ces dernières années, on m’a posé à plusieurs reprises des questions qui ne m’ont jamais quitté et qui continuent de m’interpeller. Un journaliste américain m’a demandé, lors d’une interview sur la crise des abus dans l’Église en 2010: ‘Éminence, cela a-t-il changé votre foi?’ Et j’ai répondu: ‘Yes!’

Après coup, je me suis rendu compte de ce que j’avais dit. Cette crise ne touche pas seulement le domaine d’une nécessaire amélioration de l’administration, il s’agit plus encore de la question d’une forme renouvelée de l’Église, et d’une nouvelle manière de vivre et de proclamer la foi aujourd’hui. Et je me suis demandé: qu’est-ce que cela signifie pour moi personnellement?

Une question m’a été posée, lors de la conférence de presse en 2018, si, au vu de la présentation du ‘rapport MHG’, l’un des évêques avait pris sa responsabilité et proposé sa démission. J’avais répondu par «non» à cette question. Et une fois encore, après coup, j’ai ressenti de plus en plus fortement que cette question ne pouvait pas être simplement balayée du revers de la main».

La décision revient au pape

Le choix de remettre sa démission a été «mûri» pendant la période pascale, à la lumière de cet événement central, a-t-il insisté. Le 21 mai 2021, il est venu à Rome pour rencontrer le pape François et lui a donc remis sa lettre de démission

Le pontife lui a demandé d’y réfléchir encore, et quelques jours plus tard lui a téléphoné: le haut prélat a maintenu sa position, affirmant n’avoir pas trouvé «d’autre solution». L’évêque de Rome l’a alors autorisé à rendre sa décision et sa lettre publiques, mais ne lui a pour l’instant pas encore annoncé sa démission. (cath.ch/imedia/cd/gr)

Le cardinal Reinhard Marx a répondu aux questions des journalistes | © Keystone
4 juin 2021 | 17:45
par I.MEDIA
Temps de lecture: env. 3 min.
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