Le cardinal Gerhard-Ludwig Müller, préfet émérite de la Congrégation pour la doctrine de la foi (photo: Flickr Catholic Church of England and Wales CC BY-NC-SA 2.0)
Vatican

Le cardinal Müller revient sur «Amoris laetitia»

L’exhortation apostolique du pape François, Amoris Laetitia n’implique aucun changement magistériel vers une éthique de la situation. C’est que répète le cardinal Gerhard-Ludwig Müller, préfet émérite de la Congrégation pour la doctrine de la foi, dans la préface d’un livre à paraître le 10 novembre prochain en Italie.

Le site Vatican insider a publié le 30 octobre 2017 la préface signée du cardinal Müller d’un livre en italien intitulé Réponses amicales aux critiques d’Amoris laetitia. L’exhortation Amoris laetitia (2016), affirme le cardinal Müller, doit être comprise dans «le sens orthodoxe» de la doctrine et de l’enseignement de l’Eglise. Cela vaut également pour son chapitre 8, concernant notamment l’accès à la communion des personnes divorcées-remariées.

Ainsi, poursuit le prélat allemand, ce document magistériel «n’enseigne pas et ne propose pas de croire de manière liante qu’un chrétien en état de péché mortel puisse recevoir l’absolution et communier» sans repentir ni volonté de ne plus pécher. Il n’y a donc «aucun changement magistériel vers une éthique de la situation». Amoris laetitia ne propose donc pas de reconnaître des actions objectivement mauvaises comme subjectivement justes.

Une «loi de la gradualité»

Toutefois, écrit encore le préfet émérite de la Congrégation pour la doctrine de la foi, «il existe différents niveaux de gravité selon le type de péché». Ainsi, les péchés de l’esprit peuvent être plus graves que les péchés de chair. Et la pleine imputabilité de la faute suppose des «facteurs subjectifs comme la pleine conscience et le consentement délibéré dans le grave manquement contre le commandement de Dieu».

Face à ces situations, Amoris laetitia propose une «loi de la gradualité». C’est-à-dire non pas la gradualité de la loi mais de son application à la personne dans ses conditions concrètes d’existence. En effet, «Dieu est particulièrement proche de l’homme qui se met sur le chemin de la conversion», c’est-à-dire lorsqu’il reconnaît sa faute. Y compris lorsqu’il ne peut pas encore suivre toutes les exigences de la loi morale, même à cause «de sa faiblesse humaine».

Deux attitudes renvoyées dos-à-dos

L’imputabilité de la faute, estime le cardinal allemand, «peut être diminuée quand le pécheur se tourne vers la miséricorde de Dieu avec un cœur humble». Alors est particulièrement important un accompagnement pastoral vers le sacrement de la pénitence. C’est cela que le pape François appelle «une voie de l’amour» dans Amoris laetitia, soutient le cardinal Müller.

Dans cette préface, le prélat allemand critique par ailleurs deux attitudes opposées face à Amoris laetitia. Celle de ceux qui ont souvent contesté les documents magistériels sur la morale et qui proposent désormais une interprétation extensive de ce document précis. Et celle de ceux qui à l’inverse ont soutenu les documents pontificaux par le passé et considèrent Amoris laetitia «comme si c’était la thèse d’un de leurs étudiants». (cath.ch/imedia/xln/mp)

Le cardinal Gerhard-Ludwig Müller, préfet émérite de la Congrégation pour la doctrine de la foi (photo: Flickr Catholic Church of England and Wales CC BY-NC-SA 2.0)
30 octobre 2017 | 17:04
par Maurice Page
Temps de lecture: env. 2 min.
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