Cardinal Pietro Parolin: «Ce qui est en train d’arriver en Syrie est inhumain!»

Ce qui est en train d’arriver en Syrie est inhumain, a déclaré le cardinal Pietro Parolin au site Vatican News. Le secrétaire d’Etat du Vatican et premier collaborateur du pape François a commenté le 22 juillet 2019 le contenu et les objectifs de la lettre du pontife romain au président Bachar al-Assad.

A l’origine de cette nouvelle initiative, déclare le «numéro 2 du Vatican»,  il y a la préoccupation du pape François et du Saint-Siège face à la situation d’urgence humanitaire en Syrie, en particulier dans la province d’Idleb.

Syrie Des millions de personnes exposées aux bombardements | © Caritas Suisse

Zone déclarée démilitarisée

«Dans la région vivent plus de trois millions de personnes, parmi lesquelles 1,3 million de déplacés internes, contraints par le long conflit en Syrie à trouver refuge justement dans cette zone qui avait été déclarée démilitarisée l’an dernier, rappelle le cardinal Parolin. La récente offensive militaire s’est ajoutée aux conditions de vie déjà extrêmes qu’ils ont dû supporter dans les camps, qui ont contraint beaucoup d’entre eux à fuir».

Le pape suit avec appréhension et avec une grande douleur le sort dramatique des populations civiles, surtout des enfants qui sont impliqués dans les combats sanglants, poursuit le cardinal Parolin. «La guerre continue malheureusement, elle ne s’est pas arrêtée, les bombardements continuent, différentes structures sanitaires ont été détruites dans cette zone, alors que beaucoup d’autres ont dû suspendre totalement ou partiellement leur activité».

La vie des civils doit être protégée

Le pape François renouvelle son appel pour que la vie des civils soit protégée, et pour que les principales infrastructures soient protégées, comme les écoles, les hôpitaux et les structures sanitaires. «Vraiment, ce qui est en train d’arriver est inhumain et ne peut pas être accepté. Le Saint-Père demande au président de faire tout ce qui est possible pour arrêter cette catastrophe humanitaire, pour la sauvegarde des populations sans défense, en particulier des plus faibles, dans le respect du droit humanitaire international».

La préoccupation du pape François est humanitaire. Le pontife continue de prier pour que la Syrie puisse retrouver un climat de fraternité après ces longues années de guerre et que la réconciliation prévale sur la division et sur la haine. Dans sa lettre, le pape utilise trois fois le mot «réconciliation».

La réconciliation doit prévaloir sur la division et sur la haine

«C’est son objectif, pour le bien de ce pays et de sa population sans défense. Le pape encourage le président Bachar el-Assad à accomplir des gestes significatif dans cet urgent processus de réconciliation et il fait des exemples concrets: il cite par exemple les conditions pour un retour en sécurité des exilés et des déplacés internes, et pour tous ceux qui veulent retourner dans le pays après avoir été contraints à l’abandonner. Il cite aussi la libération des détenus, et l’accès pour les familles aux informations sur leurs proches».

Concernant la situation précaire des prisonniers politiques, le pape François affirme qu’on ne peut pas leur nier des conditions d’humanité. En mars 2018, l’Independent International Commission of Inquiry on the Syrian Arab Republic a publié un rapport à ce sujet, en parlant de dizaines de milliers de personnes détenues arbitrairement. «Parfois, dans des prisons non-officielles et dans des lieux inconnus, elles subiraient diverses formes de torture sans avoir aucune assistance légale, ni de contact avec leurs familles. Le rapport relève que beaucoup d’entre elles meurent en prison, alors que d’autres seraient sommairement exécutées».

«La guerre appelle la guerre»

Le Saint-Siège a toujours insisté sur la nécessité de chercher une solution politique viable pour mettre fin au conflit, en surmontant les intérêts partisans, souligne le cardinal Parolin. Et pour le Saint-Siège, ceci doit être fait avec les instruments de la diplomatie, du dialogue, de la négociation, avec l’assistance de la communauté internationale.

«Nous avons dû apprendre encore une fois que la guerre appelle la guerre et que la violence appelle la violence, comme l’a souvent dit le pape, et comme il le répète encore dans cette lettre. Malheureusement, nous sommes préoccupés par le blocage du processus de négociations, surtout celui de Genève, pour une solution politique de la crise. C’est pour cela que dans la lettre envoyée au président Assad, le Saint-Père l’encourage à montrer de la bonne volonté et à œuvrer pour chercher des solutions viables en mettant fin à un conflit qui dure depuis trop longtemps, et qui a provoqué la perte d’un grand nombre de vies innocentes». (cath.ch/vaticannews/be)

Le cardinal Pietro Parolin, secrétaire d'Etat du Saint-Siège | © Jacques Berset
22 juillet 2019 | 13:53
par Jacques Berset
Temps de lecture: env. 3 min.
Idleb (4), pape françois (2269), Pietro Parolin (285), Syrie (436)
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