Les rues de Bangui, au Centrafrique (Photo: flickr/afrikaforce/CC BY 2.0)
International

Centrafrique: un prêtre veut construire des ponts entre les religions

Le Père Ludovic Berthin Kpefio, secrétaire de la Commission épiscopale pour l’apostolat des laïcs et aumônier national de la Fraternité Saint-Joseph de Bangui, en République centrafricaine (RCA), a décidé de «construire des ponts» entre les confessions religieuses du pays.

Depuis 2013, la RCA vit une guerre intercommunautaire menée par des milices d’autodéfense, les balaka (pro-musulmans) et anti-balaka (pro-chrétienne). Ce conflit a créé des tensions entre musulmans, chrétiens et protestants et avivé la méfiance entre les communautés.

L’abbé Kpefio a été président de la Commission de dialogue interreligieux de l’archidiocèse de Bangui, en 2011. Il dirige actuellement une équipe six membres, composée de deux prêtres, deux religieuses et deux laïcs offrant des formations sur des sujets liés à l’islam et au dialogue interreligieux.

En 2010, à la surprise générale, il a quitté son pays pour poursuivre des études islamiques au Mali, déclarant qu’il voulait acquérir des connaissances objectives sur l’islam et apprendre à mener un dialogue interreligieux. Car, avait-il estimé, «la connaissance de l’autre faciliterait le dialogue et aiderait à éviter les appréhensions et les idées fausses».

Formation au dialogue interreligieux

Son projet de formation des leaders religieux catholiques, musulmans et protestants au dialogue interreligieux a pour objectif majeur d’établir «un pont de paix et de réconciliation» entre les communautés religieuses, et réduire la méfiance entre elles. Il est mené dans le cadre d’un programme Centre international Roi Abdullah bin Abdulaziz pour le dialogue interreligieux et interculturel (KAICIID).
Le centre vise la formation au dialogue interreligieux, des leaders catholiques, musulmans et protestants, pour faire d’eux des ambassadeurs de la cohésion sociale, et à renforcer le cadre permanent du dialogue interreligieux dans le pays.

Selon le KAICIID, il permettra de réduire la méfiance entre musulmans et chrétiens du pays. Le message sera partagé par les stations de radio locales et religieuses.

En République centrafricaine, le KAICIID soutient la plateforme de dialogue interreligieux, qui contribue à la réduction des tensions intercommunautaires et à l’instauration d’une paix durable. Il aussi formé des leaders religieux et des membres de la société civile au dialogue interreligieux pour la paix et la réconciliation. Il veille également à la mise en œuvre du Plan d’action de Vienne pour la promotion du dialogue interreligieux, adopté en 2016 après qu’il a organisé trois réunions inter et intra-religieuses.

L’abbé Kpefio a travaillé dans deux églises situées dans l’enclave musulmane de Bangui, l’un des points chauds de la guerre civile où se sont déroulés de nombreux conflits. En 2008 et 2011, il a été curé de la paroisse saint- Mathias de Mulumba, puis, de celle de saint Michel de Bazanga, proche de la mosquée centrale de Bangui, de 2011 à 2014.

Le 1er mai dernier, il était à l’église Notre-Dame de Fatima de Bangui pendant l’attaque d’un groupe de miliciens, lors d’une messe. Un prêtre, l’abbé Albert Tungumale Baba, avait été tué et plusieurs autres fidèles blessés. (cath.ch/ibc/bh)

Les rues de Bangui, au Centrafrique
9 juin 2018 | 17:16
par Bernard Hallet
Temps de lecture: env. 2 min.
Partagez!