Chefs-d'œuvre du Vatican: le spectaculaire mausolée d'Alexandre VII (SERIE 2/5)

La Pietà et la chapelle Sixtine sont probablement les deux chefs-d’œuvre les plus célèbres du Vatican. Toutefois, le petit Etat de 44 hectares compte de nombreuses autres merveilles, moins connues. Pendant l’été, I.MEDIA vous propose de découvrir cinq d’entre elles, dont le spectaculaire mausolée d’Alexandre VII.

Au fond à gauche de la basilique Saint-Pierre, dans une zone la plupart du temps inaccessible aux touristes mais bien visible par eux, trône un spectaculaire mausolée, celui du pape Alexandre VII (1655-1667). Le monument est considéré comme l’un des exemples les plus impressionnants du baroque romain, tant pour sa composition disposée sur plusieurs niveaux que pour l’harmonieuse utilisation du marbre et du jaspe, en particulier dans l’énorme drapé qui caractérise la sculpture.

Un pape humaniste et visionnaire

Si la réalisation est aussi poussée c’est parce qu’elle est dédiée à un pape humaniste et visionnaire, Fabio Chigi (1599-1667), qui avait de son vivant eu la brillante idée de confier la prestigieuse charge d’architecte de la Chambre au Bernin, alors au sommet de sa gloire.

Réalisée de 1672 à 1678, la sculpture a été placée dans une immense abside coiffant une porte donnant directement sur la place Sainte-Marthe.

Par cette disposition originale intégrant l’entrée au monument, le Bernin a voulu donner l’impression que la porte débouche sur une chambre funéraire. Juste au-dessus de la porte, un énorme drap en marbre recouvre partiellement un squelette en bronze doré tendant son bras. La mort agite ainsi une clepsydre [une horloge à eau] vide, rappelant que le temps s’est écoulé et que la vie atteint son terme.

Une allusion à l’anglicanisme ?

Alexandre VII, l’un des 147 papes enterrés dans la basilique, est en prière, juché au sommet du monument, le regard déjà tourné vers l’éternité. Autour de lui quatre vertus dont est pourvu tout bon gouvernant entourent la scène: la Justice, la Prudence, et au premier plan la Charité et la Vérité.

«La Charité s’élance, gênée dans sa course par le poids de son enfant trop lourd, bouleversée d’arriver trop tard…», écrit Victor-Lucien Tapié (1910-1974), historien expert du baroque. «Plus loin, la Vérité, ramenant ses bras sur sa poitrine, dans un geste d’effroi, contemple la tombe béante et fait un mouvement de recul».

Dans le même temps, l’allégorie de la Vérité garde un pied posé sur un globe terrestre écrasant ainsi l’Angleterre. Cette mise en scène pourrait faire référence aux efforts déployés en vain par Alexandre VII afin de raisonner l’anglicanisme et permettre son retour dans le catholicisme.

La Vérité  représentée nue

La Vérité étreint un disque doré contre sa poitrine orné de rayons, sans doute un symbole de la Sainte Eucharistie, alors que les réformés nient la présence réelle et la transsubstantiation. La Vérité avait auparavant été représentée nue, mais Innocent XI (1676-1689), indisposé par cette impudeur, a estimé qu’elle n’avait pas sa place dans la basilique. Il a alors demandé au Bernin d’ajouter un habit recouvrant son corps. Ce dernier s’exécutera bien malgré lui. (cath.ch/imedia/ah/be)

Le mausolée d'Alexandre VII, réalisé par le Bernin | DR
24 juillet 2019 | 12:20
par Jacques Berset
Temps de lecture: env. 2 min.
Partagez!