International

Chine: la «sinisation» du catholicisme s'intensifie

Le 10e Congrès national du catholicisme en Chine a réuni à Wuhan, du 18 au 20 août 2022, 345 évêques, prêtres et religieux catholiques de toute la Chine. Deux organisations catholiques ont élu des dirigeants qui ont juré de mettre l’Église en Chine en conformité avec l’idéologie du Parti communiste chinois.

L’Association patriotique des catholiques chinois (CCPA) et la Conférence des évêques de l’Eglise catholique de Chine (BCCCC) ont élu de nouveaux responsables lors d’un congrès national qui a lieu tous les cinq ans, rapporte le site Eglises d’Asie. À cette occasion, les nouveaux élus ont promis de soutenir pastoralement les fidèles catholiques selon les principes socialistes du Parti communiste chinois (PCC). Des hauts fonctionnaires du PCC ont également participé au congrès et pris la parole.

Mgr Joseph Li Shan, archevêque de Pékin, a été élu président de la CCPA, et Mgr Joseph Shen Bin, évêque de Haimen, a été élu comme nouveau président de la BCCCC. Les délégués ont également accepté unanimement le Rapport de travail de la 9e réunion du Comité permanent du bureau politique du Parti communiste chinois. Cela concerne les efforts et activités de l’Église pour la promotion du patriotisme, du socialisme et de la sinisation dans l’Église catholique, selon les orientations données par le président Xi Jinping.

Appel à soutenir la «sinisation» du catholicisme

Les nouveaux élus ont publié un communiqué en s’engageant personnellement à appeler les prêtres, religieux et laïcs à travers le pays à œuvrer «pour l’évangélisation pastorale et pour la promotion de la sinisation», pour aller plus avant vers «un avenir meilleur». La sinisation est une idéologie profondément politique destinée à imposer des règles strictes sur les sociétés et institutions selon les valeurs fondamentales liées au socialisme, à l’autonomie et au soutien de la primauté du PCC.

Dans leur déclaration, ils ont également souligné la nécessité, pour l’Église catholique en Chine, d’appliquer l’esprit de la Conférence nationale sur les Affaires religieuses organisées en décembre dernier, et de respecter les directives du Comité central du PCC pour l’Église catholique en Chine. Durant cette conférence, qui a eu lieu les 3 et 4 décembre 2021, Xi Jinping a soutenu l’application stricte des politiques marxistes ainsi qu’un renforcement de la surveillance en ligne et du contrôle des religieux, afin d’assurer la sécurité nationale.

«Il est nécessaire d’unir et de guider les prêtres, les aînés et les fidèles afin qu’ils suivent la pensée de Xi Jinping sur le socialisme aux caractéristiques chinoises pour une ›nouvelle ère’, pour qu’ils continuent de porter haut la bannière du patriotisme et de l’amour de la religion, et pour qu’ils adhèrent aux principes de l’autogestion indépendante des Églises», ont souligné les évêques. Ils ont ajouté qu’il est important d’adhérer à la sinisation du catholicisme en Chine afin de «soutenir vigoureusement la construction des forces patriotiques» et de réaliser «le rêve d’un grand rajeunissement de la nation chinoise».

Un accord provisoire signé afin d’unir les catholiques chinois

Suite à l’arrivée au pouvoir des communistes en 1949, la Chine a coupé ses liens diplomatiques avec le Vatican. Le gouvernement communiste a fondé la CCPA en 1957 afin d’assurer le contrôle sur l’Église catholique. Beaucoup de fidèles ont refusé de rejoindre l’organisation officielle et ont continué d’affirmer leur allégeance au pape et à l’Église universelle.

La Chine compte près de 12 millions de catholiques en comprenant les Églises «officielle» et «clandestine», selon les chercheurs indépendants. Durant des années, la nomination des évêques est restée un sujet de discorde entre le PCC et le Saint-Siège, alors que des évêques ont été nommés par Pékin et consacrés sans accord du Vatican. En 2018, le Saint-Siège a signé un accord provisoire avec la Chine pour deux ans concernant la nomination des évêques, renouvelé pour deux années supplémentaires en 2020. Les termes de l’accord n’ont pas été rendus publics.

Avec cet accord, le Vatican cherchait à unir les catholiques chinois divisés en deux Églises, tout en ayant son mot à dire pour accepter ou imposer son véto sur les évêques sélectionnés par Pékin. Depuis 2018, six évêques ont été ordonnés avec l’accord de la Chine et du Vatican. Le pape François a également reconnu sept «évêques illicites» qui avaient été ordonnés sans son accord. (cath.ch/eda/bh)

24 août 2022 | 14:06
par Bernard Hallet
Temps de lecture: env. 3 min.
Partagez!