Roumanie: Un prêtre catholique accusé d’avoir été un collaborateur de la Securitate

Choc pour l’Eglise catholique roumaine

Bucarest, 22 mars 2011 (Apic) Le Père Vladimir Peterca, du diocèse de Iasi, dans le nord-est de la Roumanie, aurait été durant de longues années l’un des agents les plus sûrs de la Securitate, la sinistre police secrète du régime communiste roumain. C’est ce qui ressort des dossiers examinés par le Conseil national pour l’étude des archives de la Securitate (CNSAS), et que vient de révéler «Evenimentul Zilei» (l’Evènement du Jour), un quotidien de la capitale Bucarest.

Son curriculum vitae est l’un des plus imposants du catholicisme roumain contemporain: diplômé en exégèse à l’Institut biblique pontifical et en patristique à l’Université Augustinianum de Rome, formé également à l’Université Hébraïque de Jérusalem, docteur en théologie de l’Université Grégorienne, ce prêtre né en 1944 a d’abord enseigné à l’Institut romano-catholique de théologie de Iasi, son diocèse d’origine, dans cette région de Moldavie où l’Eglise romano-catholique (de rite latin) connaît sa plus forte densité.

Une personnalité de grande envergure

Il fut également responsable diocésain de la Caritas et professeur invité d’histoire du christianisme dans des universités allemandes. C’est à Iasi que, selon les révélations parues au début de cette semaine dans la presse de la capitale, il fut recruté en 1971 – trois ans à peine après son ordination – par la Securitate pour fournir des renseignements sur les institutions et le personnel de l’Eglise catholique.

Appelé après la chute du communisme par Mgr Ioan Robu, son ancien condisciple devenu archevêque latin de Bucarest, comme directeur de l’Institut théologique Sainte-Thérèse, devenu également responsable d’émissions religieuses à la radio et à la télévision nationales, c’est durant près de vingt ans au total que le Père Peterca, premier ecclésiastique catholique ainsi «démasqué», aurait dénoncé ses collègues et ses étudiants, obtenant la mise à l’écart de plusieurs prêtres opposés au régime communiste ou théologiens dissidents.

Ses séjours d’études puis d’enseignement à l’étranger, facilités par la police politique, lui auraient permis de rédiger également des rapports sur les ecclésiastiques occidentaux avec lesquels il entrait en contact à ces occasions. Aucun document actuellement connu du CNSAS ne permet de dire qu’il ait jamais renoncé à sa tâche d’informateur jusqu’en 1989, selon le journal.

Attendre la confirmation de la justice avant de prendre des sanctions canoniques

Interrogés mardi 22 mars 2011 par «Evenimentul Zilei», les responsables du diocèse romano-catholique de Iasi ont déclaré ne vouloir prendre aucune sanction canonique contre le Père Vladimir Peterca avant qu’une décision de justice ait confirmé sa culpabilité. D’après les archives de la Securitate, de nombreux documents attentent sa collaboration sous les pseudonymes de «Preda» et «Radu». Ces archives ont d’ailleurs seulement commencé à livrer leur contenu, qui pourrait s’avérer explosif pour d’autres personnalités roumaines, ecclésiastiques (et, dans ce cas, pas uniquement catholiques) ou non. Quant au Père Peterca, il se refuse pour le moment à toute déclaration.

Notons que l’on trouve des informations au sujet du Père Vladimir Peterca sur le site de l’ambassade de France en Roumanie, sous le titre «Un prêtre ancien collaborateur de la Securitate». (Cf.www.ambafrance-ro.org). On peut lire que l’ancien directeur de l’Institut «Sainte Thérèse», le prêtre Vladimir Peterca «est le premier ecclésiastique catholique démasqué par le Conseil national pour l’étude des archives de la Securitate (CNSAS)». On apprend que «durant près de 20 ans, le prêtre a dénoncé ses collègues et ses étudiants de l’Institut Romain Catholique de Iasi, ainsi que les ecclésiastiques occidentaux avec qui il est entré en contact pendant ses études ou lors des missions qu’il effectuait pour les services secrets». (apic/mk/com/be)

22 mars 2011 | 16:51
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture: env. 2 min.
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