Durant ses cinq ans de pontificat, François a eu des paroles très profondes (Photo:Thierry Ehrmann/Flickr/CC BY 2.0)
Vatican

Cinq ans du pontificat: la réforme spirituelle en dix déclarations

Depuis son élection, le 13 mars 2013, le pape François ne s’est pas seulement attelé à une réforme des institutions de la Curie romaine. Comme chef de l’Eglise catholique, le pontife veut aussi transmettre une dynamique spirituelle aux fidèles, allant d’une plus grande attention lors de la messe à l’œcuménisme du sang. Florilège de dix déclarations qui ont fait date.

L’Eglise n’est pas une ONG

«Nous pouvons marcher comme nous voulons, nous pouvons édifier de nombreuses choses, mais si nous ne confessons pas Jésus-Christ, cela ne va pas. Nous deviendrons une ONG humanitaire, mais non l’Église, Epouse du Seigneur. Quand on ne marche pas, on s’arrête. Quand on n’édifie pas sur les pierres qu’est-ce qui arrive ? Il arrive ce qui arrive aux enfants sur la plage quand ils font des châteaux de sable, tout s’écroule, c’est sans consistance. Quand on ne confesse pas Jésus-Christ, me vient la phrase de Léon Bloy: ‘Celui qui ne prie pas le Seigneur, prie le diable’. Quand on ne confesse pas Jésus-Christ, on confesse la mondanité du diable, la mondanité du démon».

Homélie du 14 mars 2013 pour la première messe du pontificat

La miséricorde du Seigneur

«Entrer par cette Porte [sainte] signifie découvrir la profondeur de la miséricorde du Père qui nous accueille tous et va à la rencontre de chacun personnellement. (…) Que de tort est fait à Dieu et à sa grâce lorsqu’on affirme avant tout que les péchés sont punis par son jugement, sans mettre en avant au contraire qu’ils sont pardonnés par sa miséricorde! Oui, c’est vraiment ainsi. Nous devons faire passer la miséricorde avant le jugement, et dans tous les cas le jugement de Dieu sera toujours à la lumière de sa miséricorde».

Homélie du 8 décembre 2015 pour l’ouverture de l’Année de la miséricorde

Les pauvres, chair du Christ

«Ne pensons pas aux pauvres uniquement comme destinataires d’une bonne action de volontariat à faire une fois la semaine, ou encore moins de gestes improvisés de bonne volonté pour apaiser notre conscience. (…). En effet, la prière, le chemin du disciple et la conversion trouvent, dans la charité qui se fait partage, le test de leur authenticité évangélique. Et de cette façon de vivre dérivent joie et sérénité d’esprit, car on touche de la main la chair du Christ. Si nous voulons rencontrer réellement le Christ, il est nécessaire que nous touchions son corps dans le corps des pauvres couvert de plaies».

Message du 19 novembre 2017, pour la première Journée mondiale des pauvres

L’œcuménisme du sang

«Le travail pour l’unité des chrétiens commence par la prière. Prier ensemble. Unité, parce que le sang des martyrs d’aujourd’hui fait que nous sommes un. Il y a l’œcuménisme du sang. Nous savons que quand ceux qui haïssent Jésus-Christ tuent un chrétien, avant de le tuer, ils ne lui demandent pas : «Mais es-tu luthérien, es-tu orthodoxe, es-tu évangélique, es-tu baptiste, es-tu méthodiste?» Tu es chrétien! Et ils lui coupent la tête. Il ne confondent pas, ils savent qu’il y a une racine, là, qui nous donne vie à tous et qui s’appelle Jésus Christ, et qu’il y a l’Esprit Saint qui nous conduit à l’unité! Ceux qui haïssent Jésus Christ, guidés par le malin, ne se trompent pas, ils savent et c’est pour cela qu’ils tuent sans poser de questions».

Discours du 3 juillet 2015 aux membres du renouveau charismatique

Le Père Hamel, un martyr

«Le Père Jacques Hamel a été égorgé sur la Croix, précisément alors qu’il célébrait le sacrifice de la Croix du Christ. Homme bon, (…) il a été assassiné comme s’il était un criminel. Voilà le fil satanique de la persécution. Mais il y a une chose, dans cet homme qui a accepté son martyre là, avec le martyre du Christ, à l’autel. Il (…) n’a pas perdu la lucidité d’accuser et de dire clairement le nom de l’assassin, et il a dit clairement : ‘Va-t’en, Satan !’. (…) Il a donné sa vie dans le sacrifice même de Jésus sur l’autel et de là, il a accusé l’auteur de la persécution : ‘Va-t-en, Satan !’».

Homélie du 14 septembre 2016 à la résidence Sainte-Marthe, en présence de proches du Père Hamel

L’accueil des migrants et des réfugiés

«Aujourd’hui cette question émerge avec force: qui est le responsable du sang de ces frères et sœurs [migrants et réfugiés]? Personne! Tous nous répondons ainsi: ce n’est pas moi, moi je ne suis pas d’ici, ce sont d’autres, certainement pas moi. Mais Dieu demande à chacun de nous: ‘Où est le sang de ton frère qui crie vers moi?’. Aujourd’hui (…) nous avons perdu le sens de la responsabilité fraternelle. (…) La culture du bien-être, qui nous amène à penser à nous-même, nous rend insensibles aux cris des autres, nous fait vivre dans des bulles de savon, qui (…) porte[nt] à l’indifférence envers les autres, et même à la mondialisation de l’indifférence».

Homélie du 8 juillet 2013, lors de la visite à Lampedusa

Les Rohingyas

«Chers frères et sœurs, la tradition judéo-chrétienne de la Création dit que le Seigneur qui est Dieu a créé l’homme à son image et à sa ressemblance. Nous tous, nous sommes son image. Et aussi ces frères et sœurs [rohingyas]. Eux aussi sont aussi l’image du Dieu vivant. (…) Ces frères et sœurs portent en eux le sel de Dieu. Chers frères et sœurs, faisons seulement voir au monde ce que fait l’égoïsme du monde avec l’image de Dieu. (…) Ne fermons pas notre cœur, ne regardons pas ailleurs. La présence de Dieu, aujourd’hui, s’appelle aussi Rohingyas».

Déclaration du 1er décembre 2018 à Dacca (Bangladesh), à l’issue d’une rencontre interreligieuse

Qui suis-je pour juger?

«Je crois que lorsqu’on se trouve avec une telle personne [homosexuelle] on doit distinguer le fait d’être ›gay’, du fait de faire un lobby ; parce que les lobbies, tous ne sont pas bons. Celui-ci est mauvais. Si une personne est gay et cherche le Seigneur, fait preuve de bonne volonté, qui suis-je pour la juger? (…) Le problème n’est pas d’avoir cette tendance, non, nous devons être frères, car ceci est une chose, mais s’il y a autre chose, autre chose. Le problème est de faire de cette tendance, un lobby».

Conférence de presse du 28 juillet 2013, dans l’avion de retour des JMJ de Rio

L’intelligence du diable

«[Le mal] n’est pas une chose diffuse, c’est une personne. Je voudrais dire quelque chose dont je suis convaincu: avec Satan on ne peux pas discuter. Si tu commences à parler à Satan tu es perdu. Il est plus intelligent que nous. Il te renverse, te donne le vertige et tu es perdu. Non, va-t’en».

Déclaration dans l’émission ›Padre Nostro’ de la chaîne italienne TV2000, diffusée le 13 décembre 2017

La messe n’est pas un spectacle

«Pourquoi à un certain moment, le prêtre qui préside la célébration dit-il: ‘Elevons nos cœurs?’. Il ne dit pas: ‘Elevons nos téléphones portables pour prendre une photo!’. Non, c’est une chose laide! Et je vous dis que je trouve cela très triste quand je célèbre ici, sur la place, ou dans la basilique, et je vois tant de portables levés, pas seulement ceux des fidèles, mais aussi de certains prêtres et également d’évêques. (…) La messe n’est pas un spectacle: c’est aller à la rencontre de la passion et de la résurrection du Seigneur».

Audience générale du 8 novembre 2017

(cath.ch/imedia)

Durant ses cinq ans de pontificat, François a eu des paroles très profondes
12 mars 2018 | 13:45
par Raphaël Zbinden
Temps de lecture: env. 5 min.
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