Le pape a appelé les juges et avocats à s'inspirer de l'exemple de Jésus (capture d'écran Réseau mondial de prière)
Vatican

Cinq fondements d’une nouvelle justice sociale, selon le pape

«Ce qui est juste est une tâche à conquérir chaque jour», a déclaré le pape François le 30 novembre 2020, dans une vidéo envoyée à des juges d’Afrique et d’Amérique participant à un forum sur la justice sociale. Évoquant cinq principes fondamentaux d’un renouveau de la justice sociale dans le monde, le pape a insisté sur le fait qu’il »n’y a pas de justice sociale qui puisse se fonder sur l’inégalité».

Le pape François a prononcé le discours d’une conférence internationale en ligne intitulée La construction de la justice sociale, parrainée notamment par l’Académie pontificale des sciences, qui rassemble du 30 novembre au 1er décembre des juges venant d’Amérique et d’Afrique. Dans «une société qui regarde aujourd’hui avec une certaine méfiance et suspicion ceux qui détiennent le pouvoir de décider de ce qui est juste», cet événement est, selon le pontife, un «baume de guérison», car «lorsqu’une justice est vraiment juste, elle rend les gens heureux et ses habitants dignes». Le pontife est ensuite intervenu dans une seconde vidéo pour proposer une courte méditation sur la «nouvelle et urgente pratique judiciaire» dont le monde a besoin.

Cinq principes : la réalité, les moyens, les autres, l’histoire, le peuple

Cette «révision conceptuelle» du principe de justice sociale, a affirmé le pape argentin, se décline en cinq principes. Elle doit d’abord prendre en compte la dimension de la réalité, c’est-à-dire ne pas nier les réelles inégalités entre «une minorité vivant dans l’opulence» et un nombre croissant de personnes «privé de dignité». 

Elle doit aussi réfléchir aux «moyens de rendre la justice». «Ce qui est juste est une tâche à conquérir chaque jour, car le déséquilibre est la tentation de chaque instant», a insisté le pontife. 

De plus, a martelé le pape François, il ne peut y avoir de «nouvelle justice sociale» sans un «engagement inconditionnel» pour les autres et «surtout les plus faibles». «Nous avons pris l’habitude d’ignorer les situations jusqu’à ce qu’elles nous touchent directement», a déplore-t-il, mettant en garde contre une «culture de l’indifférence». 

Une réflexion sur la justice sociale doit en outre prendre l’histoire comme «principe directeur», car  «le passé est la source de toutes les expériences». «C’est là que se trouve le sang de ceux qui ont donné leur vie pour une humanité pleine et intégrée», a insisté François. 

Enfin, la justice sociale n’est rien sans «le désir libre, pur et simple d’être un peuple«, a expliqué le successeur de Pierre. Il a mis en garde contre la tentation d’agir en «élite éclairée», ce qui dans l’Église, selon lui, se manifeste par le cléricalisme. 

Rendre aux pauvres «ce qui leur appartient»

Dans un second temps, le 266e pape a réaffirmé la subordination du droit à la propriété comme subordonné à «la fonction sociale de l’une ou l’autre de ses formes». La tâche des juges doit donc se nourrir du «simple fait de savoir que, lorsque nous nous résolvons dans la loi, nous donnons aux pauvres les choses indispensables, nous ne leur donnons pas nos choses, ni celles des autres, mais nous leur rendons ce qui leur appartient». 

«Il n’y a pas de justice sociale qui puisse se fonder sur l’inégalité, ce qui implique la concentration des richesses», a insisté l’évêque de Rome. Il a demandé aux juges de «lutter contre cette culture qui conduit à l’utilisation des autres, à l’asservissement des autres, et qui finit par enlever la dignité des autres».

La justice est une poésie

Dans son message d’accueil, le pontife a aussi rappelé une précédente rencontre organisée le 4 juin 2019 à la Casina Pio IV, au Vatican. Le pape avait comparé le travail des juges à celui de poètes et a souhaité poursuivre cette réflexion. Les juges ont pour mission, selon lui, de composer «une poésie qui guérit les blessures des pauvres, qui intègre la planète, qui protège la terre mère et tous ses descendants. Une poésie qui répare, rachète, nourrit». A contrario, le pontife avait renchérit qu’un «poème qui ne se transforme pas n’est qu’un tas de mots morts». (cath.ch/imedia/cd/gr)

Le pape a appelé les juges et avocats à s'inspirer de l'exemple de Jésus (capture d'écran Réseau mondial de prière)
1 décembre 2020 | 12:02
par I.MEDIA
Temps de lecture: env. 3 min.
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