Les participants à la 38e «Rencontre internationale et interconfessionnelle des religieux et religieuses» (EIIR), à Sankt Niklausen (OW) | © DR
Suisse

Depuis 50 ans, la vie consacrée au service de l’unité des chrétiens

Une cinquantaine de personnes se sont rassemblées à Sankt Niklausen (OW), patrie de Nicolas de Flue, dans le centre de Bethanien, pour la 38e «Rencontre internationale et interconfessionnelle des religieux et religieuses» (EIIR), du 6 au 12 juillet 2022. Cette année marquait les 50 ans de cette association œcuménique qui a changé son nom, s’appelant aujourd’hui «Synaxe».

Martin Hoegger, pasteur de l’EERV*

Mgr Athénagoras, archevêque orthodoxe du Bénélux (Patriarcat œcuménique) et président de l’EIIR, a ouvert cette rencontre affirmant que la vie consacrée est un foyer d’unité. Ce fut aussi le sens du message d’Anne Burghard, la secrétaire générale de la Fédération luthérienne mondiale pour qui la prière à laquelle se consacrent les religieux est source de toute unité et de toute action.

Oecuménisme spirituel

Le cardinal Kurt Koch, président du Conseil pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens, a écrit aux participants que les rencontres de l’EIIR sont un élément important de l’œcuménisme spirituel qui est l’âme de la quête de l’unité chrétienne. Quant au Patriarche Bartholomée, il affirme dans ses salutations que les monastères sont un pont entre l’Orient et l’Occident et élèvent une protestation contre des chemins de sécularisation dans l’Église.

Pour approfondir le thème de «la vie consacrée au service de l’unité des chrétiens», plusieurs conférences ont été données, entre autres par le Père Hyacinthe Destivelle (Vatican), l’archevêque Job de Telmessos (Patriarcat de Constantinople), Sœur Anne-Emmanuelle, prieure de la communauté de Grandchamp (NE), Mère Gabriela, du monastère orthodoxe roumain de Voronets, Dom Michel Van Parys (Chevetogne-communauté des bénédictins en Belgique), le chanoine Claude Ducarroz, ancien prévôt de la cathédrale de Fribourg, le Père dominicain Guido Vergauwen (Institut d’études oecuméniques, Fribourg) et le pasteur Jean-Philippe Calame (Église réformée évangélique de Neuchâtel).

Mémoire des fondateurs, des premières communautés… et de Frère Nicolas

Cette semaine a d’abord été l’occasion de faire mémoire des fondateurs de ces rencontres: l’archevêque grec orthodoxe Emilianos Timiadis et le Père Julian Garcia Hernando, catholique espagnol. Leur rencontre a été déterminante et le fruit en a été la création de «l’Encuentro International e Interconfesional de Religiosas y de Religiosos» (EIIR), où ils ont lié de profondes amitiés avec des communautés de toute l’Europe.

L’importance de la vie religieuse pour l’unité chrétienne était clairement devenue pour eux une priorité. La présence dynamique des Missionnaires de l’unité, mouvement catholique espagnol suscité par le Père Hernando et des sœurs protestantes de la Communauté de Grandchamp (où a eu lieu la première rencontre en 1970), a aussi rappelé que dès le début cet élan a été porté par des communautés dont l’unité est la vocation.

La maison d’accueil Bethanien (OW) | © chemin-neuf.ch

La maison de Bethanien à S. Niklausen, où vivent des sœurs dominicaines et la Communauté du Chemin Neuf, se trouve à un jet de pierre de la vallée du Ranft, lieu de l’ermitage où Nicolas de Flue a passé trente ans de jeûne et de prière. «Qu’inspirés par Frère Nicolas, les peuples d’Europe trouvent un chemin de paix!» Tel a été le souhait de Jenny Donno, qui a introduit le groupe à la spiritualité si actuelle de Frère Nicolas! Son appel à la paix intérieure, sans laquelle il n’y a pas d’unité dans la communauté, est un message très parlant pour des religieux.

Un oecuménisme du cœur

Par le récit de ces 50 ans de fidélité, les participants ont fortifié leur désir de continuer ces rencontres, où il n’y a pas de supériorité d’une Église sur une autre. L’esprit œcuménique, c’est d’apprendre les uns des autres et surtout du Christ. Dans ces rencontres se vit en effet un «œcuménisme du cœur». «Après cette semaine, nous sommes dans l’action de grâce et encouragés à renouveler notre engagement pour l’unité chrétienne, persuadés qu’elle avance autant par la recherche théologique que par la fraternité vécue et la prière partagée», dit la conclusion à cette rencontre.

L’eucharistie et la prière sont au cœur de la vie des communautés de vie consacrée. Elles ont aussi été les axes de cette rencontre, où les participants ont communié à la beauté des liturgies respectives. Ces moments ont été à la fois une grande joie, mais aussi une souffrance, à cause de l’impossibilité d’une communion eucharistique sans restriction. Mais plusieurs ont dit que leur désir de l’intercommunion a été vivifié et que l’Esprit saint le fera aboutir. Les trois moments de Lectio divina animés par trois membres du comité de l’École de la Parole en Suisse romande ont été aussi des temps beaux et forts. Mettre la Parole de Dieu au centre de ces rencontres dans un esprit d’écoute, de silence, de partage et de prière est une source de communion qui adoucit toute douleur.

Reconnaître les faiblesses

Certains cheminent depuis de longues années avec cette association qui veut se mettre à l’écoute des plus jeunes pour mieux les intégrer. Mais elle reconnaît aussi sa petitesse et sa difficulté à communiquer avec les autres communautés religieuses. Deux autres associations réunissant des religieuses et des religieux poursuivent des buts semblables. «L’œcuménisme commence par le constat de nos manques. Nous avons besoin les uns, les unes des autres et de mieux connaître les richesses des autres. Pourquoi ne pas tenter d’associer nos forces?», dit l’envoi final. Cela rejoindrait en tout cas l’esprit des fondateurs qui ont été des hommes libres et ouverts.

Amitié en Christ

Par une réflexion théologique vivante et priante, les religieux et les religieuses ont conscience de rendre un service pour le chemin œcuménique de toute l’Église. Le bel équilibre vécu durant cette rencontre entre la vie fraternelle, la prière et la réflexion théologique, «trois fils à tisser toujours ensemble», est une grâce qui transforme.  

«Dans ces sources jaillissantes, le Christ nous unit et nous tire en avant bien au-delà de ce que nous pourrions imaginer dans notre pèlerinage vers le Père. Qui pourrait nous séparer de son amour et les uns, les unes des autres», dit encore l’envoiLes participants se sont engagés à rester en lien par la prière, l’amitié, les moyens de communication et des visites réciproques…dans l’attente de la prochaine rencontre qui se tiendra sans doute en 2024 dans un pays orthodoxe. 

A l’occasion de cette rencontre à S. Niklausen, un livre richement illustré a été publié, retraçant le parcours de l’association, avec quelques conférences marquantes. (cath.ch/mh/rz)

*Eglise évangélique réformée du canton de Vaud

Les participants venaient de Suisse, de France, d’Italie, d’Espagne, de Belgique, d’Allemagne, de Roumanie, de Hongrie, de Bulgarie. Les communautés catholiques étaient franciscaine, bénédictine, cistercienne, dominicaine, grecque catholique, claretaine, de saint André, de saint Vincent, religieuses de la Providence, religieuses de Soleilmont, Ancelles du Sacré Cœur, Sacrés cœurs de Jésus et de Marie et de l’adoration (Picpus), sœurs des Myrophores.
Communautés protestantes: Grandchamp, Neuendettelsau, Reuilly, Pomeyrol.
Communautés orthodoxes : Patriarcats de Constantinople, de Roumanie et de Bulgarie.
Communautés nouvelles: Bose, Chemin neuf, Focolari, Missionnaires de l’unité, Fraternité du Bon samaritain, Communion de Penouel.
On comptait aussi 3 archevêques, 2 prêtres, deux diacres et une théologienne orthodoxes, 1 archevêque grec-catholique, 4 prêtres catholiques et 3 pasteurs protestants. MH

Les participants à la 38e «Rencontre internationale et interconfessionnelle des religieux et religieuses» (EIIR), à Sankt Niklausen (OW) | © DR
18 juillet 2022 | 09:32
par Rédaction
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