Egypte: à al-Forn, les forces de sécurité empêchent des coptes de prier

Les forces de l’ordre égyptiennes ont empêché des chrétiens coptes de célébrer la messe dans le village d’Ezbat al-Forn, dans le gouvernorat de Minia, à 245 km au sud du Caire. Raison invoquée: leur lieu de culte n’avait pas été légalisé.

Le matin du 20 août, les forces de sécurité ont empêché un certain nombre de croyants coptes, accompagnés de leur prêtre, de célébrer la messe dans l’un des bâtiments du village d’al-Forn. Les coptes de la région ont surnommé ce local «église de la Vierge». Ils ne peuvent en effet plus célébrer dans leur église, fermée pour des raisons inconnues en 2004. La police a refusé de reconnaître le bâtiment en tant qu’église du fait qu’il n’avait pas de permis officiel d’usage en tant que lieu de culte pour les chrétiens.

Permis officiel exigé pour une église

Une source de l’évêché copte orthodoxe de Minia, ayant requis l’anonymat, déclare que le village d’al-Forn (le four) compte environ 400 fidèles coptes et ne possède plus d’église en fonction. Ce qui a poussé les coptes, depuis plusieurs années, à choisir un bâtiment à l’intérieur du village, en plein milieu d’un quartier habité par des  chrétiens, et à l’utiliser comme église temporaire.

Famille copte dans un village de Haute-Egypte (Photo: Jacques Berset)

Les cérémonies religieuses étaient célébrées avec l’acceptation orale des responsables de la sécurité de la ville, ce qui explique que cette pratique a pu durer des années. L’évêché copte avait même assigné l’un de ses prêtres, le Père Boutros Aziz, au service de ces fidèles. Tout montrait que la situation était stable, tant avec les autorités qu’avec les musulmans, et même avec les quelques fondamentalistes du village.

Entente avec les musulmans

Mais le dimanche 20 août, à 6h du matin, les évènements ont pris une toute autre tournure à l’arrivée du curé du village: un cordon de policiers encerclait le bâtiment. Le Père Aziz et les fidèles ont été empêchés par force d’y pénétrer sous prétexte  qu’ils ne possédaient pas de permis pour prier.

La fête de l’Assomption, célébrée selon le calendrier copte le 22 août, a été transférée dans un village voisin, un chemin de quelques kilomètres difficile à emprunter pour les personnes âgées, les femmes enceintes et les enfants, surtout dans la chaleur torride de l’été qui prévaut dans cette région chaude, au sud de l’Egypte.

Version officielle divergente

Pour les rituels quotidiens, les coptes ont prié 4 fois de suite dans la rue, sans aucun problème. Une excellente réponse à ceux qui prétendent qu’il existe des tensions entre chrétiens et musulmans dans le village d’al-Forn. Selon le brigadier Mohamed Salah, des musulmans ont voulu empêcher les coptes de tenir leurs prières dans des maisons qui n’ont pas de licence en tant que lieux de culte. C’est ce qui a provoqué l’intervention des forces de sécurité, pour éviter des accrochages entre les communautés.

Dans un autre contexte, le jour même de l’Assomption, une femme sortant d’une église a été hospitalisée après avoir été poignardée à la sortie d’une église d’Alexandrie, sur la Méditerranée. L’auteur du crime a pris la fuite sans être et n’a pas été arrêté. (cath.ch/ll/be)

Haute-Egypte Intervention des forces de sécurité devant l'église du village d'al-Forn
23 août 2017 | 12:31
par Jacques Berset
Temps de lecture: env. 2 min.
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