Egypte: les coptes de plus en plus critiques envers Al-Sissi

60 millions d’électeurs égyptiens sont invités à s’exprimer dans les urnes du 26 au 29 mars 2018. Les 10 à 12% de coptes du pays sont de plus en plus critiques envers le président sortant Abdel-Fattah Al-Sissi, mais devraient néanmoins soutenir sa réélection.

Les Eyptiens choisiront l’un des deux seuls candidats: le président sortant, Abdel-Fattah Al-Sissi, qui dirige le pays depuis 4 ans, et Moussa Moustapha Moussa, président d’un minuscule parti politique, Al-Ghad (Le Lendemain).

Une victoire qui ne fait aucun doute

Les observateurs n’ont aucun doute sur la victoire d’Abdel-Fattah Al-Sissi pour un second mandat de 4 ans. Cet ancien général de l’armée, âgé de 63 ans, a pris les rênes du pouvoir en Egypte en juin 2014, suite à un soulèvement populaire contre le régime des Frères musulmans. Entre 30 et 35 millions d’Egyptiens s’étaient soulevés les 3 derniers jours de juin 2013 pour contester ce régime politique religieux qui avait favorisé le fondamentalisme musulman et qui était accusé de nuire à l’union nationale. Un gouvernement sous lequel la minorité chrétienne copte se sentait plus menacée que jamais.

Le pape Tawadros, chef spirituel des coptes orthodoxes d’Egypte, a incité ses coreligionnaires à participer aux présidentielles: «Ne vous lassez pas, a-t-il déclaré à une chaîne de télévision pro-gouvernementale. Allez aux urnes, comme si vous défendiez votre patrie». La majorité des responsables religieux chrétiens, tous rites confondus, ont fait des déclarations similaires, incitant leurs fidèles à participer massivement aux élections.

Pour ou contre Al-Sissi

Ces déclarations interviennent alors que des opinions opposées circulent parmi les fidèles.

Il existe en fait un sérieux risque de boycott ou d’abstention. Certains iront aux urnes pour exprimer leur fidélité à un président qui les a sauvés d’un régime islamiste et qui travaille à faire remonter la pente à une économie en difficulté, notamment en lançant d’ambitieux projets d’infrastructures.

D’autres ont annoncé leur intention de s’abstenir, estimant qu’Al-Sissi n’avait pas suffisamment tenu ses promesses de sécurité. Ils mettent en avant le nombre croissant d’attaques meurtrières contre la communauté copte, les églises fermées, profanées, endommagées à l’explosif ou incendiées. Il reprochent également au président sortant la dévaluation de la livre égyptienne, en 2016, qui a suscité une forte hausse des prix. La mesure a prétérité la frange la plus pauvre de la population, dont de nombreux coptes font partie.

Des coptes marginalisés

Les chrétiens d’Egypte représentent entre 10 et 12% de la population. Ils forment la plus importante minorité chrétienne du monde arabe. Ils se plaignent souvent d’une certaine marginalisation sociale, notamment par rapport à leur difficulté à accéder aux fonctions officielles supérieures. Un phénomène surtout observable en Haute-Egypte.

Au cours des quatre dernières années, les coptes ont en outre été la cible de dizaines d’attentats, souvent revendiqués par Daech ou ses branches locales. Des attaques qui ont coûté la vie à des centaines de chrétiens.

L’Etat égyptien prévoit une possible hausse de la violence pendant les élections présidentielles. Des milliers de policiers et de soldats ont été appelés à sécuriser les bureaux de vote et les plus importantes agglomérations.

Les résultats définitifs des présidentielles seront annoncés le lundi 2 avril 2018.  (cath.ch/ll/rz)

Egypte La minorité copte exposée au milieu d'une majorité musulmane | © Jacques Berset
26 mars 2018 | 11:27
par Raphaël Zbinden
Temps de lecture: env. 2 min.
Coptes (63), Egypte (286)
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