Durant leur enfance ou leur vie consacrée

Etats-Unis: Près de 40% des religieuses victimes de traumatismes sexuels

St-Louis, 6 janvier 2002 (APIC) Près de 40% des religieuses catholiques vivant aux Etats-Unis ont été victimes de traumatismes sexuels durant leur enfance ou leur vie consacrée. Selon une étude menée par l’Université de St- Louis ce pourcentage correspond à un minimum de 34’000 personnes. Les résultats de cette recherche réalisée en 1996 sont restés confidentiels à la demande de responsables d’Eglise, jusqu’à sa publication dans l’édition du 4 janvier du quotidien «St-Louis Post Dispatch».

L’évaluation globale des 40% repose sur plusieurs faits statistiques. Près d’une religieuse sur cinq a été abusée durant son enfance. La plupart de ces abus ont été commis par des personnes appartenant par la famille proche et 9% par des prêtres, des religieuses ou des personnes consacrées.

Une religieuse sur huit reconnaît avoir été victimes d’abus sexuels, dont les trois quart de la part d’un prêtre, d’une religieuse ou d’une personne consacrée. L’étude mentionne des situations de harcèlements, d’attouchements et pour 40% de rapports génitaux.

Quelle que soit la nature de l’inconduite sexuelle, les chercheurs précisent que les victimes souffrent de troubles psychologiques, notamment sous forme de dépression. 1’164 religieuses appartenant à 123 ordres ont participé à cette recherche.

Etude maintenue confidentielle

L’étude menée en 1996 par les psychologues John T. Chibnall et Ann Wolf n’a été publiée en 1998 que dans deux revues de théologie à faible tirage et non accessibles au grand public. John Chibnall précise que les chercheurs ont accepté la demande de la direction de la Conférence des religieuses de maintenir leur étude sous silence pour éviter que la presse «ne tourne les conclusions au sensationnalisme». Une porte-parole de la Conférence épiscopale des Etats-Unis assure que les évêques n’étaient pas au courant de cette recherche.

Un problème endémique

John Chibnall souligne que «Les femmes ont été pendant des siècles les piliers de l’Eglise et un nombre significatif d’entre elles en ont aussi été les victimes en raison des structures même de cette institution à laquelle elles ont dédié leur vie.» Ann Wolf, pour sa part, appelle les responsables de l’Eglise catholique à reconnaître la situation. «Les évêques se sont focalisés sur les abus commis sur des enfants, mais, estime- t-elle, le problème est bien plus large.»

Une Eglise à l’image de la société

La recherche sur les abus commis sur des religieuses s’inscrit dans la même tendance que celles réalisées dans le monde professionnel civil. Une étude nationale montrait en 1994 qu’aux Etats-Unis 31 % des femmes étaient sexuellement harcelées sur leur lieu de travail. Une autre étude indique que 20% à 27% des femmes aux Etats-Unis ont été victimes d’abus, alors qu’elles étaient encore mineures.

L’étude préliminaire menée par Ann Wolf en 1995, à laquelle ont participé 578 religieuses, indique que la moitié d’entre elles ont connu durant leur vie consacrée des rapports sexuels consentants, généralement avec une autre religieuse ou un prêtre. Si beaucoup de ces relations ont été décrites comme «aimantes et respectueuses», certaines religieuses jugent leur vie sexuelle comme «inadéquate et humiliante». (apic/st- louispost/sh)

6 janvier 2003 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture: env. 2 min.
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