Rome: Prêtre et franc-maçon, Pascal Vesin ne perd pas espoir d’être reçu par le pape

Etudier les relations entre l’Eglise et la franc-maçonnerie

Rome, 10 septembre 2013 (Apic) Quinze jours après son arrivée à Rome, au terme d’un long voyage à pied depuis son diocèse d’origine d’Annecy en France, le Père Pascal Vesin, récemment suspendu pour son appartenance à la franc-maçonnerie, ne perd pas espoir de rencontrer le pape François. S’il a déjà été brièvement reçu à la Congrégation pour la doctrine de la foi (CDF), Pascal Vesin souhaite parler directement au pape de l’injustice dont il s’estime victime. Il voudrait en outre qu’une commission soit mise en place pour étudier les relations entre l’Eglise et la franc-maçonnerie, que l’histoire a souvent opposées.

L’annonce de sa suspension date du 23 mai dernier. Cette décision, confie Pascal Vesin à I.MEDIA, est tombée «comme un couperet» alors qu’il était depuis deux ans en dialogue avec son évêque, Mgr Yves Boivineau, du diocèse d’Annecy. Du jour au lendemain, ses responsabilités dans sa paroisse de Megève lui ont été retirées et l’interdiction de célébrer et de communier lui a été signifiée. Son appartenance au Grand Orient de France était connue de la hiérarchie, suite à un courrier anonyme envoyé à la nonciature apostolique à Paris, qui avait transmis ce cas à la Congrégation pour la doctrine de la foi.

Depuis, fort du soutien de ses amis, maçons et anciens paroissiens, le prêtre a décidé de lutter pour prouver la compatibilité entre ses deux appartenances. Il a d’abord écrit au pape, puis a choisi de se mettre en chemin à pied jusqu’à Rome, pendant 40 jours, pour aller présenter directement son combat au souverain pontife. Sur la route, il a rédigé un nouveau courrier, long et explicatif, pour présenter sa démarche.

Longue attente

Mais depuis son arrivée à Rome, ses efforts n’ont guère porté de fruits. Par le biais de certains contacts, parmi lesquels, selon le Père Vesin, des membres de la curie, il a obtenu une entrevue avec le sous-secrétaire de la CDF. «Il m’a considéré comme quantité négligeable», déplore le prêtre maçon, qui souligne que le prélat n’a fait que lui «rappeler la loi» et le fameux texte de 1983. Alors à la tête de la CDF, le cardinal Ratzinger avait rappelé l’incompatibilité entre les principes de la franc-maçonnerie et ceux de la foi chrétienne, précisant que l’inscription à ces associations restait «interdite par l’Eglise».

Pour le Père Vesin, ordonné en 1996 et initié en maçonnerie quatre ans plus tard, par curiosité intellectuelle, sa démarche se trouve sur deux niveaux, l’un personnel, l’autre plus large. En effet, il ne demande pas seulement que soit levée la sanction qui pèse sur lui, mais aussi que l’Eglise reconsidère la franc-maçonnerie. A ses yeux, si les deux institutions ont longtemps été antagonistes, les motifs pour lesquels elles demeurent ennemies sont désormais «anachroniques».

Etablir un dialogue

Le prêtre, qui affirme que la franc-maçonnerie doit en finir avec la culture du secret, «source de fantasmes», se propose ainsi de cesser de fréquenter sa loge pendant quelques années, le temps de mener une étude approfondie sur les relations entre catholiques et maçons, aidé par des historiens et des théologiens. Son idée est de mettre en place une commission dédiée, en France, et de rétablir un dialogue.

«Je sais que le pape François est très occupé», reconnaît le Père Vesin, qui espère cependant encore le rencontrer. «Je porte une question qui me dépasse, assure-t-il, et si on ne me renvoie pas la balle, cela aura quand même été une belle expérience».

La franc-maçonnerie, où le symbolique et le rituel jouent un rôle important, prône l’indépendance de toute vérité révélée et suscite depuis longtemps la méfiance de l’Eglise. Le nœud de l’incompatibilité est, selon Rome, le relativisme qui découle de cette position. (apic/imedia/mm/mp)

10 septembre 2013 | 12:15
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture: env. 3 min.
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