Europe de l'Est: Les évêques divisés sur l'accueil des réfugiés

Varsovie, 16.09.2015 (cath.ch-apic) Alors que le pape François ne cesse d’exhorter les catholiques à se montrer accueillants envers les réfugiés qui fuient les situations de guerre et de violence, les évêques catholiques polonais, hongrois, tchèques et slovaques apparaissent très divisés sur cette question.

Contrastant avec les voix épiscopales est-européennes pour le moins sceptiques à l’idée d’accueillir dans leur pays des réfugiés de religion musulmane, Mgr Krzysztof Zadarko, évêque auxiliaire du diocèse polonais de Koszalin-Kolobrzeg, assure que la Pologne pourrait recevoir 30’000 réfugiés «sans problèmes».

La Pologne peut recevoir 30’000 réfugiés «sans problèmes»

Cet ancien aumônier au service de la pastorale des Polonais en Suisse, responsable du Conseil de la Conférence épiscopale de Pologne pour la migration, le tourisme et les pèlerinages, a déclaré à l’agence de presse catholique KAI à Varsovie qu’en 1997, durant la guerre de Tchétchénie, plus de 110’000 Tchétchènes avaient trouvé refuge en Pologne. Près de 10’000 d’entre eux vivent encore dans le pays, sans que cela ne pose de problèmes, a-t-il laissé entendre.

L’évêque auxiliaire relève que le nombre de 30’000 correspond au nombre de paroisses en Pologne. Il a en même temps souligné que les réfugiés ne devaient pas être reçus différemment en raison de leur race ou de leur religion. A ses yeux, ce serait très mal si les réfugiés ne devaient pas connaître «notre attitude chrétienne». La semaine dernière, la Conférence épiscopale polonaise avait offert son aide pour l’accueil des réfugiés, tout en affirmant qu’elle n’allait pas agir de son propre chef. Elle estime que c’est le devoir du gouvernement de garantir aux réfugiés la sécurité et les soins de base.

Priorité aux réfugiés chrétiens

Contrastant avec cette ouverture, des prélats polonais, hongrois ou slovaques estiment que l’intégration de réfugiés chrétiens dans leur pays est sans conteste plus facile que celle de musulmans. C’est ainsi l’avis de Mgr Henryk Hoser, archevêque de Varsovie-Praga, qui se montre sceptique face à l’appel du pape François.

Adoptant la même position que celle de la Slovaquie voisine, il est d’avis qu’il faut donner avant tout la priorité aux réfugiés chrétiens. Les musulmans pourraient plus tard créer un «ghetto» où pourraient se développer «la violence et le terrorisme». «Soyons réalistes!», a-t-il martelé dans une interview à l’agence de presse catholique KAI. Son point de vue est partagé par des politiciens catholiques conservateurs comme Pawel Keska, membre de la Plate-forme civique et ministre de la Justice de 2011 à 2013.

«Les réfugiés ne méritent aucun soutien», lance Mgr Laszlo Kiss-Rigo

Bien plus direct encore, Mgr Laszlo Kiss-Rigo, évêque de Szeged-Csanád, en Hongrie, a déclaré que les réfugiés musulmans en Hongrie étaient un danger pour «les valeurs universelles chrétiennes» de l’Europe et qu’ils étaient de plus «arrogants» et «cyniques». Il a estimé que le pape François n’avait «aucune idée de la situation» dans son pays.

Parlant d’»invasion», il a déclaré au «Washington Post» que nombre de ces «soi-disant» réfugiés sont en fait des migrants économiques, et qu’ils ne méritaient aucun soutien, «parce qu’ils ont de l’argent». Il a déclaré partager totalement la politique du Premier ministre Viktor Orban, qui a adopté une ligne très dure envers les réfugiés.

De son côté, le cardinal Dominik Duka, archevêque de Prague, déclare que l’Eglise doit évidemment recevoir les affligés à bras ouverts, mais il faut tout de même rester «vigilants». En effet, a-t-il déclaré sur les ondes de la radio catholique tchèque «Proglas», il y a le risque que des «ennemis» viennent aussi avec la vague des réfugiés. Il relève qu’»il est finalement connu que des jeunes hommes et même des enfants sont utilisés pour commettre des actes terroristes». Et l’archevêque de Prague d’ajouter que «le droit à la vie et à la sécurité de nos familles et des citoyens de ce pays est au-dessus de tous les autres droits». (apic/kai/kathpress/be)

16 septembre 2015 | 17:49
par Jacques Berset
Temps de lecture: env. 3 min.
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