Charlie Chaplin Les Temps modernes (Photo:  fr.wikipedia.org)
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Les évêques du Québec s'inquiètent des conséquences de la «quatrième révolution industrielle»

Les évêques catholiques du Québec s’inquiètent des conséquences sociales de la «quatrième révolution industrielle», en référence aux importants bouleversements induits par les  dernières avancées technologiques, notamment  en matière de puissance de  calcul, de connectivité et de biotechnologies.

Ils prônent un «projet collectif de formation et d’éducation qui assurera à chaque personne la dignité par le travail» et appellent à une «véritable mobilisation».

Dans son traditionnel message du 1er mai, Journée internationale des travailleurs et des travailleuses, le conseil «Eglise et Société» de l’Assemblée des évêques catholiques du Québec se livre à une réflexion sur les bouleversements technologiques et leurs impacts sur les travailleurs. Cette «quatrième révolution industrielle» refaçonne la société, avec des conséquences sur le bien commun, l’emploi, la distribution des revenus et la cohésion sociale.

Des conséquences négatives sur le bien commun

S’inspirant des réflexions du pape François dans son encyclique «Laudato si’», les évêques catholiques du Québec soulignent la nécessité de miser toujours davantage sur un développement du capital humain en réponse au développement technologique.

«Les   bouleversements   technologiques   auxquels fait  face  la  société  d’aujourd’hui  sont  susceptibles d’avoir des conséquences sur le bien commun, sur l’emploi,  sur  la  distribution des revenus ainsi que sur la cohésion sociale», écrivent-ils.  »Les machines remplaceront-elles les humains? Même si elles ne les remplacent pas, auront-elles un impact sur les salaires? Sur les inégalités de revenus et de richesse?», demande notamment ce 42e texte annuel produit par l’épiscopat québécois pour le 1er mai.

Pour les évêques, il est important d’apporter des réponses à ces interrogations, «car on n’en est plus seulement à la substitution du travail humain par la machine, on en est à la reconfiguration même des modes de production et de distribution».

Préserver la dignité des travailleurs

Afin de diminuer le plus possible les effets délétères des bouleversements technologiques sur la vie des travailleurs, les évêques souhaitent que la société québécoise toute entière se mobilise autour d’un «projet d’éducation et de formation» apte à préserver la dignité des travailleurs face «aux impacts négatifs de la nouvelle phase de développement technologique sur le monde du travail».

Le message des évêques mentionne quelques-unes de ces nouvelles technologies: le téléphone cellulaire qui, grâce à une application ingénieuse, permet de suivre des indicateurs de santé; des voitures qui se conduisent toutes seules et qui nous emmènent à bon port, en toute sécurité; l’économie de «partage» des entreprises Uber, AirBnB , et autres, qui permettent d’accéder à des ressources inutilisées, ou sous-utilisées; des usines robotisées (avec des imprimantes 3D) où l’on produit des pièces ou autres biens en petite série, à proximité des marchés, etc. De là la nécessité de se doter d’une stratégie numérique.

Miser sur le développement du capital humain

«On n’en est plus seulement à  la substitution du travail humain par la machine, on en est à la reconfiguration même des modes de production et de distribution», constatent-ils. Et de se demander comment favoriser l’emploi, une meilleure distribution des revenus et par conséquent  la  cohésion sociale, «sans  ramer à  contre-courant  de  cette nouvelle  phase  de  développement  technologique».

Les évêques sont d’avis qu’il faut miser, plus encore qu’à l’heure actuelle, sur un développement du  capital   humain  en   réponse   au  développement technologique, sans oublier le «devoir d’aide et de protection des plus démunis, de celles et de ceux qui ne sont pas en mesure de prendre ce virage de formation».

Promouvoir la justice sociale et le respect des droits de la personne

L’Assemblée des évêques catholiques du Québec publie un message du 1er mai depuis 1974, poursuivant une tradition commencée par les évêques du Canada en 1956. Le conseil «Eglise et Société» propose aux communautés chrétiennes et  à leurs  responsables des réflexions et  des actions susceptibles de promouvoir la justice sociale et le respect des droits de la personne. (cath.ch-apic/com/be)

Charlie Chaplin Les Temps modernes
24 avril 2016 | 09:50
par Jacques Berset
Temps de lecture: env. 3 min.
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