Les religions cohabitent pacifiquement au Bénin (Photo: Adam Cohn/Flickr/CC BY-NC-ND 2.0)
Suisse

Les évêques suisses ont scruté la cohabitation interreligieuse au Bénin

Au Bénin, les forces sociétales, religieuses et politiques travaillent ensemble à préserver la paix et le développement du pays. Tel est le message délivré par les nombreux interlocuteurs qu’un groupe d’experts de la Conférence des évêques suisses (CES) a rencontrés lors d’un voyage d’une semaine dans ce petit pays multireligieux d’Afrique occidentale.

«La paix et le développement ne sont possibles que lorsque le dialogue interreligieux et interculturel est assuré entre les gens des diverses communautés religieuses», rapporte la CES dans un communiqué du 14 février 2017. La délégation de sept personnes répondait à une invitation de la fondation genevoise «Espace Afrique», créée par l’entrepreneur béninois Samuel Dossou-Aworet, pour le développement de l’Afrique et la promotion de ses valeurs. Le groupe, composé pour l’essentiel de la Commission pour le dialogue avec les musulmans, a séjourné au Bénin du 3 au 10 février 2017.

De nombreuses rencontres

La fondation et la délégation suisse menée par Mgr Alain de Raemy, évêque auxiliaire de Lausanne, Genève et Fribourg (LGF), avaient organisé un symposium de deux jours à Glo-Djigbé près de Cotonou, la capitale économique du Bénin. Un intense programme de visites a permis de nombreuses rencontres avec des dignitaires religieux, traditionnels et étatiques locaux.

La terreur extrémiste toute proche

Le Bénin est entouré de quatre pays: le Nigeria à l’est, le Togo à l’ouest, le Burkina Faso et le Niger au nord. La terreur exercée dans plusieurs de ces pays voisins par les extrémistes religieux dʼAl-Qaïda et de Boko Haram inquiètent la population béninoise qui n’a, jusqu’à présent, pas eu à subir les attaques de ces groupes. La raison principale de cette paix durable est la cohabitation étroite, depuis le XIXe siècle, des représentants des religions chrétiennes, musulmanes et des autochtones dans tout le pays. Le dialogue y est empreint, comme nulle part ailleurs, d’ouverture et d’immédiateté, affirme la délégation de la CES. De nombreuses familles comptent des membres de communautés religieuses différentes et vivent des conversions d’une religion à une autre. La pauvreté, le chômage et le désespoir peuvent cependant rendre les gens réceptifs aux théories extrémistes.

Le ‘vivre ensemble’ à la mode helvétique

Lors du symposium de Glo-Djigbé, le groupe d’experts a présenté divers aspects de la manière dont la cohabitation des communautés religieuses est réglée en Suisse dans l’Etat et la société. «Vivre ensemble du jour au lendemain? Le fonctionnement du vivre ensemble ne peut pas être imposé; cela demande du temps», a souligné Mgr de Raemy. Erwin Tanner-Tiziani, secrétaire général de la CES, a traité du cadre juridique et politique d’un ‘vivre ensemble’ des différentes communautés religieuses en Suisse, décrit comme «ordonné et fécond». Le sociologue Jean Baechler, professeur émérite de la Sorbonne et membre de l’Académie française des sciences morales et politiques, a fait un exposé sur le «vivre ensemble, le point de vue du sociologue». Le professeur émérite en pédagogie des religions, Stephan Leimgruber, prêtre du diocèse de Bâle, a consacré son exposé au thème: «Le christianisme face à l’islam dans la catéchèse».

Grand intérêt pour le modèle suisse

La cohabitation des communautés religieuses en Suisse intéresse le Bénin, surtout parce qu’elle paraît garante de la paix et de la prospérité du pays. La formule est ainsi considérée comme un modèle à suivre. L’image positive de la Suisse a été soutenue par le Grand Séminaire de Saint-Gall à Ouidah, dont la construction a été rendue possible, à la fin des années 1920 et au début des années 1930, par des dons des fidèles du diocèse de Suisse orientale. Ce lieu de formation pour le clergé indigène bénéficie encore aujourd’hui d’une excellente réputation.

Quelque 600 personnes ont pris part au symposium de Glo-Djigbé, dont des hauts représentants du gouvernement du Bénin. Des personnalités des communautés catholique, protestantes, évangéliques, sunnite, chiite et du culte vaudou, étaient également présentes.

Avec la participation d’Albert Tévoédjré

L’ancien ministre et médiateur de la République du Bénin, Albert Tévoédjré, qui exerce une influence considérable à ce niveau, a également participé à la rencontre. Ce docteur en sciences sociales et politiques de l’Université de Fribourg, ancien boursier de l’œuvre St-Justin des évêques suisses, a aussi été étudiant au Grand Séminaire Saint-Gall à Ouidah et à l’Institut des Hautes Etudes internationales à Genève. Il a conservé des liens étroits avec la Suisse.

C’est également le cas de l’entrepreneur Samuel Dossou-Aworet, qui a établi son domicile principal en Suisse depuis de nombreuses années. Comme il l’a souligné plusieurs fois au cours de la rencontre, il a réalisé l’importance du dialogue interreligieux pour le pays lors du voyage du pape Benoît XVI au Bénin, en novembre 2011. L’invitation au groupe d’experts suisses et la tenue de la rencontre internationale au Bénin sont donc une conséquence indirecte de ce voyage pontifical. (cath.ch/com/rz)

Les religions cohabitent pacifiquement au Bénin
14 février 2017 | 17:13
par Raphaël Zbinden
Temps de lecture: env. 3 min.
Bénin (31), CES (341)
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