Visite du pape François au pape émérite Benoît XVI, en juin 2018 | © Vatican News
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Extraits clés et inédits du livre de Benoît XVI et du cardinal Sarah

Le livre Des profondeurs de nos cœurs, dédié au sacerdoce, cosigné par le pape émérite Benoît XVI et le cardinal Robert Sarah, préfet de la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements, sortira le 15 janvier 2020. Ensemble, les deux hommes réaffirment comme principe fondamental le célibat sacerdotal. En voici quelques extraits clés.

«De quoi avez-vous peur ?», introduction des deux auteurs

1. «Nous offrons donc à tous nos frères évêques, prêtres et fidèles laïcs du monde entier le bénéfice de nos échanges. (…) Nous le faisons dans un esprit de charité. Il nous a paru utile et nécessaire de publier ce travail à un moment où les esprits semblent s’être apaisés. Chacun pourra le compléter ou le critiquer. La recherche de la vérité ne peut se faire que dans l’ouverture du cœur. (…) bien entendu, dans un esprit de filiale obéissance, au Pape François.»

2. «De toute part, les vagues du relativisme submergent la barque de l’Eglise. Les apôtres ont eu peur. Leur foi s’est attiédie. L’Eglise aussi semble parfois vaciller. Au cœur de la tempête, la confiance des apôtres en la puissance de Jésus était ébranlée. Nous vivons ce même mystère.»

3. «Notre célibat est une proclamation de foi. Il est un témoignage car il nous fait entrer dans une vie qui n’a de sens qu’à partir de Dieu. Notre célibat est témoignage, c’est-à-dire martyre. Le mot grec possède les deux significations. Dans la tempête, nous, prêtres, devons réaffirmer que nous sommes prêts à perdre la vie pour le Christ. Jour après jour, nous donnons ce témoignage grâce au célibat par lequel nous livrons notre vie.»

Le sacerdoce catholique, par Benoît XVI

 4. «Le caractère laïc du premier mouvement de Jésus et le caractère non cultuel et non sacerdotal des premiers ministères ne procèdent pas d’un choix anticultuel et antijudaïque. Ils sont une conséquence de la situation particulière du sacerdoce de l’Ancien Testament.»

5. «A l’époque de Vatican II, cette question de l’opposition entre ministères et sacerdoce est devenue absolument incontournable, y compris pour l’Eglise catholique. […] dans la période qui a suivi, [cette question] nous a accaparés avec une urgence sans précédent, et elle s’est muée en une crise du sacerdoce qui perdure jusqu’à aujourd’hui dans l’Eglise.»

6. «Autrefois, la continuité de la hiérarchie sacerdotale d’Israël était assurée par Dieu lui-même, puisque, en dernière analyse, c’était lui qui donnait des enfants aux parents. Les nouveaux ministères, en revanche, ne reposent pas sur l’appartenance à une famille, mais sur une vocation donnée par Dieu.»

7. «Etant donné que les prêtres de l’Ancien Testament ne devaient se consacrer au culte que durant des périodes déterminées, le mariage et le sacerdoce étaient compatibles. Mais, en raison de la célébration eucharistique régulière et souvent même quotidienne, la situation des prêtres de l’Eglise de Jésus-Christ se trouve radicalement changée. Désormais, leur vie entière est en contact avec le mystère divin. Cela exige de leur part l’exclusivité à l’égard de Dieu.»

8. «Quant à la forme concrète du célibat dans l’Eglise ancienne, il convient encore de souligner que les hommes mariés ne pouvaient recevoir le sacrement de l’Ordre que s’ils s’étaient engagés à respecter l’abstinence sexuelle, donc à vivre le mariage dit ‘de saint Joseph’.»

9. «L’appel à suivre Jésus n’est pas possible sans ce signe de liberté et de renoncement à tous les compromis. Je crois que le célibat comporte une grande signification en tant qu’abandon d’un possible domaine terrestre et d’un cercle de vie familiale»

11. «La tentation de l’humanité est toujours celle de vouloir être totalement autonome, de suivre uniquement sa propre volonté et d’estimer que ce n’est que de cette manière que nous serions libres ; que ce n’est que grâce à une semblable liberté sans limites que l’homme serait complètement homme.»

12. «L’homme devient saint dans la mesure où il commence à être avec Dieu. Etre avec Dieu, c’est écarter ce qui est seulement le moi et devenir un avec le tout de la volonté de Dieu. Cependant, cette libération du moi peut se révéler très douloureuse, et n’est jamais accomplie une fois pour toutes.»

«Aimer jusqu’au bout», par le cardinal Robert Sarah

13. «Le sacerdoce, comme on l’a vu, suppose de livrer toute sa vie, de se livrer à la suite du Christ. Il suppose un don absolu de soi à Dieu et un don total de soi aux frères. Quelle place réserver alors au lien conjugal ? (…) Ordonner prêtre un homme marié reviendrait à amoindrir la dignité du mariage et à réduire le sacerdoce à une fonction.»

14. «Il nous faut écouter les témoignages qui émanent des églises catholiques orientales. Plusieurs membres de ces églises ont clairement souligné que l’état sacerdotal entrait en tension avec l’état conjugal. (…) Le clergé oriental marié est en crise.»

15. «L’ordination d’hommes mariés dans de jeunes communautés chrétiennes interdirait de susciter en elles des vocations sacerdotales de prêtres célibataires. L’exception deviendrait un état permanent préjudiciable à la juste compréhension du sacerdoce.»

16. «Je voudrais par conséquent exprimer ma très profonde indignation quand j’entends dire que l’ordination d’hommes mariés est une nécessité puisque les peuples d’Amazonie ne comprennent pas le célibat ou que cette réalité sera toujours étrangère à leur culture. Je devine dans ce genre d’arguments une mentalité méprisante, néocolonialiste et infantilisante qui me choque. Tous les peuples du monde sont capables de comprendre la logique eucharistique du célibat sacerdotal. (…). A mon avis, la proposition des viri probati comme solution à l’évangélisation est une proposition illusoire, quasi magique, qui n’aborde pas le vrai fond du problème.»

17. «En proclamant la vérité de Dieu, vous montez sur la Croix. Sans vous, l’humanité serait moins grande et moins belle. Vous êtes le rempart vivant de la vérité, car vous avez accepté de l’aimer jusqu’à la Croix. (…) Le célibat révèle l’essence même du sacerdoce chrétien. En parler comme d’une réalité secondaire est blessant pour tous les prêtres du monde.»

«A l’ombre de la Croix», conclusion des deux auteurs

18. «Le sacerdoce traverse un temps de ténèbres. Blessés par la révélation de tant de scandales, déroutés par les remises en cause incessantes de leur célibat consacré, nombreux sont les prêtres tentés par l’idée de renoncer, de tout abandonner.»

19. «Nous voulons demeurer éloignés de tout ce qui pourrait blesser l’unité de l’Eglise. Les querelles de personnes, les manœuvres politiques, les jeux de pouvoir, les manipulations idéologiques et les critiques pleines d’aigreur font le jeu du diable, le diviseur, le père du mensonge.»

20. «Que faire ? Nous devons en premier lieu entendre à nouveau l’appel de Dieu : ‘Soyez saints, car moi, le Seigneur votre Dieu, je suis saint’ (Lv 19, 2). L’ordination sacerdotale conduit à l’identification au Christ. Certes, l’efficacité substantielle du ministère demeure indépendante de la sainteté du ministre, mais on ne peut non plus ignorer l’extraordinaire fécondité produite par la sainteté des prêtres». (cath.ch/imedia/be)

Visite du pape François au pape émérite Benoît XVI, en juin 2018 | © Vatican News
13 janvier 2020 | 17:25
par Jacques Berset
Temps de lecture: env. 5 min.
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