Le Vatican s'engage pour le droit des personnes à rester dans leur pays (Photo:Tarik Browne/Flickr/CC BY-NC 2.0)
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Il faut promouvoir «le droit à rester» dans sa patrie, appelle le Saint-Siège   

«Le droit à rester [dans son pays] est antérieur, plus profond et plus large que le droit de migrer», a déclaré le Père jésuite Michael Czerny, le 22 mai 2017, au siège des Nations unies à New York. Le sous-secrétaire en charge de la section des migrants et réfugiés du Dicastère pour le service du développement humain intégral a expliqué comment mettre fin, selon lui, aux migrations forcées.

Avant de parler du droit à migrer, a expliqué le Père Czerny, il faut tout d’abord traiter du droit à rester. «Elaborer et promouvoir le droit à rester est profondément enraciné dans la foi de l’Eglise et dans son enseignement social», a-t-il souligné.

Ainsi, a-t-il poursuivi, «il faut réaffirmer le droit [de chacun] à rester dans sa propre patrie et d’y vivre dignement, en paix et en sécurité», si l’on veut éviter des migrations forcées, involontaires et désordonnées. En attendant, l’Eglise entend accompagner les personnes forcées à fuir dans chacune des phases de leur trajectoire: dans leur pays d’origine, durant leur transit, à leur destination et finalement dans leur possible retour.

Des facteurs expérientiels et systémiques

Seulement dans le cas où les individus seraient réellement libres de rester – ce qui passe par l’accès aux biens communs, la protection de la dignité humaine et l’accès à un développement humain durable –, les migrations pourraient être un choix et non une nécessité. Mais cela reste un énorme défi, a reconnu le collaborateur de la Curie.

Pour faire changer la nature des migrations, a poursuivi le Père Czerny, il faut en identifier les causes. Il y a tout d’abord des facteurs expérientiels, comme les catastrophes naturelles ou le chômage de masse, la corruption ou encore la criminalité. Et il y a également des «causes systémiques ou sous-jacentes», à commencer «par les inégalités mondiales s’aggravant et les asymétries économiques».

Il faut donc répondre à ces facteurs, a détaillé le Père Czerny, sans quoi ils forceront inévitablement des personnes à fuir de leurs foyers. Il a ensuite proposé un certain nombre d’actions de long, moyen et court terme à mettre en œuvre en vue de cet objectif.

Libérer l’aide de l’intérêt du donateur

A long terme, a-t-il expliqué, il faut un développement durable et inclusif. L’assistance à ce développement doit par ailleurs atteindre et inclure les pauvres. Autre outil de long terme: libérer l’aide humanitaire en provenance de pays développés de l’intérêt particulier du donateur.

A moyen terme, préconise le jésuite, il faut développer les mécanismes régionaux avec par exemple une libre circulation des travailleurs ou des chartes régionales des droits pour les migrants et réfugiés. Par ailleurs, il faut promouvoir des accords bilatéraux et multilatéraux sur les migrations et l’asile et renforcer les processus démocratiques au sein des sociétés, a estimé le responsable de la curie romaine.

Enfin, sur le court terme, a insisté le Père Michael Czerny, il faut mettre fin à la vente d’armes aux pays engagés – ou susceptibles de l’être – dans des conflits internationaux. Une autre condition de court terme et de réduire l’exploitation sans scrupule des territoires et ressources: «il faut dire non à une économie de l’exclusion et de l’inégalité où l’argent gouverne». Enfin, il faut ouvrir des corridors accessibles pour l’asile et l’immigration légale. (cath.ch/imedia/xln/rz)

Le Vatican s'engage pour le droit des personnes à rester dans leur pays
23 mai 2017 | 12:17
par Raphaël Zbinden
Temps de lecture: env. 2 min.
Migrants (345), Réfugiés (420)
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