L'église Saint-Maurice de Bernex GE | Wikimedia - X-Weinzar - CC BY-SA 2.5
Suisse

Festival Antigel: un spectacle a pu se faire à l'église

Réunir 50 personnes pour un spectacle dans l’église catholique de Bernex (GE): un des quelque 180 événements que le festival genevois Antigel a réussi à organiser clandestinement, en jouant la compréhension soft des mesures sanitaires, l’accord des autorités et beaucoup d’huile de coude.

Quel est le lieu dans lequel 50 personnes ont encore le droit de se réunir? Une église! C’est ce «traitement de faveur» concernant les édifices religieux que les organisateurs du festival Antigel ont utilisé pour s’approcher de l’église Saint-Maurice, à Bernex. La paroisse s’est prêtée au jeu en organisant l’événement. En réalité, il s’agit bien d’une collaboration avec Antigel. Mais le festival, en accord avec les autorités, ne pouvait pas communiquer avant qu’il soit achevé, le dimanche 28 février. Ce 1er mars, les directeurs d’Antigel peuvent enfin tout expliquer.

Embargo jusqu’à la fin

Interviewés par La Tribune de Genève, les organisateurs Thuy-San Dinh et Eric Linder avouent avoir dû mener leur projet à force d’entêtement, «non sans avoir suscité des incompréhensions au sein même de l’équipe», et sans rien dévoiler d’officiel.

«On avait réfléchi à une version du festival à 50 personnes, pour 55 événements. C’était avant l’arrivée du variant. Nous avons été contraints d’annuler. Mais nous voulions quand même faire quelque chose», racontent-ils.

Un «bout de confiance» obtenu

À force d’insister, Thierry Apothéloz, conseiller d’État en charge de la Culture, propose aux organisateurs d’élaborer un ultime projet. «L’idée était de détourner tout ce qui restait accessible», poursuivent Thuy-San Dinh et Eric Linder. Les églises restent ouvertes? Antigel collabore régulièrement avec les paroisses du canton. «Mais dans un premier temps, on nous a répondu que seule une vraie messe avec des fidèles serait autorisée». Finalement, tout n’a pas été accepté, mais un «bout de confiance» a été obtenu.

«Nos autorités verront le bien-fondé de notre action. C’est pour tous les métiers de la culture et pour le public. Nous avons démontré qu’il est possible de faire quelque chose dans une situation difficile, montré qu’il n’y avait aucun danger de contamination.»

Rodolphe Burger, entre bible et rock

 Dans l’église de la paroisse Saint-Maurice à Bernex, le 25 février, les organisateurs ont permis à 50 spectateurs de rencontrer Rodolphe Burger. Guitariste et chanteur alsacien, Rodolphe Burger est le fondateur du groupe Kat Onoma et a aussi collaboré entre autres avec Alain Bashung, Françoise Hardy, Jacques Higelin, Jeanne Balibar et Erik Truffaz.

Le musicien a pris la place du curé. Face à lui, un public, dont la moitié sont des paroissiens, et l’autre, les fidèles d’Antigel, repêché via les réseaux sociaux et le bouche-à-oreille.

Comme chanter est interdit dans les églises du canton de Genève, d’après les mesures sanitaires, Rodolphe Burger a choisi de lire des textes liturgiques: le Cantique des cantiques, le Livre de Job et des psaumes. «Les textes sacrés, on peut ne pas les laisser entièrement aux religieux, on peut chercher l’élévation sans la transcendance, raconte le musicien  à La Tribune de Genève, après son concert. Je suis athée, mais puisqu’il ne reste que les lieux de cultes pour jouer, alors allons-y. Ce qui m’importe, ce sont les choses qui ont de la consistance et de la force. […] En tout cas, ça va faire plaisir à ma mère, elle qui aurait aimé que je devienne pasteur». (cath.ch/tdg/gr)

L'église Saint-Maurice de Bernex GE | Wikimedia – X-Weinzar – CC BY-SA 2.5
1 mars 2021 | 14:57
par Grégory Roth
Temps de lecture: env. 2 min.
Festival (48), Genève (383), Musique (64)
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