Triple paternité d’un prêtre de Basse-Normandie

France: La question du célibat des prêtres relancée par une récente affaire

Paris, 25 février 2003 (Apic) L’association «Plein jour» en France dénonce le refus de l’Eglise catholique d’aborder la question du célibat des prêtres. Le témoignage de la compagne d’un ecclésiastique, sur la chaîne de télévision France 2 fin janvier, a relancé le débat et connu un rebondissement. Son fils aîné, âgé de 33 ans, révèle dans un courrier rendu public que ses deux soeurs et lui-même sont des enfants de leur ancien curé.

Mgr Boulanger, évêque coadjuteur du diocèse de Sées dans l’Orne, en Basse-Normandie, vient de demander à ce prêtre, aujourd’hui à la retraite, de reconnaître ses trois enfants. Mais son geste, intervenu après la révélation de l’affaire par Olivier, le fils aîné, n’est pas pour rassurer l’association de soutien aux compagnes de prêtres «Plein jour». Celle-ci craint que l’Eglise ne «se crispe encore plus», révèle dans un dossier l’AFP, citant Nicole, une compagne de prêtre qui préfère ne pas donner son nom.

«Des cas comme celui-là, on en connaît des centaines. Impliquant des prêtres, mais aussi des évêques. La dernière naissance connue remonte à six mois», dit pour sa part Marie-Brigitte Pasquier, ancienne présidente de l’association, qui vit avec un prêtre depuis 10 ans. «Et il y a les femmes qui vivent cachées, parce qu’elles ont peur de perdre leur ami», ajoute-t- elle.

Derrière l’histoire qui a marqué une famille, un village normand de 800 habitants et même le diocèse, «il y a une question de fond», considère Mgr Jean-Claude Boulanger qui aborde sans ambages la question du célibat des prêtres catholiques. «On a des discussions à ce sujet mais c’est difficile», selon Mgr Boulanger qui évoque notamment le problème du salaire des ecclésiastiques, jugé insuffisant pour faire vivre une famille. Pour que le célibat soit possible, «il faudrait qu’il y ait un autre statut du prêtre au sein de l’Eglise catholique», estime l’évêque.

Des solutions boiteuses

Les craintes émises par «Plein jour» ont été provoquées par des solutions jugées «boiteuses». Quand une naissance s’annonce, «si ça se sait, hop on mute. Tout est secret, caché, et traité au cas par cas. Certains évêques passent l’éponge, à condition que le prêtre ne revoie plus cette femme», dit Nicole. «On peut aussi faire signer un protocole d’accord: la femme s’engage à ne pas présenter l’enfant au père, celui-ci à ne pas le voir avant ses 18 ans, et la mère reçoit une pension», ajoute Mme Pasquier.

Françoise témoigne des conditions proposées par l’évêque de l’époque lors de la première naissance. «Il y a eu des discussions entre l’évêque et lui: il restait prêtre et s’engageait à ne plus nous revoir. On s’est séparés quelques années, puis on est revenus ensemble», se rappelle Françoise. «Il y a eu transaction avec l’évêque de l’époque pour m’aider à élever Olivier», explique-t-elle. Une transaction consistant en une pension de 900 francs (140 euros environ) que son fils Olivier dénonce comme «le prix du silence».

«Nous soutenons Olivier et Françoise dans leurs souffrances, et je suis prêt à les rencontrer», assure Mgr Boulanger, ajoutant: «Si ce chemin avait été fait il y a 30 ans, on n’en serait pas là aujourd’hui».

Selon «Plein jour», l’attitude de l’Eglise sur le célibat des prêtres «s’est encore durcie» ces dernières années: «Nous avons été à trois reprises à Rome. Nous avons été traitées d’objets de péché. En France, nous avons adressé des pétitions à la nonciature, nous n’avons jamais reçu de réponses», déplorent Marie-Brigitte et Nicole. (apic/ag/bb)

25 février 2003 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture: env. 2 min.
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