Les victimes d'abus dans l'Eglise sont parfois réticentes à dénoncer leurs agresseurs | photo d'illustration © Felipe Benavente/Flickr/CC BY-NC-ND 2.0
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France: les victimes d’abus dans l'Eglise appelées à témoigner

La commission indépendante française sur les abus sexuels dans l’Église (CIASE) a lancé début juin 2019 un appel national pour recueillir le témoignage des victimes depuis les années 1950.

La récolte de témoignages devrait durer un an. Un numéro de téléphone, une adresse mail et une boîte postale ont été mis en place à cet effet. A la fin de l’entretien téléphonique, les appelants se verront proposer un questionnaire anonyme, qui sera «traité par un institut de sondage et analysé par des chercheurs», indique Jean-Marc Sauvé, président de la CIASE au portail Vatican News. Puis la commission, avec l’appui de chercheurs en sciences sociales, mènera des entretiens semi-directifs (auditions approfondies) auprès de victimes volontaires.

L’objectif de cette démarche inédite, explique Jean-Marc Sauvé, est «d’analyser plus finement les relations entre la personne abusée et l’auteur, les réticences à parler, la libération de la parole, les réactions des familles et personnes informées, celles de l’Église catholique, le traitement fait par l’institution ecclésiale, les raisons du recours au droit ou l’absence de recours au droit de la part de la victime».

Parallèlement à cet appel à témoignages, la Commission commence le recensement des archives des diocèses et congrégations religieuses. Ces derniers auront six mois pour renseigner un questionnaire détaillé: nombre de dossiers, type d’auteur, nombre de victimes, suites données… La CIASE entend aussi explorer des archives de la justice (traitements des plaintes) et de la presse.

Plus d’abus dans l’Eglise qu’ailleurs?

Elle mènera également deux autres études, l’une anthropologique et qualitative à propos des abus commis au sein de l’Église; l’autre sur la prévalence des abus sexuels dans divers milieux de la société française, à partir de données scientifiques, et dans le but de «savoir s’il y a plus d’abus dans l’Église qu’ailleurs». «Rien ne pourra changer si la parole n’est pas d’abord donnée aux victimes et aux témoins d’abus sexuels sur mineurs et personnes vulnérables», explique la Conférence des évêques de France (CEF) sur son site.

La CIASE a été mise en place en 2018 par la CEF. Composée de 22 membres, elle est présidée par Jean-Marc Sauvé, ancien vice-président honoraire du Conseil d’État – la plus haute juridiction administrative française. La commission est chargée «de faire la lumière sur les abus sexuels sur mineurs dans l’Église catholique depuis 1950, de comprendre les raisons qui ont favorisé la manière dont ont été traitées ces affaires et de faire des préconisations, notamment en évaluant les mesures prises depuis les années 2000». Les travaux de la CIASE doivent faire l’objet d’un rapport public dont la publication est prévue fin 2020. (cath.ch/vaticannews/cx/afp/rz)

Les victimes d'abus dans l'Eglise sont parfois réticentes à dénoncer leurs agresseurs | photo d'illustration © Felipe Benavente/Flickr/CC BY-NC-ND 2.0
6 juin 2019 | 15:00
par Raphaël Zbinden
Temps de lecture: env. 2 min.
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