Les abus sexuels marquent souvent à vie | © Kristy/Flickr/CC BY-NC 2.0
International

France: un «geste financier» pour les victimes d'abus?

Les évêques de France, réunis en assemblée plénière à partir du 5 novembre 2019 à Lourdes, discuteront d’un «geste de reconnaissance financière» destiné aux victimes d’abus sexuels. La Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Eglise (Ciase) présentera également des résultats provisoires.

Avec un tel dispositif, il s’agirait de «poser des gestes concrets à destination des victimes», explique Thierry Magnin, secrétaire général et porte-parole de la Conférence des évêques de France (CEF), dans une vidéo présentant la rencontre de Lourdes. Ce «geste fort de solidarité ne sera pas une indemnité», mais plutôt «un forfait, dont le montant fait partie des discussions». Il pourrait être mis en oeuvre en 2020, a affirmé le responsable d’Eglise à l’AFP.

La démarche s’adressera à toutes les personnes reconnues comme victimes car déjà passées par des procédures de justice civile, et aux victimes dont les faits sont prescrits et qui se sont manifestées auprès des cellules d’écoute dans les diocèses. Les évêques se prononceront sur la création d’un «fonds spécifique de dotation», alimenté par un appel aux dons – dont la forme est à définir.

Prévention, mémoire, reconnaisance et réparation

Cette approche financière est l’un des axes de travail mis en place à l’automne 2018 par l’épiscopat français dans sa lutte contre les abus sexuels. Outre le travail de mémoire auprès des victimes, la prévention des actes pédophiles et le suivi des prêtres coupables, les évêques avaient décidé de la création de la «Ciase», chargée de faire la lumière sur les crimes commis par des clercs ou des religieux depuis la fin des années 1950. La commission a démarré son enquête en juin 2019. Son président, Jean-Marc Sauvé, ex-vice-président du Conseil d’Etat, viendra présenter aux évêques le 7 novembre l’avancement de ses travaux. La Ciase aurait reçu 2’000 appels téléphoniques, mails et courriers et commencé à entendre 16 victimes ou témoins d’abus. Quatre victimes associés à ces groupes de travail seront présentes le 7 novembre.

Echos d’Amazonie

Différentes démarches d’indemnisation mises en place par l’Eglise – ou à son initiative – existent déjà aux Etats-Unis, en Belgique ou en Suisse. Dans ce dernier pays, un fonds d’indemnisation des victimes a été mis en place en 2016 par la Conférence des évêques Suisses (CES), la Conférence centrale catholique romaine (RKZ) et les communautés religieuses. En juin 2019, 1,5 million de francs avaient été versés sur ce compte. En 2018, 675’500 francs ont été versés par l’Eglise catholique suisse à des victimes d’abus sexuels prescrits au regard du droit étatique et canonique.

A Lourdes, l’autre grand sujet de discussion sera l’écologie. Les évêques viendront chacun avec deux personnes de leur diocèse, soit au total 200 personnes – hommes ou femmes dans des mouvements ou associations d’Eglise ou investis dans leurs paroisses. L’assemblée reviendra également sur le synode sur l’Amazonie qui s’est terminé à Rome fin octobre 2019. La CEF a toutefois averti qu’elle ne se positionnerait pas formellement sur les propositions soulevées par le synode. (cath.ch/ag/afp/rz)

Les abus sexuels marquent souvent à vie | © Kristy/Flickr/CC BY-NC 2.0
3 novembre 2019 | 15:38
par Raphaël Zbinden
Temps de lecture: env. 2 min.
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