Gabriella Gambino, sous-secrétaire du Dicastère pour les laïcs, la famille et la vie | © Vaticanews
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G. Gambino: «La préparation au mariage a été affectée par la pandémie»

À l’occasion de l’Année Amoris Laetitia, Gabriella Gambino, sous-secrétaire du Dicastère pour les laïcs, la famille et la vie, dresse pour I.MEDIA un bilan des recommandations du pape en matière de mariage, cinq ans après la publication de son exhortation apostolique.

Propos recueillis par Claire Guigou, I.MEDIA 

Reconnaissant l’impact de la pandémie sur la préparation au mariage, l’Italienne prône une pastorale centrée sur l’exemple. «Les jeunes d’aujourd’hui n’ont pas besoin de théories et de préceptes, mais d’exemples concrets», assure-t-elle.

Quel impact la pandémie a-t-elle eu sur le mariage et sa préparation?
La préparation des mariages a certainement été affectée par les restrictions causées par la pandémie et de nombreux couples ont décidé de reporter les célébrations de leur mariage. Des cours de préparation ont été suspendus, d’autres interrompus, mais cette pause forcée peut être mise à profit pour adapter les stratégies pastorales aux indications contenues dans Amoris Laetitia et revenir avec un élan renouvelé pour proposer aux jeunes le mariage comme une vocation. Les familles ont également une mission dans l’Église. Ce dernier aspect doit être cultivé beaucoup plus qu’auparavant, car le mariage est un sacrement également pour la mission.

La pandémie a entraîné un effondrement des mariages civils et un report des mariages religieux. Le Vatican va-t-il s’emparer de cette question?
Les données sur le nombre de mariages ne sont pas rassurantes et sont affectées négativement par la pandémie et la crise économique. Cependant, la crise du mariage est d’abord profondément ancrée dans le manque d’espérance et de confiance en l’avenir de la part des nouvelles générations. En outre, la culture individualiste dans laquelle nous baignons a affaibli les liens familiaux. L’institution juridique du mariage est devenue extrêmement fragile et les nouvelles générations ont des difficultés non seulement à comprendre la différence substantielle entre le mariage et la cohabitation, mais aussi à saisir la signification du sacrement du mariage.
Cela demande un effort renouvelé de la part de l’Église, afin d’enseigner aux jeunes la beauté du mariage comme vocation, avec l’aide du témoignage d’époux et de fiancés chrétiens : ils sont le témoignage vivant de l’amour sponsal. Les jeunes d’aujourd’hui n’ont pas besoin de théories et de préceptes, mais d’exemples concrets qui leur montrent qu’une vie construite pour toujours est vraiment possible.

Comment les recommandations d’Amoris Laetitia (AL) en matière de préparation au mariage ont-elles été appliquées dans les diocèses du monde entier? Que reste-t-il à faire?
Amoris Laetitia souligne l’importance d’une préparation au mariage enracinée dans le parcours d’initiation chrétienne, avec l’implication de la communauté ecclésiale, en plaçant au centre le témoignage des familles elles-mêmes. Dans ses derniers discours, le Saint-Père a fait explicitement référence à la nécessité de proposer un catéchuménat de mariage pour une préparation adéquate, proche et immédiate, qui puisse conduire à une célébration consciente du mariage.
L’itinéraire du catéchuménat doit ensuite se poursuivre dans les premières années de la vie conjugale, afin d’aider les époux à décliner de manière sponsale [propre aux époux, ndlr] leur vocation à la sainteté. De nombreux diocèses ont entamé une révision de la pastorale de la préparation au mariage, avec la participation active des couples mariés comme mentors des fiancés. Dans certains contextes, on commence à travailler pour «former les formateurs» précisément dans la perspective du catéchuménat matrimonial. Cette phase de renouvellement pastoral n’en est encore qu’à ses débuts mais le chemin est tracé. Même si la pandémie a entraîné la suspension de nombreuses activités.

L’exhortation met en lumière la nécessité de prendre soin des premières années de mariage. Quelles mesures concrètes ont en ce sens été prises depuis sa publication?
L’exhortation souligne que le mariage n’est pas la conclusion mais le début d’un parcours béni et consacré dans le sacrement nuptial, incarné dans la vie quotidienne des familles. Pour rendre ce parcours désirable et attrayant, il faut essayer de réveiller la confiance des personnes en la Grâce, en évitant les idéalisations excessives : la vie conjugale se déroule en effet dans la réalité quotidienne, avec ses limites et ses problèmes. Il est donc nécessaire d’offrir aux conjoints des occasions de mûrir leur potentiel personnel et celui du couple, dans la spiritualité conjugale, dans l’éducation des enfants, dans le dépassement des crises. Il est fondamental de travailler ensemble à une «pastorale du lien» (AL 211), afin que les familles soient aidées à dépasser la culture de l’échec et du renoncement face aux difficultés. Il faut que les couples se sentent soutenus pour surmonter les moments difficiles, non seulement du point de vue psychologique, mais aussi du point de vue spirituel.
Raviver la grâce du sacrement dans les moments de difficulté peut sauver des familles entières. Dans ce domaine, il y a vraiment encore beaucoup à faire. La participation à la vie des paroisses et des mouvements ecclésiaux est un moyen efficace de vivre cette expérience de croissance au quotidien, car ces réalités offrent aux couples des occasions de partage, même entre les familles.

«Les séminaristes devraient recevoir une formation interdisciplinaire plus étendue sur les fiançailles et le mariage, et pas seulement une formation doctrinale», préconise le pape dans Amoris laetitia.
Il y a certainement partout un besoin urgent d’une formation plus adéquate des agents pastoraux, des séminaristes et des prêtres, afin qu’ils sachent affronter les situations familiales complexes avec courage, mais aussi avec délicatesse et compétence, en collaborant avec les familles, sans imposer d’en haut des initiatives ou des propositions qui ne répondent pas aux intérêts et aux besoins réels. Un aspect à encourager est l’implication des couples mariés dans la formation des séminaristes, ainsi que la possibilité de donner aux jeunes hommes qui étudient au séminaire des expériences apostoliques en famille. Je suis certaine que cela ferait une différence. En ce sens, il serait également nécessaire d’approfondir la réflexion sur la relation entre le sacrement de l’ordre et le sacrement du mariage dans l’Église. Cela permettrait de mettre en place une pastorale familiale intégrée, qui trouverait sa colonne vertébrale dans la complémentarité des vocations du sacerdoce et du mariage dès le moment de la formation. (cath.ch/imedia/cg/mp)

Gabriella Gambino, sous-secrétaire du Dicastère pour les laïcs, la famille et la vie | © Vaticanews
20 mai 2021 | 11:31
par I.MEDIA
Temps de lecture: env. 4 min.
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