Giuseppe Gracia, porte-parole du diocèse de Coire, avec le cardinal Kurt Koch | © Jacques Berset
Suisse

G. Gracia: «L'Eglise ne doit pas se conformer à l'esprit du monde»

«L’Église catholique n’a pas vraiment de problème de communication. Ses problèmes sont plus profonds», estime Guiseppe Gracia. Il s’agit de déterminer si, oui ou non, il faut se conformer à l’esprit du temps.

Une semaine après sa démission, l’ancien porte-parole du diocèse de Coire livre ses convictions dans une interview à l’hebdomadaire catholique conservateur allemand Die Tagespost.

Pour Giuseppe Gracia, «l’Église est aussi polarisée que la société, de sorte que le vent souffle à l’intérieur et à l’extérieur. Ce vent, c’est-à-dire l’esprit du temps (Zeitgeist), veut que les normes de l’Eglise soient les mêmes que les normes de la culture contemporaine sécularisée.» Pour certains, les modes de vie des personnes éloignées de l’Eglise dans une société du bien-être d’Europe centrale doivent servir de principes normatifs pour réformer l’enseignement de l’Église, déplore-t-il.

Plus simplement dit, il s’agit de lire la tradition catholique à la lumière de l’esprit du temps plutôt que l’inverse, c’est-à-dire lire l’esprit du temps à la lumière de la tradition catholique.

90% de la communication concernent l’institution

90 % de la communication des responsables catholiques ne concernent que des questions relatives à l’institution, au pouvoir et aux scandales internes. Cela ne ramène personne à l’église, au contraire, relève l’ancien porte parole de Coire. Selon lui, les dirigeants de l’Église disent partout qu’ils veulent évangéliser, proclamer la foi. Mais en regardant le contenu concret de leur communication, on s’aperçoit qu’il n’en est rien.

L’Eglise dans tous les pays germanophones est polarisée parce que la sécularisation de la société et la désacralisation de la vie l’ont depuis longtemps pénétrée. Selon Giuseppe Gracia, la pression augmente parce que l’esprit du temps ne s’arrêtera pas tant que l’Église n’aura pas elle aussi des quotas pour les femmes, qu’elle ne sera pas démocratique et qu’elle n’approuvera pas tout ce que la majorité veut: mariage pour tous, avortement, maternité de substitution, euthanasie…

Réapprendre à exposer la foi

Dès lors il faut apprendre à exposer à nouveau la foi, à la rendre compréhensible avec raison et patience, à être sympathique et clair, note Gracia. Mais cela ne fonctionne souvent pas, car de nombreux acteurs, à l’intérieur même de l’Eglise, rejettent en fait la foi traditionnelle et se réfugient dans des généralités inoffensives.

Pour G. Gracia, il ne s’agit pas d’un problème de communication, mais d’un conflit d’orientation. «Le côté progressiste pense: «Nous renforçons l’amour et améliorons la société lorsque nous remettons en question l’Evangile et l’enseignement de l’Eglise du point de vue de la culture contemporaine.» Le côté attaché à la tradition pense: «Nous renforçons l’amour et améliorons la société lorsque nous remettons en question la culture contemporaine, du point de vue de l’Évangile et de l’enseignement de l’Église.» Il y a un monde entre ces deux visions !» (cath.ch/tagespost/mp)

Giuseppe Gracia, porte-parole du diocèse de Coire, avec le cardinal Kurt Koch | © Jacques Berset
14 mars 2021 | 14:48
par Maurice Page
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