Garde suisse pontificale au Vatican Prestation de serment de Vincent Perritaz le 6 mai 2017 (Photo:  rp)
Suisse

Garde suisse: le Fribourgeois Vincent Perritaz prête serment au Vatican

Engagé dans la Garde suisse pontificale depuis le 1er juin 2016, le Fribourgeois Vincent Perritaz prête serment le 6 mai 2017 au Vatican, avec 39 autres jeunes Suisses qui se mettent au service du pape pour un minimum de deux ans. A la veille de son assermentation, cath.ch a rencontré ses parents dans leur magasin, L’Antiquaire du Tilleul, à Fribourg, tout près de la cathédrale St-Nicolas

«Il ne part tout de même pas à la Légion étrangère», plaisante Christian Perritaz à propos de son fils de 24 ans, qui sera assermenté au cours d’une cérémonie solennelle à laquelle participeront ses parents et des amis. Anne, la maman, se dit tout aussi confiante. Elle constate que l’engagement de Vincent n’est pas un coup de tête, «c’est un coup de cœur. Il a suivi un appel, cela vient de plus loin que nous, c’est un acte de foi!»

Vincent, qui a passé son bac au Collège St-Michel avant de faire son armée dans les chars jusqu’au grade de sergent, vient d’une famille croyante, liée aux Sœurs de la Visitation, à la rue de Morat. «Il a été élevé dans un contexte chrétien, mais n’était pas pratiquant à outrance, on ne l’a jamais forcé», constate Anne.

Sur le chemin de St-Jacques de Compostelle

La maman raconte que vers la fin de son service militaire, Vincent leur a dit: «Je veux faire le chemin de St-Jacques de Compostelle. Je veux faire le pèlerinage seul!». Ses parents ont été un peu surpris, mais il était en bonne condition physique et se sentait capable de faire la route.

Il est d’abord passé par la cathédrale pour recevoir, seul, la bénédiction du chanoine Claude Ducarroz, puis est parti. «Il n’a pas pris le chemin le plus court. En passant les Pyrénées, après Roncevaux, il a emprunté le ‘chemin des Français’ qui va jusqu’à Compostelle, mais il y avait trop de monde à ses yeux, il voulait être seul, alors il a pris une autre route. Après 79 jours et 2’500 km de route, il est arrivé au but…», relève Christian, non sans quelque fierté.

Sur le chemin de Compostelle, Vincent rencontre un marcheur, devenu un ami, qui lui parle de la Garde suisse, d’un cousin qui avait passé 15 ans au service du pape. «Il avait déjà, quand il était enfant, l’idée de devenir garde. Elle a cependant mûri sur le chemin, car le terrain était fertile». Vincent rencontre ensuite Mgr Alain de Raemy, ancien aumônier de la Garde, puis d’autres gardes suisses.

«Carte de visite» du Saint-Père

Muni d’une lettre de recommandation du chanoine Ducarroz, Vincent va à Glaris passer la sélection. Là, on lui rappelle que le garde suisse est un catholique pratiquant, et que, chargé de la sécurité du pape, il doit avoir une réputation irréprochable. Il doit représenter en quelque sorte, par son appartenance à la Garde et par sa pratique religieuse, une «carte de visite» du Saint-Père.

«Si je suis pris, j’irai à pied à Rome», avait-il dit à ses parents à son retour. Recruté, il prend son sac de marcheur le 15 avril 2016. Il emprunte la «Via francigena» (la «voie des Français»), qui relie Canterbury, en Angleterre, à la Ville Eternelle, parcourant 1’200 km à pied. «Il a une nouvelle fois fait quelques détours, précise son père. La seule exception à cette marche: le passage du tunnel du Grand-St-Bernard en voiture. Le col encore encombré par la neige était en effet trop dangereux…»

La nuit au château

Vincent arrive à Rome le 28 mai 2016, et rejoint la Garde le 1er juin. Il a signé pour deux ans. «En rentrant de St-Jacques, relève Christian, il disait qu’il n’y a pas de chemin rectiligne, qu’il faut se laisser guider. Il n’avait rien préparé, et il a fait la même chose pour Rome». Il vit l’Evangile à fond, compte sur la Providence, note Anne.

«A une occasion, sur le chemin, un peu désespéré, fatigué, ne sachant où dormir, il pensait passer la nuit dehors… Il a fini par être invité dans un château, un vrai château!»

L’amitié des Sœurs de la Visitation

Les Sœurs de la Visitation, qui le connaissaient depuis tout petit, l’ont accompagné spirituellement sur sa route. Elles avaient fait un planning, et chaque jour, l’une d’entre elles priait pour lui, pour que tout se passe bien sur le chemin.

A l’idée que leur fils puisse être amené à sacrifier sa vie pour le pape, comme l’ont fait les 147 gardes suisses tués lors du Sac de Rome en 1527, les parents de Vincent sont confiants. «Je ne dis pas que je n’ai pas de souci, j’ai beaucoup d’émotion, j’ai l’impression de le donner au monde. Mais surtout, j’ai du respect pour sa décision!»,  admet Anne.

Christian et Anne Perritaz: ‘Vincent, touché par la présence de Dieu, veut en témoigner’ (Photo: Jacques Berset)

Sachant que son fils a dû signer un document disant qu’il était prêt à mourir pour le pape, Christian se veut pourtant, tout comme son épouse, totalement serein: «A Rome, il fait une super expérience, bien que le travail à la Garde soit dur. Ce ne sont pas des vacances !  Mais quand il veut arriver à quelque chose, Vincent est déterminé. Nous l’avons déjà visité à Rome, et l’entendre raconter ‘sa’ basilique, le voir heureux dans cet environnement, lui qui est sensible à l’art, nous rend pleinement confiants». Et Anne d’ajouter que Vincent est touché par la présence de Dieu et qu’il veut en témoigner. JB


En présence de Doris Leuthard, présidente de la Confédération

40 nouveaux gardes suisses prêteront serment samedi 6 mai 2017 dans la Cour Saint-Damase du Palais Apostolique, au Vatican. Parmi eux le Fribourgeois Vincent Perritaz.

Les nouveaux gardes vont prêter serment sur le drapeau de la Garde, jurer de servir fidèlement le pape Francois et de sacrifier leur vie pour sa défense en cas de nécessité. A cette cérémonie participeront notamment Doris Leuthard, présidente de la Confédération, l’Appenzellois Ivo Bischofberger, président du Conseil des Etats, de nombreux parlementaires fédéraux et cantonaux et l’ambassadeur de Suisse près le Saint-Siège, Pierre-Yves Fux, ainsi que l’évêque de Lausanne, Genève et Fribourg, Mgr Charles Morerod.

Obwald, canton hôte

La Garde suisse pontificale, en invitant un canton hôte, veut ainsi consolider les rapports avec la Suisse. Cette année, fête des 600 ans de la naissance de saint Nicolas de Flüe, un des saints patrons originaire d’Obwald, c’est une délégation officielle du canton d’Obwald, composée du Conseil d’Etat «in corpore», conduite par son Landammann Franz Enderli, qui est l’hôte d’honneur de la cérémonie.

Sur les 40 nouveaux gardes, 14 sont francophones: 4 Vaudois, 3 Fribourgeois, 2 Jurassiens, 2 Bernois, 2 Valaisans et un Genevois, 4 italophones (trois Tessinois et un Grison), les autres étant germanophones.

Le souvenir du Sac de Rome

En souvenir du sacrifice héroïque des 147 gardes suisses qui, lors du Sac de Rome en 1527, ont sauvé la vie du Saint-Père au prix de leur propre vie, l’assermentation des nouveaux gardes aura lieu dans la cour interne du Palais Apostolique, l’après-midi du 6 mai. Cette année, seront assermentées les premières volées issues du nouveau modèle d’école de recrues avec formation d’un mois en Suisse, donnée par le Centre de formation de la police tessinoise, sur la place d’armes d’Isone, au Tessin.

Le 5 mai aura lieu le dépôt d’une couronne en l’honneur des défunts du 6 mai 1527 et la remise de décorations aux gardes sur la place des protomartyrs romains pour les parents et les hôtes particuliers. Le matin du 6 mai, une messe sera présidée par le cardinal Gerhard Müller, préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, à la Basilique Saint-Pierre. Elle sera chantée par le Jodlerklub Flüeli Ranft, du canton d’Obwald, dirigé par Silvia Windlin.   (cath.ch/be)

 

 

Garde suisse pontificale au Vatican Prestation de serment de Vincent Perritaz le 6 mai 2017
6 mai 2017 | 00:30
par Jacques Berset
Temps de lecture: env. 5 min.
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