Des centaines de jeunes s’enrôlent dans les rangs du Hamas

Gaza: Le terrible témoignage du curé de la seule église catholique de Gaza

Gaza, 31 décembre 2008 (Apic) Des centaines de jeunes sont en train de s’enrôler depuis quelques heures dans les rangs du Hamas, affirme dans un entretien à l’Agence missionnaire romaine Misna le Père Manuel Musallam, curé de la paroisse de la Sainte Famille, seule église catholique de Gaza. Son discours se partage entre amertume, colère, où les mots paix et barbare se côtoient. IL met en garde: s’il y a une attaque terrestre, «il y aura ici un vrai massacre».

Selon lui, c’est là la réaction d’une partie de la population déjà épuisée par plusieurs mois d’état de siège, dans un lieu où tout fait défaut. «Tels sont les effets des bombardements israéliens», estime le Père Musallam.

A l’heure où le cabinet de sécurité israélien rejette les propositions internationales de trêve dans la bande de Gaza, à l’heure aussi où le Hamas dit accepter que cesse les tirs de roquette contre la levée du blocus israélien qui étouffe Gaza, le Père Musallam apporte un témoignage qui vient rompre avec les dépêches d’Agence: «Personne ne sait où les Israéliens veulent arriver mais si l’objectif est celui de détruire le Hamas, je peux dire qu’il n’y a pas une seule voix contre le Hamas dans tout Gaza et qu’au contraire les bombardements, les victimes et les blessés qu’ils ont causé poussent de plus en plus de jeunes ces dernières heures à rejoindre le mouvement et prendre les armes».

Et de poursuivre: «Ce sont des personnes qui ont perdu un proche, qui voient leurs propres enfants pleurer et qui ont décidé de résister». Et de mettre en garde: s’il devait y avoir une attaque terrestre, il y aura ici un vrai massacre.

Le Père Musallam est en relation ces derniers jours avec les familles, vient en aide aux victimes et rend visite aux hôpitaux. «Il n’y a pas suffisamment de médicaments, les médecins interviennent comme ils le peuvent, dans les couloirs même sans anesthésie; des centaines de blessés sont entassés dans les couloirs tandis qu’à l’extérieur on survit avec la peur d’être atteints par quelques ’bombes intelligentes’ ou de se trouver trop près d’un édifice visé par les Israéliens car considéré un objectif sensible. Ce n’est vraiment pas la voie qui portera à la paix».

La violence des armes, attise la volonté de résistance

Le mot paix revient dans le témoignage du Père Musallam, comme le terme de barbarie du reste: «Les armes employées sont aussi sophistiquées que leurs effets sont barbares et violents. La résistance palestinienne a certes été affaiblie mais elle semble avoir retrouvé une nouvelle vigueur: plus ils attaquent le Hamas plus les gens se rassemblent autour du mouvement».

«En ce moment la situation est calme à Gaza, le ciel est gris, il pleut, les bombardements sont concentrés sur la côte, les gens ont recommencé à sortir pour se procurer un peu de pain. Tout le monde sait que ça durera peu et moi en entendant les pleurs des femmes pour leurs enfants et maris décédés, en voyant ce qui se passe, je suis certain que tout cela ne portera pas la paix mais de nouveaux deuils, j’ai le coeur plein de chagrin et je pense que c’est sans doute cela notre destin», conclut le curé. (apic/misna/pr)

31 décembre 2008 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture: env. 2 min.
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