Rome: Benoît XVI en Croatie, qui est le cardinal croate Alojzije Stepinac?

«Il a défendu le droit de l’homme de vivre avec Dieu, il a défendu l’espace de Dieu sur cette terre»

Rome, 2 juin 2011 (Apic) Pour son premier déplacement à l’étranger de l’année 2011, Benoît XVI se rendra à Zagreb, la capitale croate, les 4 et 5 juin 2011. Le programme du 19e voyage hors d’Italie du pape comporte une rencontre avec le corps diplomatique et la société civile, une messe avec les familles, et un temps de recueillement sur la tombe du bienheureux cardinal Alojzije Stepinac (1898-1960), archevêque de Zagreb de 1937 à 1960, figure populaire autant que controversée dans ce pays des Balkans, indique l’agence I.MEDIA.

Alojzije Louis Stepinac, né le 8 mai 1898 à Brezaric, près de Zagreb, en Croatie, est le 5e des 8 enfants d’une famille de paysans. Il est ordonné prêtre le 26 octobre 1930, puis devient curé de paroisse en 1931 à Zagreb, diocèse dont il devient l’évêque coadjuteur en 1934. En 1937, il est nommé archevêque de Zagreb, devenant l’un des plus jeunes archevêques dans l’histoire de l’Eglise. Il n’a pas encore 40 ans, âge requis par le droit canonique.

A la tête du diocèse de Zagreb pendant 23 ans, de 1937 à 1960, Mgr Alojzije Stepinac lutte durant la Seconde Guerre mondiale (1939-1945) en faveur des droits des personnes persécutées et discriminées. Au sortir du conflit, en septembre 1946, il est arrêté sur ordre des autorités communistes, qui ont pris le pouvoir en Yougoslavie, car il rejette l’ordre de Tito (1892-1980) de créer une «Eglise nationale serbo-croate» indépendante de Rome.

Au terme d’un procès très discuté, il est condamné à 16 ans de travaux forcés et emprisonné par les autorités yougoslaves pour collaboration avec les Oustachis et complicité dans la conversion forcée de serbes-orthodoxes au catholicisme. On l’accuse également de complicité passive avec le génocide de centaines de milliers de Serbes, juifs et Tsiganes par le régime oustachi. Le régime fasciste et antisémite oustachi a été fondé en 1929 par Ante Pavelic, sous l’autorité d’Alexandre Ier de Yougoslavie (1921-1934). Ce mouvement croate avait pour but de contrer la prédominance serbe.

En 1952, il est créé cardinal par Pie XII (1939-1958). Le prélat meurt le 10 février 1960, en résidence surveillée dans son village natal, près de Zagreb. En octobre 1998, il est béatifié par Jean-Paul II au sanctuaire de Marija Bistrica, au nord de la Croatie. Le cardinal Alojzije Stepinac est le premier martyr du régime communiste à avoir été élevé à la gloire des autels.

En octobre 2010, au cours de la messe de clôture de l’Assemblée plénière du Conseil des Conférences épiscopales d’Europe, à Zagreb, les participants ont commémoré le 50e anniversaire de la mort du haut prélat croate et ont souhaité sa canonisation.

Encadré:

Le cardinal Stepinac vu par le cardinal Ratzinger

Dans une homélie prononcée dans l’église Saint-Jérôme des Croates, en plein cœur de Rome, le 15 février 1998, à l’occasion du centenaire de la naissance du cardinal Stepinac, le cardinal Joseph Ratzinger, alors préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, avait affirmé que le haut prélat croate n’avait pas fait de politique et avait respecté l’Etat lorsqu’il fut réellement un Etat. Lors de la dictature nazie, il fut le défenseur des juifs, avait aussi précisé le haut prélat allemand.

Le cardinal Ratzinger avait aussi indiqué qu’Alojzije Stepinac invitait au «courage d’être en contradiction avec le monde, si le monde est en contradiction avec la Parole de Dieu» et avait rappelé que le prélat croate s’opposait aux multitudes dominantes, au nom de la conscience. «Il a défendu le droit de l’homme de vivre avec Dieu, il a défendu l’espace de Dieu sur cette terre», avait encore relevé le cardinal Ratzinger. (apic/imedia/cv/amc)

2 juin 2011 | 18:28
par webmaster@kath.ch
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