Un pays doit-il s’affirmer chrétien dans sa Constitution ?
Iles Fidji: Débat constitutionnel et religieux
Papeete, 23 octobre 1997 (APIC) Les quelque 800’000 habitants des îles Fidji, dans l’océan Pacifique se sont lancés dans un vif débat national autour de la question: «Un pays doit-il s’affirmer chrétien dans la Constitution ?» Certains chrétiens de l’archipel, surtout méthodistes (38 % de la population), s’interrogent sur l’opportunité d’associer pouvoir temporel et pouvoir spirituel au service de la nation sous une étiquette «chrétienne».
Les chrétiens ne seraient-il pas tentés dès lors d’en profiter pour asseoir leur pouvoir à la tête de l’Etat, alors que les Fidji comptent également 9% de catholiques et 6% de chrétiens de diverses obédiences et surtout 38% d’hindouistes et 8% de musulmans, interrogent les opposants. ?
Les méthodistes eux-mêmes demeurent très partagés. Le Révérend Tuwere, tenant d’une position tolérante, estime que déclarer Fidji «Etat chrétien» contredirait les principes de la liberté religieuse et qu’il est plus important pour les habitants de vivre selon les principes de la foi chrétienne que de déclarer le pays «Nation chrétienne». Le Révérend Kanailagi n’est pas de cet avis: «En qualité de citoyen d’un pays, on doit s’impliquer dans la politique, car celle-ci affecte chaque individu. Je ne pense pas que religion et politique aient chacune une place à part. Si les deux sont séparées, le pays ne fonctionnera pas bien. Elles sont intimement liées.»
Les catholiques de leur côté répondent aux initiateurs du débat par le biais du paragraphe 13 de l’encyclique «Populorum Progressio»: «Fondée pour établir dès ici-bas le Royaume des cieux et non pour conquérir un pouvoir terrestre, l’Eglise affirme clairement que les deux domaines sont distincts, comme sont souverains les deux pouvoirs, ecclésiastique et civil, chacun dans son ordre. Mais, vivant dans l’histoire, elle doit scruter les signes des temps et les interpréter à la manière de l’Evangile.» (apic/cip/bim)