Venkaiah Naidu, vice-président de l'Inde, est proche des nationalistes hindous (Photo:British High Commission/Flickr/CC BY-NC-ND 2.0)
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Inde: les «rassurantes» paroles du vice-président envers les minorités chrétiennes

Lors d’une fête de Noël organisée par la Conférence des évêques catholiques de l’Inde, le 12 décembre 2017 à New Dehli, Venkaiah Naidu, vice-président du pays, a reconnu les services rendus par l’Eglise catholique locale. Dans certaines régions de l’Inde, les chrétiens sont malgré tout toujours persécutés.

Venkaiah Naidu a reconnu la qualité des œuvres éducatives et de santé fournies par l’Eglise locale. «La communauté catholique aime la paix et contribue immensément à la construction de la nation», a notamment déclaré le deuxième personnage du pays.

Les chrétiens sont très présents en Inde dans les domaines de la santé, de l’éducation et de l’engagement social, confirme Eglises d’Asie (EdA), l’agence d’information des Missions Etrangères de Paris. En matière éducative, l’Eglise catholique est ainsi le deuxième acteur du pays. Elle gère plus de 25’000 institutions, alors que les catholiques ne représentent que 0,3% de la population.

Proche des extrémistes hindous

Les paroles rassurantes du vice-président envers les minorités chrétiennes sont cependant à considérer avec du recul, eu égard à l’historique du politicien.

Venkaiah Naidu a été nommé vice-président le 11 août 2017, après avoir exercé les fonctions de ministres des Affaires parlementaires au sein du gouvernement de Narendra Modi.

Le 12 décembre 2014, seulement six mois après la victoire écrasante du parti nationaliste hindou BJP et de son leader, Venkaiah Naidu, avait, à la surprise générale, appelé à mettre en place des lois anti-conversion au niveau fédéral. Interrogé sur les conversions de masse, rebaptisées «retour à la maison», auxquelles se livraient des émanations du mouvement nationaliste hindou Rashtriya Swayamsevak Sangh (RSS), le ministre avait retourné contre les chrétiens et les musulmans l’accusation de prosélytisme faite aux hindouistes. «La liberté de religion ne doit pas servir de prétexte pour autoriser les campagnes de prosélytisme financées par l’étranger, lesquelles ont pris une ampleur considérable ces dernières années dans différents Etats, ciblant particulièrement les aborigènes (qui souvent ne sont pas hindous, ndlr.), les basses castes et les pauvres», avait-t-il dénoncé.

Accusations de conversions forcées

En Inde, où les chrétiens représentent 2,3% de la population, ces derniers sont régulièrement accusés de chercher à convertir les hindous au christianisme. Les évêques catholiques locaux s’en sont d’ailleurs défendus lors de leur assemblée plénière en février 2017.

Les accusations de conversion forcées au christianisme servent souvent de prétexte à des agressions et des arrestations arbitraires. Selon l’ONG Portes ouvertes, qui établit une liste des 50 pays où les chrétiens sont les plus persécutés, l’Inde, en 31ème position en 2012, figure en 2017 à la 15ème place.

Le 10 décembre 2017, quatre pentecôtistes ont notamment été arrêtés dans le Madhya Pradesh, au centre du pays, sous des accusations de conversions forcées, rapporte l’agence d’information catholique Asia News. Un pasteur et trois fidèles ont été interpellés par la police en pleine cérémonie de prière de l’Avent et mis en détention provisoire.

Le Madhya Pradesh possède depuis 1968 une loi interdisant les conversions forcées. Or, selon Sajan K. George, président du Global Council of Indian Christians (GCIC), cette législation est «largement instrumentalisée pour persécuter les chrétiens». (cath.ch/eda/fides/asian/rz)

Venkaiah Naidu, vice-président de l'Inde, est proche des nationalistes hindous
14 décembre 2017 | 16:44
par Raphaël Zbinden
Temps de lecture: env. 2 min.
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