Messe dans la paroisse latine de la Sainte Famille à Gaza | © Marcin Mazur/KNA
International

Israël discrimine les chrétiens de Gaza qui voudraient fêter Noël à Bethléem

Le ministère israélien du Tourisme estime que le nombre de touristes étrangers devrait atteindre 4 millions d’ici la fin de l’année, dont environ un quart ont pour but des visites religieuses et des pèlerinages.

Si les portes du pays sont grandes ouvertes pour les chrétiens étrangers, il n’est en pas de même pour les chrétiens palestiniens vivant à Gaza, qui ont toujours un accès très limité aux lieux saints de la chrétienté.

Pour la communauté chrétienne de Gaza – 1’100 fidèles palestiniens vivant au cœur d’une population d’environ deux millions de musulmans – célébrer Noël dans la ville de Bethléem où est né Jésus ou visiter les lieux saints de Jérusalem est un privilège que la moitié d’entre eux ne peut avoir, déplore le Père Mario da Silva, curé de la paroisse latine de la Sainte Famille à Gaza.

Plus que 1’100 chrétiens à Gaza

Au cours des six dernières années, le nombre de chrétiens dans la bande de Gaza a chuté de 4’500 à seulement 1’100, en raison des conditions difficiles dans lesquelles ils vivent, selon le curé de l’unique église catholique de ce territoire complètement bouclé par les Israéliens.

Le 27 novembre 2018, à l’occasion des fêtes de Noël, les autorités militaires israéliennes ont approuvé 500 permis permettant aux chrétiens palestiniens de Gaza d’avoir accès à Jérusalem-Est et à la Cisjordanie.

Bethléem, passage du mur de séparation | © Maurice Page

L’année dernière, 300 permis ont été accordés aux chrétiens de Gaza pour fêter Noël à Bethléem, mais uniquement pour les personnes de plus de 55 ans, souligne le Père Mario da Silva. «Cette année, ce sont 500 permis qui ont été approuvés par Israël. Mais jusqu’à présent, nous n’avons reçu qu’environ 250 d’entre eux pour les personnes de plus de 55 ans et de 16 à 35 ans. Toutefois, les enfants de moins de 16 ans n’étaient pas inclus».

Israël sépare les familles

«Israël applique une politique de séparation des parents et des enfants, explique le Père Mario, un permis est donné au père mais pas à la mère et aux enfants. Alors la famille renonce à y aller et reste à Gaza!»

Pour les chrétiens palestiniens de Gaza, obtenir un permis pour célébrer Noël à Bethléem et Pâques à Jérusalem donne l’opportunité de fuir leur terrible réalité. «C’est ce que craint Israël et, pour l’éviter, les autorités israéliennes imposent davantage de restrictions aux déplacements des habitants».

Pour le droit de prier sans restrictions

Selon le ministère israélien du Tourisme, 3,8 millions d’entrées de touristes ont été enregistrées en Israël de janvier à novembre 2018. En novembre 2018, il y en a eu environ 389’000, soit une augmentation de 35 % par rapport à novembre 2016. Les entrées pour l’année 2018 devraient atteindre 4 millions d’ici la fin de l’année.

Crémisan ‘Mur d’apartheid’ construit sur les terres palestiniennes | © Patriarcat latin de Jérusalem

Alors que ces touristes, en majorité des chrétiens, font des pèlerinages dans les sanctuaires religieux de Terre Sainte, «les Palestiniens locaux se voient encore infliger de sévères restrictions et ne peuvent recevoir que des permis militaires pour effectuer la même démarche. Les chrétiens de Gaza, s’indigne le Père Mario, ne devraient pas avoir besoin d’autorisation pour célébrer Noël à Bethléem… Ils ont le droit de voyager et de prier sans restrictions !»

Les mouvements des chrétiens de Gaza vers Israël et depuis Israël, la Cisjordanie ou l’étranger, sont régis par un régime de permis militaires mis en place par Israël en 1991 pour «contrôler les affaires civiles des Palestiniens, y compris les possibilités de déplacement, de travail et de démarches de santé». La construction du mur de séparation ainsi que la mise en place de points de contrôle militaires n’ont pas simplifié la situation, peut-on lire sur le site du Patriarcat latin de Jérusalem. (cath.ch/plj/be)

Messe dans la paroisse latine de la Sainte Famille à Gaza | © Marcin Mazur/KNA
18 décembre 2018 | 13:40
par Jacques Berset
Temps de lecture: env. 3 min.
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