Italie: Plus de 7 millions de pèlerins au sanctuaire de San Giovanni Rotondo

Le lieu où repose le Padre Pio fait «concurrence» à Lourdes

Rome, 23 Septembre 1998 (APIC) Le sanctuaire de San Giovanni Rotondo, sur le promontoire de Gargano, dans la région italienne des Pouilles, sur la côte adriatique, là où est mort le Padre Pio en 1968, fait concurrence à Lourdes (6 millions de visiteurs par an), avec plus de 7 millions de pèlerins cette année. Et 70’000, à l’occasion du triduum, pour le 80e anniversaire de l’apparition des stigmates de la Passion du Christ dans le corps du religieux, le 20 septembre 1918, et le 30e de sa mort, le 23 septembre 1968. Son procès de béatification est en cours, il pourrait aboutir d’ici mai 1999.

En 1971 déjà, le pape Paul VI parlait d’une «clientèle mondiale» à propos des pèlerins qui accouraient à San Giovanni Rotondo, attirés par la réputation de sainteté du capucin qui, entre 1918 et 1968 n’est pourtant jamais sorti de San Givanni Rotondo: un «désert» sans eau courante, sans hôtellerie, sans routes d’accès, transformé en une plaque tournante de pèlerinages par l’attirance que suscite aujourd’hui encore la vie mystique de Padre Pio.

Ce religieux a aujourd’hui de nombreux fils spirituels dans le monde entier et a suscité 2’156 groupes de prière. «Un grand fleuve de personnes qui prient» disait encore Paul VI. Lui-même se définissait simplement comme «un pauvre frère qui prie».

Depuis 3 jours, la presse italienne et les chaînes de télévision, dont RAI UNO, rappellent l’existence peu ordinaire du capucin italien, dont on attend la béatification, après le décret signé par le pape Jean Paul II le 18 décembre dernier, reconnaissant les «vertus héroïques» du religieux. Le procès de béatification pourrait être prêt d’ici mai prochain, laissent entendre les rumeurs romaines. Pour cela, il faudra l’authentification d’un nouveau miracle dû à l’intercession du «Padre».

Jean Paul II, à qui l’on attribue la volonté de béatifier le vénérable capucin, a eu un premier contact avec le Padre Pio lorsque, jeune prêtre du diocèse de Cracovie, il faisait son doctorat sur saint Jean de la Croix à Rome, à l’université des Dominicains, l’Angelicum, entre octobre 1946 et juin 1948. Il se rendit à San Giovanni Rotondo lors des congés de Pâques 1947.

La prière en faveur de Wanda Poltawska

Il s’en souviendra, lorsque, le 17 novembre 1962, en tant qu’évêque auxiliaire de Cracovie, il fera parvenir au capucin italien une demande de prière en faveur de Wanda Poltawska, atteinte d’un cancer de la gorge. La malade guérit subitement et définitivement trois jours après que la lettre soit parvenue à San Giovanni Rotondo. Mgr Wojtyla envoya une lettre de remerciements au «vénérable Père» et fut plus tard l’un des signataires d’une demande de béatification du capucin. Pape, il s’est rendu à San Giovanni Rotondo en mai 1987.

Mais la rumeur attribuant au Père Pio une prophétie sur l’élection du cardinal Wojtyla au siège de Pierre et sur l’attentat de 1981 appartient aux nombreuses légendes suscitées par cette personnalité peu ordinaire, mais qui ont parfois nuit à sa cause: elle a été démentie par Jean Paul II lui-même, en particulier en février 1984, lors d’une rencontre avec le Père Flavio Carraro, alors ministre général des capucins, qui lui avait posé la question. Le pape devait cependant confirmer la demande de guérison pour Mme Poltawska.

Francesco Forgione, actuellement connu dans le monde entier sous le nom de Padre Pio, est né à Pietrelcina, une petite commune de la région de Sannio, en italie du sud, le 25 mai 1887. Il prit l’habit de saint François chez les Capucins le 22 janvier 1903, et fut ordonné prêtre le 10 août 1910. Le 13 novembre 1917, il arrivait au couvent de San Giovanni Rotondo qu’il ne devait plus quitter.

Il y a 80 ans, le 20 septembre 1918, un vendredi, survenait l’événement qui allait faire connaître au monde la profondeur de sa vie mystique. Après la messe, le Padre Pio demeure à prier dans le choeur, et il se sent envahi par une sensation de paix particulière. Il dira que lui apparut alors, à l’improviste, «un personnage… ayant les pieds et les mains ensanglantés» et dont la vue le frappa de stupeur. A cette vue, il s’évanouit même et quand il revient à lui, ils s’aperçoit que ses mains, ses pieds et son côté saignent à leur tour.

Plus d’hôtels

C’est alors que commence l’afflux des pèlerins à San Giovanni Rotondo, avec la diffusion de sa réputation de sainteté. Sa vie mystique n’est pas seulement marquée par les stigmates, mais par le don de lire dans les coeurs – un don particulièrement exercé dans le sacrement de pénitence -, le don de bilocation, le charisme des parfums, la glossolalie (il parle d’autres langues qu’il n’a jamais apprises comme l’allemand), le don de guérison, etc.

Tandis que se multiplient les «miracles» et les «polémiques», les inspections commencent aussi. Maria Winowska a bien «dépoussiéré» dans son livre l’image du Père Pio (»Le vrai visage du Padre Pio», Fayard) de toutes les inventions qui ont nuit à sa cause pour mettre en valeur la sève évangélique qui a animé sa vie de religieux. Le Père Pio est mort il y a 30 ans. C’était le lundi 23 septembre 1968, à 2h30 du matin.

D’ici l’an 2000, la municipalité compte favoriser la construction de 100 nouveaux hôtels, et d’une nouvelle église, pouvant abriter 10’000 personnes à l’intérieur et 30’000 à l’extérieur. La nuit passée, à peu près à l’heure de la mort du «Padre», une secousse sismique (force 3 selon l’échelle Mercalli) a été ressentie à San Giovanni Rotondo, provoquant l’émoi des pèlerins. (apic/imed/pr)

20 avril 2001 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture: env. 4 min.
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