Erika Gomez, de la Commission permanente pour la défense des droits humains, et Yina Lucia Avella Bruges, coopér-actrice de Comundo en Colombie  | © Jacques Berset
Suisse

Ivan Duque président de la Colombie: processus de paix en danger, selon les ONG suisses

Après l’élection, dimanche 17 juin 2018, du conservateur Ivan Duque à la présidence de la République de Colombie, l’avenir de la paix est remis en question. Le nouveau président, issu de la droite dure, veut remettre en question l’accord de paix signé en 2016 avec les Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC). Les ONG suisses sont inquiètes.

Le choix de Duque menace d’enterrer définitivement le processus de paix engagé dans le pays, affirment le 18 juin un groupe de dix organisations suisses de développement et de défense des droits de l’homme. Elles affirment que la société civile veut la paix.

Dix organisations suisses de développement et de défense des droits de l’homme invitent le gouvernement d’Ivan Duque à poursuivre le processus de paix qui a été commencé et à s’engager ainsi pour la sécurité et les droits des citoyennes et citoyens de Colombie.

Après le premier tour du 27 mai, c’est Ivan Duque qui s’impose au second tour, l’emportant sur Gustavo Petro avec 53,98 % des voix. Duque prendra ses fonctions le 7 août et pour un mandat de quatre ans, jusqu’en 2022.

Difficile mise en pratique de l’accord de paix

Les dix organisations suisses de développement et de défense des droits de l’homme regrettent l’arrivée au pouvoir du «faucon» Ivan Duque, «poulain» de l’ancien président Alvaro Uribe, autre partisan de la droite dure. Son élection menace de mettre un terme définitif au processus de paix en Colombie. Déjà, le gouvernement de Juan Manuel Santos, son prédécesseur, qui avait négocié avec les FARC l’accord de paix entré en vigueur en 2016, a tergiversé à le mettre en pratique.

Le processus de paix remis en question par le nouveau président colombien Ivan Duque.
Le leader des FARC, Rodrigo Londoño Echeverri, alias ›Timochenko’ (Photo: www.farc-ep.co)

La libération des combattants des FARC emprisonnés a été différée, tout comme la mise en place de la justice de transition et de la réforme agraire prévue par l’accord. Durant la campagne, Duque a clairement fait savoir qu’il comptait redéfinir la mise en œuvre de l’accord de paix selon sa propre conception, et notamment pour ce qui concerne l’impunité des anciens guérilleros.

Duque s’en prend à l’impunité des anciens guérilleros

Il a aussi annoncé qu’il y aurait des obstacles importants à la poursuite des pourparlers de paix avec l’Armée nationale de libération (ELN). Enfin, Duque soutient un modèle économique et de développement qui s’appuie fortement sur l’industrie minière et agroalimentaire. Ce modèle a engendré de nombreux conflits au sein de la société colombienne et a empêché que le pays vive une coexistence pacifique.

Le programme de promotion de la paix «Semillas de Esperanza» (»Graines d’espoir») mené depuis 2014 par les dix organisations suisses, en coopération avec le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE), vise à bâtir la paix depuis la base dans une région historiquement déchirée par la violence.

Colombie Dans les rues de Quibdo, sur la Côte pacifique | © Jacques Berset

Programme de promotion de la paix du DFAE

Dans la région Caraïbe de Colombie, des initiatives locales et régionales se renforcent pour trouver une conclusion pacifique aux conflits. Les jeunes et les femmes notamment sont encouragés à faire valoir leurs droits. Ces dernières années, le processus de paix a favorisé le travail de «Semillas de Esperanza» en dépit de nombreux différends avec les autorités locales et régionales et des menaces à l’encontre des organisations participantes en Colombie.

Les dix organisations suisses de développement et de défense des droits de l’homme porteuses du programme de promotion de la paix exhortent le nouveau président colombien Ivan Duque à poursuivre le processus de paix initié par le gouvernement précédent. La mise en œuvre rapide et complète de l’accord conclu en novembre 2016 avec les FARC et la poursuite des négociations de paix avec l’ELN en font partie.

La paix n’est pas seulement le silence des armes

De plus, elles demandent que soient garantis la protection et les droits de tous les citoyennes et citoyens du pays, et plus particulièrement ceux des défenseurs des droits de l’homme, des mouvements sociaux et de leurs dirigeants, des communautés de petits paysans, indigènes et afro-colombiennes, des syndicats, des médias et des anciens combattants des FARC.

Colombie Un pays qui sort d’une cruelle guerre civile | © Jacques Berset

«La paix, ce n’est pas seulement le silence des armes, c’est aussi que tous les membres de la société puissent faire valoir pleinement leurs droits, dans la liberté et la sécurité». Les organisations participant au programme suisse de promotion de la paix «Smillas de Esperanza» sont le groupe de travail Suisse-Colombie as !, Caritas Suisse, COMUNDO, Action de Carême, l’Entraide protestante suisse (EPER), les Peace Brigades International (PBI), le Peace Watch Switzerland (PWS), Swissaid, Terre des Hommes Suisse (Genève) et Terre des Hommes Schweiz (Bâle). (cath.ch/com/caritas/be)

 

 

Erika Gomez, de la Commission permanente pour la défense des droits humains, et Yina Lucia Avella Bruges, coopér-actrice de Comundo en Colombie | © Jacques Berset
18 juin 2018 | 16:15
par Jacques Berset
Temps de lecture: env. 3 min.
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