Jürgen Mettepenningen invoque un «manque de confiance»

Belgique: Le porte-parole de la Conférence des évêques de Belgique jette l’éponge après trois mois

Bruxelles, 2 novembre 2010 (Apic) A peine trois mois après son entrée en fonction, Jürgen Mettepenningen, porte-parole de la Conférence des évêques de Belgique, a jeté l’éponge mardi 2 novembre. Il a annoncé sa démission «avec effet immédiat» en tant que porte-parole de Mgr Léonard au cours d’une conférence de presse à l’Abbaye de Grimbergen, invoquant notamment un «manque de confiance» du primat de l’Eglise catholique belge.

Jürgen Mettepenningen, porte-parole de Mgr André-Joseph Léonard, avait été nommé le 1er août dernier porte-parole de la Conférence épiscopale de Belgique (prenant la succession d’Eric de Beukelaer, qui occupait ces fonctions depuis septembre 2002) et chef de presse de l’archevêché de Malines-Bruxelles.

Mgr Léonard pense que tous les autres se trompent

«Différentes raisons accumulées et le manque de confiance font que je ne souhaite ni ne peux continuer à fonctionner en tant que porte-parole de Mgr Léonard», indique Jürgen Mettepenningen dans un communiqué. «C’est avec grand regret que je mets un terme à cette fonction», précise ce docteur en théologie âgé de 35 ans. «Ma conviction est qu’il faut une confiance à 100% entre le porte-parole et la personne qui définit cette parole», a expliqué Jürgen Mettepenningen à la presse. Et d’affirmer que durant la période écoulée, «Mgr Léonard s’est parfois comporté comme un chauffeur roulant à contresens qui pense que tous les autres se trompent».

Le porte-parole démissionnaire a dit avoir dû tenir le rôle de GPS, mais Mgr Léonard n’a pas tenu compte de ses indications. Il déplore que le primat de Belgique n’ait pas accepté le «silence médiatique» qui avait été pourtant annoncé jusqu’à Noël. Mgr Léonard s’est encore exprimé lundi, après la messe télévisée. Jürgen Mettepenningen estime que «Mgr Léonard ne prend pas au sérieux la responsabilité de leadership qui lui est confiée de par sa fonction».

Enseignant auparavant à la Faculté de théologie de l’Université catholique K.U.Leuven, Jürgen Mettepenningen est marié et père de deux enfants. Il avait déjà pris ses distances avec les propos de Mgr Léonard concernant la prescription des poursuites contre les prêtres pédophiles âgés. Le chef de l’Eglise belge avait provoqué la polémique en prônant la clémence pour les prêtres pédophiles âgés mais surtout en comparant le fait de traduire en justice des prêtres abuseurs qui ne sont plus en fonction à une «sorte de vengeance qui n’a plus aucun résultat concret» et à de la «vindicte poussée jusqu’au bout».

Cas d’abus sexuels, faire preuve d’un peu d’humanité

Dans l’émission de la télévision belge francophone du 27 octobre, l’archevêque de Malines-Bruxelles et primat de Belgique, «a, selon certains, semblé vouloir protéger de la justice les prêtres pédophiles pensionnés et fort âgés», peut-on lire sur le site internet de l’Eglise catholique en Belgique Catho.be. Jürgen Mettepenningen rappelait à ce sujet la position du 20 octobre de la Conférence épiscopale de Belgique, qui déclarait que «le bien-fondé de la plainte et les conséquences des faits demeurent l’affaire du pouvoir judiciaire».

Le porte-parole avait déclaré à l’Apic que dans les cas de prêtres pédophiles, il était évident que l’on devait laisser la justice faire son travail en toute indépendance. «On encourage les victimes à s’adresser à la justice, avait-il insisté, et notre première attention va aux victimes». Au niveau de l’Eglise, à part les mesures disciplinaires et la transmission des dossiers à Rome, il s’agit également les notions d’humanité.

«Elles s’appliquent d’abord aux victimes, mais elles concernent aussi les abuseurs. Quand un vieux prêtre de 85 ou 90 ans est handicapé dans son lit ou atteint de démence, il faut tout de même montrer un peu d’humanité». «C’est ce qu’a voulu dire Mgr Léonard», avait-il alors précisé. N’empêche, Mgr Johan Bonny, évêque d’Anvers, s’était distancié des propos controversés de Mgr Léonard. «Ce qu’il a dit me pose problème», a déclaré Mgr Bonny sur le plateau de la télévision flamande VRT, qualifiant les déclarations du primat de Belgique de «point de vue personnel», qui n’est pas la position de l’Eglise.

Demande de démission de Mgr Léonard comme président de l’Université catholique

D’autre part, une pétition demandant la démission de Mgr Léonard en tant que président du pouvoir organisateur de l’Université catholique de Louvain (UCL) circule actuellement parmi le corps académique de l’UCL. Ce sont les récentes déclarations polémiques du primat de Belgique sur le sida ainsi que sur les prêtres pédophiles âgés qui ont motivé cette initiative. Mgr Léonard est entre-temps revenu sur ses propos primat de Belgique, ses propos ont été mal compris.

Notons par ailleurs que Me Jean-Marie De Meester, un avocat membre du parti socialiste flamand, a déposé une plainte auprès du juge d’instruction de Bruges contre l’archevêque de Malines-Bruxelles, en raison de propos qualifiés d’homophobes. «Après consultations auprès d’autres juristes, je me suis dit que l’archevêque violait la loi anti-discrimination et commettait des actes calomnieux et diffamatoires avec ses déclarations homophobes», a indiqué Me De Meester, cité par l’agence de presse belge Belga.

Primat de Belgique depuis janvier dernier, Mgr Léonard avait suscité la polémique en qualifiant le sida de «sorte de justice immanente», conséquence de la permissivité sexuelle, tout en rejetant l’idée que la maladie soit une «punition de Dieu». Il la comparaît cependant aux désastres écologiques. «Quand on malmène l’environnement, il finit par nous malmener à son tour», estimait-il. «Malmener la nature profonde de l’amour humain finit toujours par engendrer des catastrophes à tous niveaux». (apic/com/cathobe/belga/be)

2 novembre 2010 | 17:20
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture: env. 4 min.
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