Kenya: L’Eglise appelle à boycotter la vaccination contre la poliomyélite

Nairobi, 03.08.2015 (cath.ch-apic) L’Eglise catholique du Kenya a invité, dimanche 2 août 2015, ses fidèles à ne pas vacciner leurs enfants contre la poliomyélite, jusqu’à ce que le gouvernement offre de manière formelle, des assurances sur la sécurité du vaccin.

Selon le quotidien kenyan «Daily Nation» du 3 août, le ministère de la Santé a lancé dimanche 2 août, à Gilgil, dans le district de Nakuru, au nord-ouest, une campagne nationale de vaccination des enfants de 0-5 ans, contre la poliomyélite. Cette maladie contagieuse touche principalement les enfants de moins de cinq ans.

La campagne gouvernementale vise à immuniser près de six millions d’enfants, dans 32 districts, sélectionnés après une analyse des risques. Cette analyse avait révélé que ces régions sont les plus exposées à la poliomyélite.

Dans l’attente d’assurances sur la sécurité du vaccin

Vers la fin de l’année, en 2014, l’Eglise catholique avait déjà lancé un appel similaire au boycott de la campagne de vaccination contre le tétanos, soulignant que le vaccin pouvait provoquer la stérilité chez les femmes. Lors de la messe dominicale du 2 août, Mgr Paul Kariuki, évêque du diocèse d’Embu, à l’est, et président de la commission de la santé au sein de la Conférence épiscopale du Kenya, a souligné que l’Eglise n’était pas opposée à l’immunisation des enfants. Elle veut cependant des assurances sur la sécurité du vaccin, rapporte le quotidien kenyan «The Nation» du 3 août.

L’évêque demande au gouvernement de publier les résultats des tests d’analyses du vaccin «qu’il prétend avoir menées», ajoutant que l’Eglise catholique est un acteur majeur dans le domaine de la santé, car elle possède plus de 40 % de structures sanitaires du pays. En réponse à l’appel au boycott de la campagne de vaccination par l’Eglise catholique, le ministère de la Santé a publié deux annonces dans les journaux du week-end dans lesquelles il informe le public sur l’importance du vaccin.

L’Eglise accusée de divulguer de «fausses informations»

Pour sa part, Khadijah Kassachoon, secrétaire principale de du ministère de la Santé du Kenya, a accusé l’Eglise catholique de propagation de «fausses informations», parce que «les médicaments sont sûrs». Elle a invité l’Eglise à soutenir l’Etat pour que la campagne soit un succès, faisant remarquer que le vaccin contre la poliomyélite était «pré-qualifié par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et provenait du Fonds des Nations Unies pour l’Enfance (UNICEF)».

De son côté, le député John Manyatta Muchir, membre du Comité national de la santé au parlement,  a suggéré au ministère de la Santé de reporter la campagne de vaccination contre la polio, jusqu’à ce que les préoccupations soulevées par l’Eglise catholique soient dissipées. «Si l’Eglise catholique a des problèmes avec les vaccins, il faut l’écouter», a-t-il déclaré.

«Quand l’Eglise parle, elle s’exprime au nom de beaucoup de personnes, il est donc  bien de l’écouter  pour voir si le vaccin est bon ou pas», a-t-il fait observer. Clinton Werem, ambassadeur de la campagne contre la polio, a quant à lui saisi la Haute Cour de justice kenyane pour interdire à l’Eglise catholique de faire des déclarations contre la campagne de vaccination. (apic/ibc/be)

Margaret Chan, directrice générale de l'OMS, lors d'une campagne de vaccination contre la poliomyélite en Ethiopie
3 août 2015 | 16:52
par Jacques Berset
Temps de lecture: env. 2 min.
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