Padre Pio, 1887-1968 | DR
Vatican

La dépouille de Padre Pio arrive à Rome

Pour la première fois, la dépouille du célèbre capucin italien Padre Pio (1887-1968) a quitté, dans la matinée du 3 février 2016, le sanctuaire de San Giovanni Rotondo, dans les Pouilles, en direction de Rome et du Vatican. Le corps du saint aux stigmates, exposé dans deux églises romaines puis dans la basilique Saint-Pierre jusqu’au 11 février, devrait attirer une foule immense. Si cet événement, en plein Jubilé de la miséricorde, a été voulu par le pape François, il n’en demeure pas moins vrai que Padre Pio a longtemps été inquiété par les autorités de l’Eglise catholique.

Francesco Forgione, capucin et confesseur infatigable plus connu sous le nom de Padre Pio da Pietrelcina, consacra toute sa vie au salut des âmes. Né en 1887, il sait très jeune qu’il consacrera sa vie au Christ. Il rejoint l’ordre des capucins à 15 ans seulement début 1903 et reçoit le nom de ›fra Pio’. Le 10 août 1910, il est ordonné prêtre puis envoyé à partir de 1916 au couvent de San Giovanni Rotondo, où il restera jusqu’à sa mort en 1968.

A partir de 1911, le jeune prêtre signale à son confesseur l’apparition, depuis un an, de signes rouges et de douleurs vives aux mains et aux pieds. En 1918, à l’issue d’une messe, il reçoit les ›stigmates’ qu’il cherche alors à cacher avec des mitaines. Il portera ces plaies du Christ aux mains, aux pieds et à la poitrine pendant plus de 50 ans, ce qui attirera des foules de journalistes et de médecins, mais surtout de nombreux fidèles souhaitant rencontrer le capucin.

Un saint incompris

L’Eglise reste très prudente sur ces phénomènes et, en 1919, le Saint-Office – ancêtre de la Congrégation pour la doctrine de la foi – commissionne un médecin. En 1922, toute correspondance écrite lui est interdite et, de 1924 à 1928, trois visiteurs apostoliques enquêtent sur son cas à la demande de Rome. Des médecins et des psychiatres l’examinent aussi, mais il est déclaré sain et sincère. Cependant, les foules étant toujours plus nombreuses, de mai 1931 à juillet 1933, Padre Pio est isolé dans son couvent de San Giovanni Rotondo, interdit d’administrer des sacrements. Il peut seulement dire sa messe, qu’il célèbre d’abord dans la chapelle intérieure du couvent et ensuite, seulement dans sa cellule.

«Il fut en partie incompris, souvent combattu, y compris par ceux qui étaient auprès de lui», explique le vaticaniste Ignazio Ingrao, auteur de Il segno di Padre Pio (chez l’éditeur italien Piemme). Pour autant, le journaliste italien se dit frappé par «l’humilité et l’obéissance» de saint Pio, malgré les difficultés. «Il ne céda jamais à ceux qui, y compris autour de lui, le poussaient à se rebeller et à réagir à ces mesures de la hiérarchie, et, conclut Ignazio Ingrao, c’est sûrement un signe extraordinaire de sa sainteté».

En 1933, sur ordre de Pie XI, Padre Pio est autorisé à célébrer des messes. Rome va cependant poursuivre ses enquêtes et il faudra attendre une décision de Paul VI, en janvier 1964, pour que le capucin soit pleinement autorisé à exercer son ministère. Pendant toute sa vie, il est sujet à plusieurs phénomènes surnaturels tels que des visions du diable, de nombreuses guérisons, la bilocation ou encore la lévitation.

Soulager les âmes et les corps

En janvier 1940, Padre Pio crée un centre de soins, la Casa sollievo della sofferenza (la maison du soulagement de la souffrance), et fonde des groupes de prière afin de guérir et soulager les âmes. En 1947, l’abbé Karol Wojtyla (futur pape Jean Paul II) lui rend visite. Padre Pio lui aurait alors prédit son élection à la papauté ainsi que l’attentat dont il serait victime en 1981 sur la place Saint-Pierre.

Padre Pio meurt en odeur de sainteté le 23 septembre 1968, à l’âge de 81 ans. Homme dont la vie fut source de polémiques et dont l’Eglise s’est longtemps méfié, le Padre Pio fut cependant apprécié des derniers papes. Jean Paul II le béatifia en 1999 et le canonisa en 2002, disant alors de lui qu’il avait été «un généreux dispensateur de la miséricorde divine, disponible pour tous à travers l’accueil, la direction spirituelle et, en particulier, l’administration du sacrement de la pénitence».

En juin 2009, Benoît XVI se rendit à San Giovanni Rotondo pour rendre hommage au Padre Pio. Il le décrit alors comme un homme qui »s’offrait et offrait ses nombreuses souffrances» et qui «sut se dépenser pour soigner et soulager les malades, signe privilégié de la miséricorde de Dieu».

Le pape François voue une dévotion toute particulière au Padre Pio, que certains voient comme ›le saint François d’Assise du 20e siècle’, et il a lui-même voulu la venue des reliques de cet infatigable confesseur à Rome, durant l’année de la miséricorde. Lorsqu’il était archevêque de Buenos Aires, Jorge Mario Bergoglio a largement favorisé le développement des groupes de prière dédiés à Padre Pio. (cath.ch-apic/imedia/mg/mp)

Padre Pio, 1887-1968 | DR
3 février 2016 | 13:43
par Maurice Page
Temps de lecture: env. 3 min.
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