L’abbé Bucheli prêt à bénir à nouveau des homosexuels

La bénédiction d’un couple de lesbiennes par l’abbé Wendelin Bucheli, à Bürglen (UR) en 2014, avait fait couler beaucoup d’encre. A l’époque, le prêtre avait dû promettre à l’évêque de Coire, Mgr Vitus Huonder, qu’il ne le ferait plus. Dans une récente interview à la télévision, l’abbé Bucheli s’est cependant dit prêt à bénir à nouveau un couple de même sexe, si on le lui demande.

Raphael Rauch, kath.ch/traduction et adaptation : Raphaël Zbinden

Le reportage de l’émission Tagesschau, de la radio-télévision publique suisse alémanique (SRF), diffusé le 25 décembre 2021, a repris l’histoire du couple de lesbiennes qui a fait parler de lui dans toute la Suisse: Elisabeth Stirnemann et Marthi Kempf. En 2014, elles avaient reçu la bénédiction de l’abbé Wendelin Bucheli dans l’église uranaise de Bürglen, sur le territoire du diocèse de Coire.

«Totalement porté par Dieu»

Lors de l’entretien réunissant les deux femmes, l’abbé Bucheli et un journaliste, Elisabeth Stirnemann souligne avoir retiré du positif du tumulte médiatique: «Dans de très nombreuses familles, on a parlé de ce sujet. Les parents ont peut-être dû expliquer à leurs enfants pourquoi cela avait posé problème à l’Eglise. C’est une grande avancée que le sujet ait été mis sur la table dans de nombreuses familles».

De son côté, l’abbé Wendelin Bucheli confirme que «si une demande survient, je dirai oui». Il parle d’un «grand cadeau» et d’une «grande liberté et joie intérieures». Il déclare se sentir «totalement porté par Dieu».

Un accord valide que pour Mgr Huonder

Lors de la cérémonie de bénédiction de 2014, l’abbé Bucheli avait repris des éléments d’une cérémonie de mariage: Il avait béni les alliances, autorisé les témoins et veillé à ce que le bulletin paroissial en fasse état.

Lorsque l’évêque de Coire, Vitus Huonder, a appris la bénédiction à Bürglen, il a voulu transférer Bucheli à titre punitif. Mais cela ne s’est pas fait si facilement: le vicaire général de l’époque, Martin Kopp, s’est rangé derrière le prêtre, qui a aussi reçu un fort soutien de la population locale.

Un accord avait été trouvé en avril 2015, selon lequel le curé de Bürglen ne bénirait plus d’unions homosexuelles et respecterait l’enseignement de l’Eglise à ce sujet. De son côté l’évêque de Coire n’avait plus exigé sa démission et l’abbé Bucheli a pu rester dans sa communauté.

Dans des interviews faisant suite à l’affaire, il a déclaré avoir tenu sa promesse, mais que celle-ci ne valait que pour Mgr Huonder.

Une nouvelle ère sous Mgr Bonnemain

Or, ce dernier n’est plus évêque de Coire depuis 2019. Il a été remplacé par Joseph Bonnemain en mars 2021. Interrogé en mars par kath.ch sur ce qui se passerait si «des prêtres ouverts d’esprit comme Wendelin Bucheli bénissaient un couple gay ou lesbien», Mgr Bonnemain avait répondu: «Je leur parlerais et leur demanderais s’ils ont bien pesé leur décision». On n’obtient rien en réprimandant, avait ajouté Mgr Bonnemain: «Il s’agit pour moi de motiver, d’intégrer, d’accompagner». Selon le nouvel évêque, personne ne doit avoir peur de perdre sa missio canonica: «Nous avons affaire à un Dieu qui nous aime, qui veut nous voir heureux, qui a préparé pour nous une demeure éternelle et heureuse. Si nous voulons proclamer ce message – où est la peur?»

Mgr Bonnemain a été confronté à ce cas de figure le 10 mai 2021, lorsque l’aumônier des gays Meinrad Furrer a béni publiquement dix couples sur la Platzspitz de Zurich. Il répondait ainsi au rappel publié le 15 mars par la Congrégation pour la doctrine de la foi (CDF) selon lequel l’Église catholique n’a pas autorité pour bénir les unions homosexuelles.

Si Mgr Bonnemain avait parlé de l’action comme d’une «provocation», Meinrad Furrer n’avait cependant pas été sanctionné. (cath.ch/kath/rr/arch/rz)